Des chiens de traîneau du cinéaste pipole avaient déjà été abattus cet hiver par un éleveur exaspéré par leurs attaques, mais ça n’a rien changé. Ces faits divers soulignent à quel point les politiques et les médias sont focalisés sur les loups, et oublient les vraies difficultés de l’élevage ovin.
par Marc Giraud
En tout, plusieurs dizaines de brebis ont été massacrées par les chiens de Vanier. Ce nouvel incident s’est déroulé le 3 juin dernier, près du camp du cinéaste dans le Vercors (Drôme), avec cette fois-ci neuf victimes. En juin 2012, six brebis et cinq agneaux avaient été tués par deux chiens de traîneau fugitifs appartenant à Nicolas Vanier. L’éleveur, découvrant le carnage, avait abattu les chiens dans la bergerie même. En décembre 2013, deux toutous s’échappaient à nouveau du camp de Vanier. Leur fugue s’était soldée par le massacre de deux brebis et plusieurs autres blessées, toujours dans cette même bergerie du Vercors. À chaque fois, des promesses avaient été faites. Mais cela n’a visiblement pas suffi.
Dans le département des Alpes de Haute-Provence, sur les 27 dernières attaques sur des troupeaux, la responsabilité du loup n’a été écartée que 11 fois, suite à des constats dressés par des experts. Et lorsque dans 80 % des cas, l’expertise ne détermine pas avec certitude le responsable de la prédation, alors, au bénéfice du doute, l’attaque est systématiquement imputée au loup. Cela permet alors aux éleveurs d’être indemnisés, mais du coup cela fait aussi remonter de façon très importante les statistiques de dégâts de loups. En découlent alors les conséquences financières que cela implique, avec les décisions de tirs de loups injustifiables, délivrées par les préfets. Rappelons que les chiens divagants font bien plus de dégâts que les prédateurs sauvages, et que 500 000 brebis de réforme sont abattues et brûlées chaque année, chiffre sans commune mesure avec les dégâts des loups.
Pour les dégâts de Vanier, ça ne date pas d’hier. Voir « controverse » dans son portrait sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Vanier
Chaque année, les adhérents de l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS) élisent le personnage qu’ils apprécient le plus ou le moins pour leurs actions vis-à-vis de la nature. Positif, le Trophée de plume 2012 revient à Paul Watson, le pacifique destructeur de baleiniers. Nicolas Vanier a reçu quant à lui le Trophée de plomb pour son attitude anti-écologique, les représentants de cette association lui reprochant la position qu’il a prise sur les loups dont les bergers sont victimes. Pour 65 % des adhérents de l’ASPAS, Nicolas Vanier se sert de l’image sympathique de l’explorateur pour suivre une carrière médiatique et opportuniste. Car derrière cette image se cache selon eux un fou de chasse, prenant des positions anti-écologistes révoltantes. Soutien au lobby des chasseurs de phoques, affirmations anti-scientifiques, comme dans son film Le dernier trappeur (« il n’y aurait pas tant d’animaux s’il n’y avait pas de chasseurs »…), conditions de tournage déplorables pour les bêtes sauvages et domestiques exploitées dans son film Loup, construction d’un camp touristique sur une zone protégée du Vercors, attaques de ses chiens de traîneau sur des animaux.