Un quartier en mouvement à Totnes (Angleterre)

Voici un nouveau reportage réalisé par une journaliste JNE dans le cadre du voyage organisé par notre association (et financé en partie grâce à Kiss Kiss Bank Bank, merci à tous les donateurs) à Totnes (Angleterre), pionnière des villes en transition.

 

par Myriam Goldminc

Jo Rotas © Myriam Goldminc
Jo Rotas © Myriam Goldminc


Jo Rotas, une femme alerte et accueillante d’une soixantaine d’années, nous raconte l’histoire de ce quartier en transition. Jo adhère en 2008 à l’un des 40 projets qui ont émergé des diverses rencontres entre les habitants de Totnes. « Dans ce lotissement, explique-elle, il y avait beaucoup de personnes qui achetaient pour louer et n’entretenaient pas les pavillons. Alors que maintenant, les gens viennent pour rester. Je ne me sentais pas en sécurité auparavant dans ce quartier car personne ne se connaissait et je me sentais seule ! »

 

« C’est à ce moment que le mouvement Totnes en transition cherchait des volontaires et Hal est venu expliquer ce dont il s’agissait ce qui était important si on voulait changer les choses. Nous avons pris conscience que beaucoup de choses venaient de notre propre responsabilité. Quatre groupes se sont constitués dans le quartier. Dans notre groupe, nous étions beaucoup de femmes seules à nous retrouver. Nous avons commencé par identifier les besoins de chacun en faisant des réunions les uns chez les autres. »

 

Ce quartier en périphérie du centre-ville est fait d’habitats pavillonnaires qui ont été construits après le Seconde Guerre Mondiale et sont de vraies passoires sur un plan énergétique. « Les gens se sont rencontrés plusieurs fois et ils ont réfléchi à partir d’un plan axé autour de chapitres : énergie, eau, nourriture, déchets et transports. Chaque domaine correspond à un besoin. Nous avons exploré plein de pistes avec des choses que l’on peut faire gratuitement ou soi-même et ce n’est pas anodin ! »

 

« Il y a eu aussi un programme d’aide à l’isolation des toitures pour les personnes de plus de 60 ans, avec chantier participatif pour le mettre en place. Nous économisons 570 livres par an, toutes énergies confondue et 1 tonne de carbone par an par famille. Au niveau de l’énergie, beaucoup de personnes ont changé leur mode de chauffage en installant un poêle à bois et au financement de panneaux solaires photovoltaïques grâce à une subvention obtenue en 2010 du ministère des énergies renouvelables car la politique du gouvernement est d’encourager l’industrie des énergies renouvelables ! »

 

Du changement et la créativité émerge !

 

« On a changé d’attitudes et de comportements sur beaucoup de pratiques de la vie quotidienne. Avant, pour moi l’eau sortait du robinet et je ne me posais pas de question sur sa provenance alors que l’eau est chère. Ensemble, nous avons mis en place des collecteurs d’eau de pluie. Autre exemple, on s’est entraidés pour faire un petit jardin potager. Moi qui n’avais pas la main verte, j’ai trouvé ça super ! Maintenant, j’ai quelques légumes et fruits que l’on mange ensemble car il faut bien gérer les surplus en toute convivialité ! En fait, c’est notre rapport à l’alimentation qui a changé. »

 

Avec ses voisines, elles ont décidé de ne plus aller toutes les semaines au supermarché, mais tous les 15 jours et d’en profiter pour aller se ravitailler en produits locaux chez les commerçants adhérents à la charte de ville en transition (une cinquantaine). Question transports, elles ont décidé de faire du covoiturage pour les courses. Au niveau collectif, c’est très intéressant. D’abord, on réduit le coût de la vie, l’impact sur l’environnement. « C’est le changement de relations entre les gens qui me passionne », insiste Jo. De deux rues en transition au départ, elles sont une dizaine aujourd’hui.

 

« La plupart du temps, on a l’habitude d’entendre un discours d’austérité de coupes budgétaires et quand on parle d’écologie on a toujours l’impression de culpabiliser, de dire que c’est du moins alors qu’en fait, c’est une valeur positive ! C’est du bonus, on passe du bon temps ensemble. Les gens se sont retrouvés et des liens ont été créés et pour les femmes qui vivent seules, c’est important. » Dernière création de Jo et ses amies : un club de cinéma ouvert à tout le monde.

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Ce reportage a été soutenu par Les jardins de Gaïa, les Quatre saisons du jardin bio,
les éditions Terre Vivante, les éditions Les petits matins
et les donateurs de Kisskissbankbank