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COMPTE RENDU DU CONGRÈS 2015
PNR BOUCLES DE LA SEINE NORMANDE
5, 6 et 7 juin
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par Danièle Boone et Roger Cans
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Vendredi 5 juin 2015
Rendez-vous à la Tour d’Harfleur à Caudebec-en-Caux. La plupart d’entre nous sont arrivés en train à la gare d’Yvetot. Quelques-uns ont rejoint le groupe par leurs propres moyens pour partager le repas. L’après-midi est consacré aux problématiques du Parc Naturel Régional des Boucles Normandes autour des zones humides.
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Jean-Pierre Girod, président du PNR des Boucles Normandes, nous souhaite la bienvenue. Carine Mayo présente notre association, puis repasse la parole à Jean-Pierre Girod qui nous présente le parc : 89 700 ha dont 510 de zones humides, 103 067 habitants, 82 communes et une commune associée. Au départ, il était cantonné à la forêt de Brotonne, son premier nom que bien des Normands utilisent encore. Aujourd’hui, il s’étend de la métropole de Rouen jusqu’aux portes du Havre. Le parc travaille notamment avec les agriculteurs pour le maintien de l’élevage. Il dispose de trois routes touristiques, la route des fruits, la route des chaumières et la route des Abbayes. Parmi les projets 2015, l’un d’eux lui tient particulièrement à cœur : la labellisation du marais Vernier en zone Ramsar, qui devrait être effective à l’automne 2016. Parmi les actions dont il est fier, le curage de la Grand Mare du marais Vernier, la restauration de têtards à piques-prunes et l’achat de 500 ha confiés par bail à des paysans.
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Florent Bidault, chargé de mission, présente ensuite la boucle d’Anneville. C’est une zone d’extraction de granulats qui possède une richesse naturelle importante : pelouses landes, prairies bocagères et berges de la Seine. Il nous explique le projet de reconquête paysagère initié au début des années 2000, notamment avec le comblement de ballastières.
Thomas Blosseville anime la table ronde qui suit avec Véronique Lecomte (Métropole de Rouen), Régis Soenen (Grand port maritime), Étienne Fromentin (Unicem – Union des industries de carrière et de matériaux), Thierry Lecomte (ancien directeur du service du patrimoine naturel du PNR). Il est question notamment des mesures compensatoires telles que la restauration de zones humides.
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Le maire de Caudebec qui n’avait pas pu être présent à notre arrivée nous présente sa ville, 2300 habitants, située en plein cœur du Parc. Il rappelle l’histoire de la ville détruite par les bombardements. Autrefois, sa spécialité était le feutre. Le chapeau de Caudebec était porté à la Cour. Il nous invite aussi à découvrir l’Ambion, une petite rivière qui traverse Caudebec et qui a été renaturalisée. Nous constaterons plus tard que c’est une belle réussite.
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Après la pause, le marais Vernier est au programme de ces causeries. Christelle Steiner et Loïc Boulard nous en rappellent l’historique. En fait, il existe une partie tourbeuse et une partie alluvionnaire séparées par la digue des Hollandais. La Grande Mare est un étang d’origine naturelle. Les marais tourbeux sont consacrés à l’élevage plus traditionnel alors que dans le marais alluvionnaire, il s’agit d’élevage intensif. Il y a dans cette partie une forte activité cynégétique.
Le marais Vernier, site Natura 2000, est un vaste réservoir de biodiversité avec la plus grande tourbière de France. C’est un axe migratoire majeur. Lors du débat qui suit, animé par Carine Mayo, Thierry Lecomte le qualifie de monument naturel qui fait partie de notre patrimoine à l’instar des cathédrales. Autour de la table : Anne-Sophie Defonte (Communauté de communes de Quillebeuf), Jean-Pierre Flambard (Conservatoire du Littoral), Gwendal Bodilis (Agence de l’eau Seine-Normandie). On reparle de la restauration des arbres têtards, de l’évolution du marais en rapport avec le réchauffement climatique (le circaète est présent depuis quelques années, montée des eaux de 4 mm par an dans l’estuaire).
