BiObernai 2015 : visite de la ferme de Laurent Klein

a Dans le cadre de leur voyage au salon BiObernai 2015, un groupe de journalistes des JNE a visité la ferme de Laurent Klein à Griesheim, au nord de Strasbourg.

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par Roger Cans

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La ferme de Laurent Klein à Griesheim en Alsace @ Carine Mayo

Le samedi 12 septembre au matin, avec le minibus mis à notre disposition, Bernard Wentz nous emmène chez Laurent Klein (prononcer klaïn !), l’homme de la SAF entendu hier à la tribune du salon. En traversant le village de Griesheim, au nord de Strasbourg, nous remarquons la toiture de l’église entièrement recouverte de panneaux photovoltaïques.
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Nous commençons par visiter la vieille ferme familiale de Griesheim, où n’habitent plus que ses parents septuagénaires. Les bâtiments de la ferme, en colombages et torchis, ne sont plus utilisés depuis que Laurent Klein a déménagé sur le plateau. Mais il y a installé un magasin Tradition fermière où, avec son frère et sa sœur (commerciale), il vend les produits de l’exploitation sous forme de charcuterie ou de plats préparés, comme à la Nouvelle Douane (lire notre article ici). Il vend aussi des bananes et des citrons, et même de l’huile d’olive de Crète pour satisfaire ses 700 clients locaux (dont une colonie de Crétois). C’est donc une épicerie de village, spécialisée dans les produits frais, dont 81 % viennent de la ferme. Le magasin emploie 15 personnes et dégage un chiffre d’affaires d’un million d’euros.

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Le village de Griesheim, dont son père a été maire durant trente ans, est maintenant rattaché de fait avec deux autres villages, qui forment une agglomération de 5.000 habitants. Le quartier Le Corbusier, très recherché, est aujourd’hui occupé par des rurbains qui travaillent en ville, notamment au CNRS et chez Kronenbourg. Les vieilles fermes sont peu à peu abandonnées au profit d’immeubles de même hauteur.

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Laurent Klein, qui a passé un BTS « viande » au lycée agricole d’Obernai, se charge des élevages. En 1996, il a transféré ses installations agricoles sur le plateau, dans des bâtiments neufs, comme nombre d’éleveurs de volailles. La terre, ici, est très riche, grâce à une épaisse couche de loess, où le maïs (en Alsace, prononcer « mice », à l’anglaise) fait merveille. Les mauvaises langues disent que la terre est meilleure que ceux qui la cultivent…

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Nous visitons d’abord la porcherie, vaste quadrilatère fermé sur les quatre côtés. Ici, pas d’électricité. La lumière provient du ciel, très ouvert. Lorsqu’un camion vient chercher les porcs, ils viennent spontanément à la lumière des phares. Pas d’eau courante non plus, mais un puits doté d’une éolienne à pistons qui alimente en eau tous les bâtiments d’élevage. Le gisement d’eau a été découvert par un vieux sourcier (96 ans), venu de Saverne, là où les services départementaux niaient toute présence d’eau !

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Laurent Klein élève là 300 porcs, qu’il achète à quelques semaines et nourrit jusqu’à l’abattage. Les porcs vivent dans des boxes de 35 animaux, avec une partie couverte et une partie à l’air libre. La litière, de paille, reste propre car les porcs concentrent leurs déjections en un seul coin de leur parc. Comme les parois du quadrilatère sont toutes ajourées, l’air circule et l’on n’a pas de mauvaises odeurs.

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Les porcs sont nourris avec les produits de la ferme : maïs, blé, orge. La première année, on laboure profond pour semer le maïs, puis le blé et l’orge en semis direct. La dernière année, c’est l’engrais vert, puis on reprend le labour. Nous visitons les poulaillers, abrités derrière un talus planté de sapins pour éviter le vent. Les bâtiments ont des murs isolés par 15 cm de liège et bénéficient d’une « ventilation statique » (naturelle). Seule la poussinière dispose d’un chauffage au gaz. Les poulets au sol ont un espace d’un m2 pour cinq.

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Nous quittons le plateau d’élevage pour les serres à légumes. Le toit en plastique est isolé par une couche d’air de 50 cm. Sur une surface couverte de 7.000 m2 poussent tomates (4 m de haut !), aubergines, piments et poivrons. A l’air libre poussent haricots verts, mâche et scarole, dont le cœur est abrité sous un curieux chapeau blanc pour qu’il reste tendre.

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Laurent nous invite chez lui pour le déjeuner. Nous traversons l’atelier de céramique de sa femme et découvrons un charmant jardin plein de recoins secrets. La table est servie dehors, par un beau soleil. Crémant d’Alsace à l’apéritif. Tarte de légumes puis délicieux jambon en croûte maison (c’est lui qui fait la cuisine).

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