Voici la lettre de démission adressée le 19 novembre 2014 par Yves Paccalet (membre des JNE mais s’exprimant bien sûr ici à titre personnel) au groupe Europe-Écologie-les-Verts & Apparentés de la Région Rhône-Alpes.
par Yves Paccalet
Je suis venu te dire que je m’en vais.
Nous mènerons évidemment d’autres combats écologiques ensemble, mais je quitte le groupe EELV et Apparentés à la Région, après m’être démis du parti EELV en 2013.
J’avais suggéré que le groupe se prononce sur mon « cas ». Je reçois une lettre dans laquelle les deux co-présidents me demandent de décider seul.
J’assume les critiques que j’ai formulées. Elles sont restées sans effet. J’apporterai donc à un autre groupe politique régional l’expérience de mes quarante années d’écologie naturaliste, politique, poétique et philosophique…
Je rappelle brièvement quelques-unes des raisons qui font je ne me sens plus chez moi à EELV, alors que j’y étais entré en 2010, dans la belle et prometteuse séquence d’ouverture et de créativité initiée par Dany Cohn-Bendit.
Je regrette qu’EELV se soit refermée comme une huître sur un règlement intérieur abscons et un socle idéologique « rouge-vert », voire plus rouge que vert.
Je déplore qu’EELV se soit mise au service d’un petit nombre de dirigeants opportunistes et arrivistes, au premier rang desquels figure Cécile Duflot.
Je suis navré qu’en servant la carrière de cette dernière et de sa camarilla, EELV se soit laissée aller à une politique de gribouille, incompréhensible pour les électeurs, et qui se résume ainsi : un jour ministre, le lendemain ennemie du gouvernement.
Je suis triste d’assister à la groupusculisation d’EELV, dont l’essentiel des prises de position et du militantisme actuel consiste à plagier les mots d’ordre de Mélenchon, du Front de gauche et des mouvements gauchistes.
Je n’aime pas qu’en dehors de la question du climat et de quelques slogans anti-nucléaires basiques, EELV néglige les fondamentaux de l’écologie, comme la protection de la nature et des espèces sauvages. Je me sens bien seul à défendre l’ours et le loup.
Je ne supporte pas qu’en matière de politique étrangère, 90 pour 100 des interventions d’EELV se résument dans ce slogan : « Israël assassin ! » Je caricature à peine.
Je déteste voir certains militants EELV, approuvés par la majorité des leurs, se retrouver dans des manifs non loin du drapeau des Frères musulmans du Hamas, ces amis déclarés des égorgeurs de Daech.
Je suis mal à l’aise lorsque, par l’intermédiaire de ses co-présidents, le groupe EELV & Apparentés se scandalise qu’on accueille un congrès du CRIF (Conseil représentatif des Institutions juives de France) dans les locaux de l’Assemblée régionale. On quitte ici le champ politique (légitime) de l’antisionisme pour frôler celui (insupportable) de l’antisémitisme.
En politique intérieure, pour clore ce résumé de mes doléances, je n’ai aucune envie de voir EELV commettre l’erreur stratégique dans laquelle elle donne actuellement (comme, du reste, les « frondeurs » du Parti socialiste et les autres groupuscules gauchistes) : ne pas comprendre que le « Hollande bashing » (on se croit malin !) conduit inéluctablement à un second tour de la présidentielle 2017 entre la droite et l’extrême droite. Je crains par-dessus tout de devoir voter Sarkozy pour m’épargner Le Pen…
Si elle veut conserver une chance de qualifier un candidat en « finale », la gauche n’a d’autre solution que de se rassembler d’urgence. De recommencer à travailler d’un même cœur, malgré les divergences. De montrer un enthousiasme, un plaisir de la fraternité retrouvée et une volonté de gagner qui fédèrent et entraînent les énergies.
Je ne laisserai personne me convaincre qu’en soutenant une stratégie politiquement suicidaire, je pourrais préparer des lendemains qui chantent.
Par conséquent, je vais chanter ailleurs…
Post scriptum : je ferai vite connaître le groupe politique que je rejoins à la Région Rhône-Alpes, au titre d’« apparenté ».