Les femmes dans le combat pour le développement durable

Le 3 mars, c’était la Journée africaine de l’environnement. Elle est passée inaperçue en Algérie. Cette Journée aurait pu être l’occasion d’un hommage à la Kényane Wangari Maathai, une militante écologiste qui a été désignée prix Nobel de la paix 2004, pour récompenser son combat en faveur de la protection de l’environnement, du développement durable et de la démocratie.

 

par M’hamed Rebah

 

Wangari_Maathai
Wangari Maathai

Wangari Maathai a mis en œuvre un programme qui a permis de planter 30 millions d’arbres dans le cadre du reboisement comme facteur de sécurité alimentaire et de développement durable. Elle avait fondé en 1977 le Green Belt Movement (le Mouvement de la ceinture verte) pour défendre les forêts, menacées par la spéculation immobilière. Son combat non-violent lui a valu d’être à plusieurs reprises emprisonnée, battue par la police avec les militants de son mouvement. En 2002, elle a été vice-ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles. Wangari Maathai est décédée le 25 septembre 2011 à l’âge de 71 ans des suites d’un cancer. Elle a été surnommée affectueusement « mama miti », la maman des arbres en swahili.

 

Son mouvement s’était opposé avec succès à des projets de déforestation en résistant à la forte pression des promoteurs et des investisseurs dans le domaine du tourisme qui veulent développer les parcs animaliers au détriment des ressources naturelles et des forêts. Ce n’était pas par rejet aveugle de cette activité économique, mais Wangari Maathai voulait que les projets touristiques respectent le principe du développement normal et ne bouleversent pas la région. Son souci était de protéger les ressources naturelles et de défendre les droits des populations à les exploiter. Elle a réussi à mobiliser les femmes kenyanes dans la lutte pour protéger les forêts face à des projets d’exploitation anti-écologiques. Depuis 2012, la Journée africaine de l’environnement a été baptisée Journée Wangari Maathai.

 

Le combat des femmes pour l’environnement a été mis en évidence, en Algérie, d’une façon totalement inédite, par la présence féminine massive dans le mouvement de contestation des activités d’exploration du gaz de schiste à In Salah. Il ne s’agit pas de femmes qui font partie habituellement de l’élite qui milite dans les partis politiques et dans les associations, mais de femmes simples, dirait-on, qui sont là auprès des hommes et des enfants pour donner plus de poids aux actions initiées par les jeunes qui, eux, sont organisés dans des associations écologiques.
Le 8 mars, peut-on lire dans l’édition du 9 mars 2015 de Reporters, «les femmes ont marché en masse aux côtés des hommes pour dire non au gaz de schiste et pour la poursuite de la protestation quelle que soit la conjoncture. Une femme a pris la parole à la place de la Résistance pour demander à l’assistance de rester mobilisée jusqu’à la satisfaction de leur revendication, à savoir l’arrêt de toute activité de gaz de schiste à In Salah et ailleurs. A Tamanrasset-ville, des centaines de personnes, dont beaucoup de femmes, ont marché dans les rues pour apporter leur soutien aux citoyens d’In Salah ». Cette région n’arrête pas de surprendre ceux qui ne la connaissent pas : à la pointe du combat écologique anti gaz de schiste, In Salah est également un exemple en matière de participation de la femme aux luttes pour le développement durable.

 

Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters.