Au cours de leur voyage en Alsace effectué lors du salon BiObernai, les JNE ont visité le 13 septembre 2014 une entreprise originale, Gripple, installée à Obernai.
par Roger Cans
Le samedi 13 septembre commence par la visite d’une entreprise d’origine anglaise, Gripple, installée à Obernai (Bas-Rhin) depuis 2005.
En fait, il s’agit d’un centre de stockage et de diffusion de produits fabriqués en Angleterre à Sheffield, la capitale du couteau et des aciers spéciaux.
Le fondateur de Gripple (de l’anglais grip, serrer, attacher) est un fils de pasteur, Hugh David Facey, qui possède une entreprise de clôtures.
En 1988, il a une idée simple mais géniale : il conçoit un système pour rabouter deux fils de fer sans avoir à changer la clôture. Ce système, un tendeur-rabouteur à galets auto-bloquants, pas plus gros qu’un dé à coudre, lui vaut le premier prix du concours Lépine en 1990.
Pendant la première décennie, Gripple a pour marché l’agriculture et aujourd’hui la viticulture en Alsace. Gripple vend en Australie des appareils capables de tendre 100 mètres de fil.
Mais un nouveau marché s’est ouvert : le bâtiment. Grâce à son petit tendeur-rabouteur, Gripple est devenu incontournable pour tout ce qui est suspension dans un bâtiment : suspension des gaines dans les faux plafonds, chemins de câbles, suspension des tuyaux ou des luminaires, haubanage, etc. Le grand avantage est sa légèreté : lorsqu’il faut 120 kilos de matériel classique, Gripple fournit le même service pour 20 kilos seulement.
Mais l’originalité de Gripple est ailleurs. Le fils de pasteur a voulu créer une entreprise exemplaire, fondée sur ce principe : « Les « membres » et leur bien-être sont plus importants que le rendement du capital ». Autrement dit, les personnes qui travaillent chez Gripple (35 à Obernai) ne sont pas seulement des employés ni des salariés, mais aussi des membres d’une grande famille, où le travail n’est pas une aliénation mais un bonheur de vivre. Les locaux de Gripple à Obernai, ultra-modernes, plaident en ce sens. Les bureaux, en open space comme il se doit, sont émaillés de mots d’ordre roboratifs inscrits sur les murs. On recommande le sourire, la concertation et la joie par le travail. « Le profit n’est pas un objectif ». « Toujours se remettre en question ». « Un minimum de règles et de normes ». « Droit à l’erreur ». « Devenir un exemple, un modèle ». Au mur est accrochée une cloche qui sonne dès qu’une commande atteint les 2.000 euros. Les membres peuvent se détendre dans une salle où sont installés un billard, une table de ping-pong et une cible de fléchettes. Ils peuvent aussi faire un brin de sieste (20 minutes) dans une salle obscure avec deux chaises longues.
Le fondateur de la maison n’a eu qu’une exigence : que tous les membres deviennent actionnaires et que la société ne soit pas cotée en Bourse, afin de rester indépendante. Le ticket d’entrée est de 1.000 euros, afin que personne n’ait plus de 5 % du capital. Les profits servent d’abord à l’investissement, mais un tiers est distribué en dividendes aux actionnaires, tous de la maison. Un pour cent est distribué aux œuvres caritatives. Les VRP ne touchent pas de primes. Les dividendes sont également répartis entre tous. Le directeur général est élu par un comité de direction émanant du vote des membres. Gripple compte aujourd’hui 500 personnes établies en Grande-Bretagne, en France, aux Etats-Unis (Chicago) et en Inde (New-Delhi). La société propose 3.000 références. Il existe en France plus de 1.000 points de vente, mais pas aux particuliers. L’innovation, comme à l’origine avec le rabouteur de clôture, vient de la solution proposée au problème d’un client. Gripple Obernai compte deux chercheurs. Les autres se trouvent à Sheffield. La visite se termine par un déjeuner à l’espace restauration, très convivial.
Cet article a été réalisé dans le cadre du voyage JNE au Salon BiObernai 2014.