BiObernai 2014 – le Port autonome de Strasbourg et l’écologie industrielle

Du 12 au 14 septembre, les  JNE ont effectué un voyage en Alsace à l’occasion du Salon BiObernai 2014. Première étape : le Port autonome de Strasbourg.

 

par Roger Cans

 

Port Strasbourg
Didier Dieudonné, directeur général délégué du Port de Strasbourg, reçoit un groupe de journalistes des JNE – photo Carine Mayo

 

Parti de Paris par un beau soleil, notre groupe JNE arrive à Strasbourg sous la pluie. Mais cela n’a guère d’importance car le programme du 12 septembre se déroule en salle. Nous sommes accueillis à la gare par Bernard Wentz, toujours aussi chaleureux, et une nouvelle, Christine Lollier-Brassac. Ils nous accompagnent en car au PAS, le port autonome de Strasbourg, qui se lance dans « l’écologie industrielle » depuis septembre 2013. Nous sommes accueillis par le directeur général délégué, Didier Dieudonné, qui brosse un tableau complet de l’entreprise. Pourquoi « autonome » ? Parce qu’il l’est financièrement, avec deux actionnaires publics : l’Etat (50 %) et la ville de Strasbourg (50 %). C’est le dernier port autonome de France.

 

Le directeur souligne la situation privilégiée du PAS, « au centre de l’Europe », au bord du fleuve « le plus utilisé d’Europe » (300 millions de tonnes par an), et relié à un nœud ferroviaire qui permet la bascule du fret en cas de navigation difficile (les crues de juin avec la fonte des neiges, les basses eaux qui obligent à moins charger les barges, le gel parfois). Avec ses 320 entreprises et ses 10.000 salariés, le PAS est le deuxième port fluvial après Paris.

 

Depuis 1926, il dispose d’une zone industrielle de 1.000 hectares, par où transitent 8 à 9 millions de tonnes (sur le fleuve) et 2 millions de tonnes (sur le rail). Le PAS a trois missions : La valorisation du domaine public de 700 hectares, qui est sa propriété. L’exploitation commerciale du port. Le transport des passagers. La ville de Strasbourg figure en effet parmi les 30 premières attractions touristiques de France. Son service Bateaurama transporte 800.000 touristes par an. La navigation touristique sur le Rhin draine 150.000 passagers par an.

 

Le fret est essentiellement céréalier. Mais les barges à conteneurs transportent de tout : ce peut être un conteneur de bibles pour l’Afrique ou des produits dangereux qui sont contrôlés par les douanes au scanner (ils ont priorité aux écluses). Il y a des navettes quotidiennes qui font Anvers/Bâle et Rotterdam. La moitié du transit de Strasbourg est pour l’exportation. Mais ce n’est pas équilibré : 70 % transite par la route, 20 % par le fleuve et 10 % par le rail. Et pourtant, le PAS est propriétaire de 100 km de voies ferrées, reliées au réseau SNCF.

 

Seul avantage du transport fluvial : son prix. Une barge peut transporter de 300 à 400 conteneurs, au prix de 250 euros pièce. Un train est limité à 80 conteneurs, à 400 euros l’un. Un conteneur sur camion revient à 800 euros, mais il est livré dans un délai de 10 à 15 heures. Par le rail, il faut compter 24 heures. Par le fleuve, c’est de 36 à 40 heures. Sur mer, un conteneur standard, qui peut transporter un million de « majorettes » (voitures miniatures), revient à seulement 2.500 euros entre l’Asie et l’Europe.

 

On en vient à la politique de « développement durable en lien avec le territoire ». Elle revêt plusieurs aspects. Le PAS s’efforce de renforcer ses liens avec la vie urbaine, de favoriser le déplacement des salariés (covoiturage), de privilégier les emplois de proximité et donc de recruter au plus près des riverains. Déjà, 60 emplois ont été créés chez les « voisins » (insertion, CDD ou CDI). Le PAS s’efforce de réduire sa consommation d’énergies et de matériaux. Il recycle les déchets de la ville. Une question est posée sur les sites Seveso. Il s’agit surtout du port pétrolier, approvisionné par barge et par l’oléoduc de Fos. Mais la raffinerie est arrêtée. Les autres sites, concentrés au même endroit, sont un site de stockage de Bolloré et une usine TREDI (traitement des déchets industriels).

 

La politique « Ecologie industrielle » a été conçue par le groupe Idée Alsace, un réseau de chefs d’entreprise décidés à économiser l’énergie. Le réseau compte 15 entreprises partenaires. L’une d’elle, Blue Paper, est représentée par Karima Chakri, qui la présente. Blue Paper est l’héritière lointaine de la STRACEL (Cellulose de Strasbourg, créée en 1936). La STRACEL a longtemps fabriqué du papier par cuisson du bois, dont l’odeur incommodait le voisinage selon les vents. Un consortium belgo-allemand a racheté l’entreprise, qui n’utilise plus de bois mais du papier recyclé, pour fabriquer du carton ondulé. Blue Paper récupère chaque année 400.000 tonnes de papier et produit 300.000 tonnes de carton ondulé. Le personnel de l’usine est passé de 260 salariés à 135. La démarche la plus écologique concerne l’énergie : les chaudières à gaz sont alimentées pour moitié par le biogaz provenant des matières récupérées. Du biogaz est même fourni aux entreprises voisines.

 

Une autre entreprise, SIL FALA, est présentée par Frédéric Pitrois. SIL FALA est l’acronyme de la Société Industrielle des Levures et de l’ancienne Fabrique Alsacienne des Levures et Alcools. Cette société, dont le siège est à Lille, fabrique chaque année 95.000 tonnes de levure, à la fois pour les industriels et les particuliers. Cette levure entre dans la fabrication de deux pains sur trois en France et de deux pains sur cinq en Allemagne. SIL FALA s’est installée au port autonome en 1970. En 1980, elle a commencé à récupérer la chaleur de l’incinération de ses déchets. Sa matière première, la mélasse de betterave, arrive par barge des Pays-Bas. En projet, la méthanisation par géothermie.

 

Membres des JNE présents : Roger Cans, Myriam Goldminc, Suzanne Körösi, Carine Mayo, Jean-Claude Noyé, Magali Reinert, Françoise Tondre, Richard Varrault.