Dans le Cher, une mortalité anormale des castors sur l’axe ligurien inquiète les associations naturalistes locales.
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par Danièle Boone
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Habitué à descendre la Loire en canoë, Yvan Thibaudat, de Loire Nature Découverte, comptait chaque année 3 ou 4 cadavres de castors. Mais cette année, au dixième cadavre découvert, il a suspecté un problème et alerté l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage). Tous les naturalistes qui arpentent le Bec d’Allier ont fait la même constatation : les chantiers des rongeurs étaient bien moins actifs. La famille que je suivais personnellement a été réduite à un seul individu dès avril. Ce dernier a visiblement disparu en août. Après en avoir trouvé un, mort sur une grève du Bec d’Allier, Alain Favrot, vice président de Nature 18, a recherché des indices d’activité habituellement très nombreux au Bec en différents endroits. Il n’a trouvé que quelques baguettes fraîchement écorcées au nord de l’étang le plus en amont de la carrière, c’est tout ! Il a également été trouvé un cadavre dans la Réserve Naturelle Nationale du Val de Loire.
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A ce jour hélas, le mystère demeure entier. Selon l’ONCFS, les cadavres trouvés n’étant pas assez frais, aucune analyse n’a pu être réalisée. Pour François Moutou (JNE), épidémiologiste et mammologiste, « il est dommage que ces cadavres n’aient pas été conduits vers le laboratoire départemental d’analyse vétérinaire pour faire faire une autopsie. Un traumatisme reste visible sur un cadavre un certain temps et certaines molécules chimiques (cas d’empoisonnement volontaire ou non) restent décelables également quelque temps. »
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Christophe Renaud, de l’ONCFS, se veut rassurant : « Les conditions ont été très particulières cette année. Avec les crues en plein été, certains castors ont pu être noyés dans les terriers ou bien les terriers ont été fragilisés. Les castors ont peut-être quittés l’axe ligurien pour se réfugier en amont. Bien sûr, ce ne sont que des hypothèses. »
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Les castors sont réapparus dans le département du Cher vers 1985 à la suite des réintroductions réalisées dans le Loir-et-Cher. Les premiers recensements datent de 1990-1991. Depuis, leur expansion est continuelle. Ils ont colonisé de nombreux affluents jusqu’en Champagne berrichonne. Depuis 2001, on les trouve sur l’axe Cher à Quincy, Saint-Florent, Villeneuve… et chaque année, y compris en 2014, des indices de présence dans un nouveau lieu sont découverts. D’après Christophe Renaud, il est probable qu’un jour, on les trouve sur toutes les rivières du département.
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La pression des observations est particulièrement forte sur l’axe ligérien. C’est sans doute pourquoi ce phénomène inquiétant qui préoccupe les associations naturalistes du département a été rapidement détecté. Il serait sans doute bon de savoir si, sur le reste du département, tout va bien. Un appel a été fait par Nature 18 auprès de ses adhérents pour qu’ils fassent part de leurs observations via sa base de données Visionature.
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