Courte balade dans Caudebec avant de rejoindre notre gîte.
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Nous nous retrouvons à 27 pour le dîner bio au « moulin » de Sainte Gertrude. En fait, le bâtiment où nous dînons et couchons n’est pas un moulin, mais une ancienne usine alimentaire, construite en 1883, qui fabriquait notamment de la moutarde. Il y avait bien une roue de moulin métallique sur la rivière, la Gertrude, qui est limpide comme un torrent de montagne, mais elle n’y est plus. Des maraîchers ont construit depuis de vilains hangars de l’autre côté de la rivière. Dommage.
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Nous sommes accueillis par le propriétaire des lieux, un original qui a beaucoup voyagé et travaillé dans l’éducation sportive. Il a acheté l’usine désaffectée une bouchée de pain et l’a transformée en gîte rural, doté de 48 lits (superposés), d’une grande cuisine et de l’immense pièce qui sert de salle à manger ou de salle de réunion. Il a bizarrement appelé son gîte « Ansgoth Moulin », en se référant à l’histoire…
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Il habite maintenant dans un charmant endroit à 25 km de là et souhaite vendre son établissement. Il affirme qu’un gîte comme celui-là, situé entre Le Havre et Rouen, à deux heures de Paris par le train d’Yvetot, est parfait pour les « événements », donc actif toute l’année. Il ne fait pas de séjours de vacances, mais accueille des groupes qui se réunissent deux ou trois jours pour une fête, un spectacle ou autre. Comme nous.
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Samedi 6 juin 2015
La journée est consacrée au terrain. Le groupe se scinde pour les deux options proposées le matin.
LA BOUCLE D’ANNEVILLE
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Rencontre avec les carriers. Nous formons un convoi de voitures pour nous rendre à Anneville, où nous attendent les professionnels des carrières, gravières et ballastières en zone humide. Au passage, nous croisons des prairies humides où paissent des vaches charolaises. Nous sommes accueillis à la carrière Capoulade par Etienne Fomentin, secrétaire général de l’UNICEM de Normandie. A gauche de la petite route où nous sommes, un lac verdoyant : c’est la zone réaménagée, bordée de roseaux et de saules, en pente douce. A droite, une installation industrielle de concassage et broyage au milieu d’immenses tas de sable, d’où partent des convoyeurs à bande : c’est la zone en exploitation. 80 % des sables et graviers extraits ici sont de qualité noble, pour la fabrication du béton (70 % de silice et 30 % de calcaire). Pour atteindre le sable, il faut décaper 1 mètre de tourbe et creuser parfois jusqu’à 5 mètres.
C’est dans ce cadre contrasté que nos hôtes répondent à toutes nos questions. La salinité de l’eau ? Les marées s’arrêtent à Aizier, un peu en aval. Le mascaret de Caudebec ? C’est fini aujourd’hui, après des travaux. Léopoldine, la fille de Victor Hugo, n’a pas été chavirée sur la Seine par un mascaret, mais par une simple vague qui a retourné la barque. A l’époque, on ne savait pas nager et les femmes portaient des robes longues à volants…
Pour qu’il y ait une crue de la Seine ici, il faut trois conditions : un fort débit, une marée haute et du vent. Les forts débits, après l’orage, atteignent 1.300 m3/seconde. A l’étiage, on descend à 350 m3/seconde. Mais l’estuaire est vite très large : 3 km entre Aizier sur la rive gauche et Lillebonne sur la rive droite. Après la crue, l’eau regagne la Seine par ce qu’on appelle des « filandres », petits filets d’eau dans les berges. Les gravières en exploitation sont à 600 m de la Seine. Ce qui nuit à l’environnement, ce sont les bateaux géants dont les remous attaquent les berges.
