Une chaîne de télévision algérienne privée a révélé, tout récemment, que l’étude d’impact du projet d’exploitation du gaz de schiste annoncé par les autorités, n’est pas encore prête.
par M’hamed Rebah
Selon la loi algérienne, aucune activité réputée polluante et dangereuse ne peut commencer si ce document n’a pas été signé par l’autorité compétente en la matière, c’est-à-dire, dans ce cas précis, la ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement.
Les écologistes et, d’une façon plus générale, les opposants au gaz de schiste sont légitimement inquiets devant les risques potentiels, sur l’environnement et la santé, des produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique mise en œuvre pour l’exploitation du gaz de schiste. Cette crainte est renforcée par les informations, vraies ou fausses, sur les accidents de pollution survenus aux Etats-Unis, un pays présenté par les pro-gaz de schiste, pour les besoins de leur cause, mais visiblement sans convaincre personne, comme l’exemple parfait à suivre en la matière. L’obligation légale de l’étude d’impact est incontournable.
Le niveau de conscience écologique reste, en Algérie, encore faible, en tout cas très insuffisant chez certains responsables qui ont la prérogative de décider pour les autres et savent qu’ils n’ont de comptes à rendre à personne, encore moins à la population concernée par leurs décisions. Chez les détenteurs de la «chkara» (le fameux pouvoir de l’argent) qui font la chasse au moindre espace vert pour en tirer le maximum de profit au détriment des riverains et souvent même de la loi, cette conscience écologique est tout simplement absente.
Heureusement, le vide «écologique» chez ces responsables et dans cette catégorie de « promoteurs », est compensé par un cadre juridique quasiment parfait, dont fait partie l’étude d’impact sur l’environnement. C’est un des principaux éléments du dispositif de protection contre les nuisances qui accompagnent les activités polluantes. L’étude d’impact est imposée par le chapitre 4 de la loi du 19 juillet 2003. Cette disposition est-elle toujours respectée, et quand elle l’est, les études d’impact sont-elles réalisées avec le sérieux dû à l’impératif de protéger l’environnement et les riverains contre les nuisances diverses ? Une mauvaise étude d’impact est-elle sanctionnée ? Ce n’est pas évident.
Il arrive tout de même que les choses marchent bien. En mars 2013, deux unités industrielles dont les activités ont été jugées polluantes ou dangereuses pour l’environnement ont été fermées pour non respect de la réglementation à Annaba, au nord-est du pays. Elles n’ont pas effectué l’étude d’impact légale préalable à leur entrée en fonctionnement. La décision de fermeture a été prise par la commission de wilaya chargée de la surveillance et du contrôle des installations industrielles classées.
Contre-exemple : personne ne sait si le programme de constructions de tours commerciales avec des parkings en-dessous, qui ouvrent la voie à des activités très juteuses, a fait l’objet des études d’impact que la loi algérienne impose, dans les cas où cette disposition s’applique (en fonction de la superficie bâtie et de la capacité du parking, notamment). Les pouvoirs publics ont choisi, comme c’est la méthode des responsables depuis longtemps, d’agir en aval, c’est-à-dire quand le problème devient inextricable, et non pas en amont, dans la prévention.
Le problème de la circulation automobile doit avoir sa solution, écologique mais surtout rationnelle, comme cela se fait dans tous les pays, par le développement du transport en commun. Cela a été rappelé très opportunément par les chercheurs réunis, il y a quelques jours, en séminaire à Batna à l’initiative du laboratoire « Management-Transport-Logistique » de la faculté des sciences économique de l’université de cette ville.
Les habitants des cités et des quartiers ont besoin d’espaces verts. D’ailleurs, les espaces verts sont encouragés par la loi qui, au contraire, n’a jamais imposé que l’on construise des tours commerciales et des parkings souterrains à l’intérieur des cités résidentielles.
Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters (20 octobre 2014).