par Jean-Claude Noyé |
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Nous l’avons tant attendu, ce grand texte du magistère romain sur l’écologie ! Certes, les prédécesseurs du pape François n’ont pas manqué d’exprimer leurs inquiétudes devant la destruction de la planète, dont ils ont vite pris la mesure.
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Mais leurs déclarations successives n’ont pas fait «masse». Elles n’avaient pas le caractère solennel des encycliques et leur capacité de déclencher des réactions de grande ampleur. Si le texte papal sur « La sauvegarde de la maison commune » a fait le buzz, c’est sans doute aussi en raison de son caractère engagé. Il doit son titre, Laudato Si, « Loué sois-tu » en latin, aux premiers mots d’une célèbre prière de saint François d’Assise, le cantique des Créatures : « Loué sois-tu Seigneur par tes créatures, spécialement messire frère Soleil par qui tu nous donnes le jour, la lumière … » En commençant ainsi son encyclique, le pape, qui a choisi de situer son pontificat sous l’autorité spirituelle du «Poverello» en adoptant son nom, se place résolument dans les pas de celui que Jean-Paul II a fait patron des écologistes.
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De fait, la référence à François d’Assise traverse cette encyclique de part en part. Particulièrement dans la partie finale, dans laquelle le souverain pontife appelle tous les hommes à une conversion écologique qui s’appuie sur une spiritualité non moins écologique aux accents franciscains : simplicité volontaire, attitude d’humilité dans nos relations avec les hommes comme avec la Création, efforts pour retrouver une attitude contemplative devant le monde, moins vorace, moins prédatrice.
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Le pape dénonce la culture du déchet, fait la promotion d’une société de sobriété heureuse et évoque même la nécessité « d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties ». (p. 148).
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Cela suffit-il à faire de lui un décroissant, comme suggéré ci et là ? Certes non, pour preuve sa référence fréquente au «développement durable». Un oxymore que les décroissants détestent parce qu’il est trop lourd d’ambiguïtés. De même, le pape reste plus qu’ambivalent sur les OGM, n’aborde pas la question du nucléaire, dénonce la toute-puissance de la techno-science tout en faisant la promotion des sciences. Ajoutons qu’il s’oppose au contrôle des naissances comme réponse appropriée à la crise écologique et qu’il réaffirme (sans s’attarder) son opposition à l’avortement. Bref, comme écologiste de longue date, on peut rester sur sa faim.
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Faut-il pour autant bouder notre plaisir ? Sûrement pas, car la tonalité globale du texte papal reste celle d’une dénonciation plutôt radicale des errances de la société de consommation, sur fond de dénonciation du capitalisme financier et d’appel vibrant à entendre tant le cri des pauvres que celui de la Terre. Une invitation expresse à comprendre « l’urgence et la nécessité d’un changement presque radical dans le comportement de l’humanité » (page 5).
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Gageons qu’il sera entendu, des simples fidèles comme de la hiérarchie catholique qui, au lieu d’avoir une longueur d’avance en matière d’écologie, a, hélas, une longueur de retard. Il est vrai qu’elle revient de loin, toute marquée qu’elle a été pendant des décennies par le mythe du progrès et le modèle productiviste. Pour preuve, l’appui constant de l’ancienne JAC (Jeunesse catholique agricole) à la PAC (politique agricole commune) et à son cortège de destructions.
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Autant dire que les chrétiens doivent encore faire leur révolution culturelle. C’est pour les y aider que l’hebdomadaire La Vie et le diocèse de Saint Etienne organisent dans cette ville, les 28, 29 et 30 août 2015, les deuxièmes Assises chrétiennes de l’écologie. L’occasion de donner la parole à des théologiens, philosophes et journalistes d’investigation. Mais aussi à des militants de base – croyants ou non – qui feront part, dans plus de 80 forums, de leurs actions concrètes pour la « Sauvegarde de la maison commune ». Un rendez-vous dont on aimerait qu’il marque durablement les esprits. Comme le fit le précédent.
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Membre des JNE, Jean-Claude Noyé est journaliste à La Vie et co-organisateur des Assises chrétiennes de l’écologie.
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Le texte intégral de l’encyclique en français : http://w2.vatican.va/content/dam/francesco/pdf/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si_fr.pdf
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Le programme des Assises chrétiennes de l’écologie
rencontres-ecologie-2015.assises-chretiennes.fr/assisces_chretiennes/Assises.html
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Pour s’inscrire aux Assises chrétiennes de l’écologie
rencontres-ecologie-2015.assises-chretiennes.fr/assisces_chretiennes/Inscriptions.html
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