Un panneau à gauche indique que l’exploitant est Capoulade. « Le plan de remise en état final est consultable en mairie ». Un panneau à droite indique que l’exploitant est Lafarge. On nous précise que le convoyeur à bande approvisionne une installation à terre, pour les camions. Lorsqu’on peut approvisionner une barge à quai, on fait une économie sur le foncier, mais tout dépend du marché à fournir.
Nous marquons l’arrêt devant un relief tourmenté, en étages : le terrain a été spécialement aménagé pour le crapaud calamite, espèce emblématique. Dans une prairie voisine, un tracteur est en train de faucher. Il est suivi par une cigogne qui suit attentivement la barre de coupe, comme les mouettes derrière la charrue. Une steppe a aussi été aménagée pour l’oedicnème criard (un oiseau), à côté d’un dépôt de phosphogypse. Nous parvenons au bord d’une zone très boueuse, où un couple de cygnes fait la sieste au loin. Il s’agit d’une ancienne ballastière que l’on remblaie avec des sédiments de dragage. De la tourbe sera déposée en couverture. Auparavant, les sédiments de dragages étaient rejetés sur les berges.
Rencontre avec Frédéric Durand, agriculteur
Notre groupe a choisi la ferme de Frédéric Durand à Barneville. C’est lui qui nous reçoit et présente son exploitation. En 2000, il a acheté 120 hectares, dont 112 de prairies naturelles. Il a fait construire les bâtiments de sa ferme et élève maintenant un troupeau de 230 vaches Aubrac qu’il conserve jusqu’à la vente en boucherie. Une partie de ses terres, inondable, est classée en zone Natura 2000. A la place d’une peupleraie sans intérêt pour l’élevage, il replante des frênes têtards, qu’il taille à 2 m 20. Les vaches pourront ainsi se frotter aux troncs, se mettre à l’ombre et disposer d’un fourrage de secours en cas de sécheresse. Les têtards, ou « trognes », sont aussi un refuge de biodiversité pour insectes et oiseaux. Les saules et les peupliers abattus sont déchiquetés pour donner du paillage ou de la litière pour les chevaux en box.
Ses vaches passent tout l’hiver dehors. Elles sont ainsi en bien meilleure santé qu’enfermées. Le sol est sableux, donc léger. Le fourrage vient des prairies non pâturées. Il peut faire l’appoint avec de la luzerne déshydratée, mais il se garde du tourteau de soja. Nous allons voir les vaches, avec leurs grandes cornes et leurs beaux yeux noirs. Le taureau est costaud, mais il boite. Frédéric Durand vend chaque année entre 12 et 14 génisses. Il est en cours de conversion.
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Les deux groupes se retrouvent au village du Marais Vernier où nous déjeunons au restaurant de l’Etampage (le marquage des cornes au fer rouge). Sous la conduite de Christelle Steiner, Catherine Delannoy et Sophie Rousselet, du parc naturel régional des boucles de la Seine normande, nous empruntons la « route des chaumières » et montons jusqu’à l’observatoire panoramique de la grande boucle de la Seine. Nous avons sous les yeux la plus grande tourbière de France (2.000 hectares). Henri IV a fait appel aux Hollandais pour construire une digue. Puis une deuxième digue a été édifiée en 1870
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Deux options de visites l’après midi.
VISITE DU MARAIS VERNIER AVEC THIERRY LECOMTE
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La visite de la réserve naturelle volontaire de Thierry Leconte a été un grand moment. Il nous a expliqué comment avec sa jeune épouse, il a acheté une chaumière avec les courtils de Bouquelon, en plein marais tourbeux. En 1994, il a obtenu pour une vingtaine d’hectares, le statut de réserve naturelle volontaire. Il faut dire que la richesse est exceptionnelle : 300 espèces de plantes, dont 100 patrimoniales. Durant les trois heures de découverte qui nous parurent très courtes tant l’homme est passionnant, nous avons vu le mouron délicat, l’hydrocotyle vulgaire, la marisque, la grande douve, la potentille des marais et quelques plantes carnivores dont l’utricaire des marais et la drosera.
