Voici le « coup de gueule » d’une journaliste des JNE contre la pollution sonore qui n’épargne hélas pas nos campagnes et nos parcs…
par Florence Faucompré
Le dernier camping « aire naturelle « chez une fermière trouvé en septembre dernier où ma caravane a été tirée s’approchait vraiment de mon idéal de vie dans une nature semi-sauvage (pâture parsemée de lapins, haies lyriques regorgeant d’oiseaux et de chants).
Hélas ! J’ai déchanté assez vite..
Car si la fermière avait bel et bien une basse-cour et un verger pour son cidre, elle avait aussi une grange – pour mon mal-être. Car devinez à quoi sert sa grange ? C’est une boîte de nuit privée.
Dès le vendredi soir, techno garantie décibels maximum, jusqu’à 3 heures du matin. J’ai subi ce supplice d’heure en heure. N’ayant pas été prévenue, je croyais qu’il s’agissait d’une fête d’anniversaire. Au très petit matin, les dizaines de jeunes très bruyants ont envahi les caravanes alentour pour y « dormir ». Bien sûr, ma nuit fut totalement blanche, et la journée qui suivit, je somnolai.
Quand je revins fin juin, tel un oiseau migrateur, à mon refuge champêtre, je suis prête à revendre illico la caravane quand j’entends la fermière déclarer : »Ah ! J’ai oublié de vous prévenir (sic) de dormir ailleurs vendredi soir et samedi soir parce qu’il va y avoir la fête… » La coupe est pleine : la vie sauvage se mue en chambre d’hôtel ! Tout cela coûte plus cher que prévu. (Mais je découvre les merveilleux hébergements pour pèlerins…)
« L’aire naturelle » n’est donc pas de tout repos : vérifiez avant de partir qu’elle ne cache pas une boîte de nuit ! Le silence n’a plus cours, surtout à la campagne.
Par exemple, si vous avez la folle ambition de pique-niquer dans le silence : dans un parc naturel en Ile-de-France à midi. A peine installé sur l’herbe, voyez venir deux soldats anti-herbes, harnachés de casques performants. Vous n’existez pas. Seuls les ordres comptent. Ils les appliquent avec zèle : ils viennent pulvériser l’herbe du chemin jusqu’à vos pieds ! Bruit assourdissant garanti.
Comme moi, vous pouvez vous mettre en colère, et avec un peu de chance, ils ôtent leurs casques pour déclarer qu’ils reviendront dans une heure…
Vous avez l’appétit coupé ? Moi aussi. Les tortionnaires du silence, bien à l’abri du bruit, reviendront vous arroser de stress.
Mieux vaut quitter cette nature attaquée de toute part par le bruit des engins et de la techno.
Le silence n’est pas médiatique.
Il ne coule plus que dans les monastères.