Après Nantes (France) pour 2013, Copenhague (Danemark) pour 2014 et Bristol (Royaume-Uni) pour 2015, Ljubljana, capitale de la Slovénie, s’est vue attribuer, en juin dernier, par la Commission européenne le titre de « Capitale verte européenne 2016 ».
par M’hamed Rebah
Ljubljana, ville de 283 000 habitants, est ainsi récompensée pour sa contribution à la protection de l’environnement. Le jury l’a choisie après une évaluation sur la base de douze indicateurs : la contribution locale à la lutte contre le changement climatique planétaire, le transport local, les espaces verts urbains, le bruit, la production et la gestion des déchets, la nature et la biodiversité, la qualité de l’air, la consommation d’eau, le traitement des eaux usées, l’éco-innovation et l’emploi durable, la gestion de l’environnement par les pouvoirs locaux et la performance énergétique. En résumé, ce qui est examiné, c’est ce qui est fait par la ville pour améliorer la qualité de la vie de sa population en tenant systématiquement compte de l’environnement dans l’aménagement urbain.
Les responsables locaux qui voudraient savoir en quoi consiste une bonne politique urbaine devraient aller visiter Ljubljana et s’inspirer de son exemple pour le traduire chez eux. Ils ne perdraient pas leur temps, et pourraient profiter de l’expérience en matière de politique de gestion des déchets urbains en prenant connaissance de ce qui est envisagé à Ljubljana qui a rejoint, avec trois autres villes de Slovénie, le réseau Zero Waste Europe, dont l’objectif est de réduire les déchets et le gaspillage et de favoriser le recyclage.
Les agences de presse nous font savoir que Ljubljana a adopté en juillet 2014 « une stratégie dite zéro déchets à l’horizon 2035, la ville se fixant pour objectif de réduire la quantité annuelle de déchets résiduels par habitant à 60 kg, de limiter la quantité de déchets mis en décharge à 30 kg, et d’augmenter le taux de recyclage à 75 % ».
Le système adopté en Europe ressemble à un jeu d’enfants dans une cour d’école. Il s’appelle l’économie circulaire et consiste à faire du déchet de l’un, la ressource de l’autre, ce qui aurait pour avantage de « faire plus et mieux avec moins » ; « plus et mieux » en produits et en cadre de vie et « moins », en ressources comme l’eau et l’énergie qui deviennent rares et couteuses.
En prenant cette voie, l’Europe compte, en 2020, arriver au recyclage de la moitié des déchets ménagers et éliminer les décharges. Les premiers à être mobilisés pour une telle politique, si l’Algérie venait à l’adopter, seront à coup sûr tous les riverains des centres d’enfouissement technique (CET), qui souffrent de leurs effets indésirables : odeurs nauséabondes des déchets et bruit et rejets gazeux des camions qui ramènent les ordures.
Nos élus seraient également bien inspirés d’aller faire un tour en Autriche qui est, dit-on, l’exemple à suivre pour ce qui est de « zéro déchet ». Ils pourraient se convaincre que ce qui est fait dans ce pays est à la portée de n’importe quel autre, comme le système de collectes bimensuelles qui permet de récupérer directement chez les consommateurs leurs emballages vides. Mais pour y parvenir, il faut passer le test du « zéro déchet » autour des établissements scolaires. Un bon défi pour les ministres de l’Education nationale et de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, si les élus locaux acceptent de jouer le jeu.
Autre pays à visiter, le Burkina Faso où, à partir du 1er janvier 2015, l’importation, la vente et la distribution des emballages plastiques non biodégradables, autrement dit les sachets plastiques, seront interdites. C’est la façon adoptée par ce pays africain pour « réduire la quantité ou la nocivité des déchets produits, en intervenant à la fois sur leur mode de production et de consommation». Dans ce pays, on appelle cela la « prévention des déchets ».
L’économie de ressources et la prévention sont des notions inconnues en Algérie, où la bahbouha (aisance) financière fait tourner les têtes vers le « tout équipement » : barrages et stations de dessalement pour l’eau, centrales électriques pour l’électricité, CET pour les déchets…
Cet article a été publié dans le magazine algérien Reporters.