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Pour entretenir naturellement ses terres, Thierry Lecomte a introduit envers et contre tous, des vaches highlands. On lui avait prédit qu’elles ne s’adapteraient jamais. Aujourd’hui, elles font partie des animaux emblématiques des marais au même titre que les chevaux Camargue, les moutons Shetland et les vaches bretonnes Pie Noire. Thierry Lecomte a été un des premiers à dénoncer les effets désastreux des vaccins administrés aux bovins sur la faune du sol. Il a également proposé des nids aux cigognes de passage qui depuis viennent nicher chaque année dans ce coin de paradis.
STUDIO D ET RÉSERVE DE CHASSE DE LA GRAND MARE
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Le « Studio D » est un lieu incertain, entouré de dépôts de matériel et de matériaux à recycler. Nous y sommes accueillis par Yves Joignant, qui se présente comme agriculteur et « escargotier » (éleveur d’escargots). Il nous explique que le studio a été implanté là en 2009 pour réunir des artistes, des musiciens et des artisans. Le studio abrite un atelier de tourneur sur bois, une forge et des harmoniums de récupération. « Ici, c’est un écolieu autour de la musique ». La spécialité est la récupération et le troc. On cultive la simplicité et la décroissance. Le studio est ouvert à tout le monde, mais seulement comme lieu de rencontre et d’activité. Personne n’y séjourne. Pour résumer, on y pratique les trois A : Art, Artisanat et Agriculture (dont la permaculture).
Nous entrons dans une sorte de bar où l’on vend le cidre fabriqué avec les pommiers d’un propriétaire voisin, ainsi que toutes sortes d’objets en bois tourné. Des écriteaux insolites : « Je m’étale partout et je ferrailleur ». Dans la grande salle commune au sol de terre battue, des grappes de chaises sont suspendues au plafond. Les murs sont en paille et torchis. Les portes en bois ont été récupérées sur un chantier avant leur destruction. Toilettes sèches de rigueur. A l’extérieur, trois filles s’activent autour d’un foyer souterrain où cuisent des céramiques. Un monceau de bouteilles vides est entassé, à côté d’outils et de matériel de récupération. Les artisans ou artistes ne manqueront pas de matière… C’est ce qu’Yves Joignant appelle « la banque de matières ».
Nous terminons notre visite du marais par la réserve départementale de chasse qui possède le plus grand lac naturel du lieu, appelé La Grand’Mare. La réserve elle-même est fermée, mais on a construit une belle tour observatoire en bois d’où l’on embrasse l’ensemble du lac. Quelques cygnes et des canards colverts. Vue imprenable sur les bâtiments de la fédération des chasseurs, dont une magnifique chaumière à étages, dotée d’un observatoire tout confort. Sur le hayon arrière d’une de leurs voitures est écrit : « recensement de la faune sauvage ». D’après nos guides du parc régional, la coopération est parfaite entre les deux établissements.
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Dimanche 7 juin
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Notre hôte apporte le petit-déjeuner à 8 h 30. Matinée libre pour tous. Certains se promènent en forêt, d’autres travaillent sur ordinateur, une voiture part pour l’abbaye de Saint-Wandrille, toute proche, où des moines bénédictins chantent la messe en grégorien.
La matinée se termine pour tous par une « tartinade » en terrasse, au grand soleil. Nous apprenons l’existence du Rolot, un fromage local proche du munster et du maroilles. Vive la gastronomie normande et Bravo à Marie, qui nous a concocté de délicieux plats à base de produits locaux ! Si vous voulez découvrir ses talents, rendez-vous sur onmangequoii.com.
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LES JNE REMERCIENT LE PNR DES BOUCLES DE LA SEINE NORMANDE ET L’AGENCE DE L’EAU SEINE NORMANDIE POUR LEUR ACCUEIL ET LEUR AIDE PRÉCIEUSE.
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