Démographie et écologie, le sujet tabou 

 


par Michel Sourrouille

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L’association des JNE veut agir par tous moyens appropriés pour que les médias s’accordent à délivrer une information rigoureuse en matière de maintien des équilibres naturels, diversité des espèces ou atteinte aux ressources de la planète. C’est pourquoi elle organise le 15 mai prochain à Paris une conférence-débat sur un thème largement ignoré par les médias, la démographie.

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Le fait que l’expansion humaine détériore gravement les équilibres de la planète, entraîne une extinction des espèces et épuise toutes les ressources terrestres est bien documenté. Mais les différents intervenants de cette conférence ne sont pas tous d’accord sur les interrelations entre écologie et démographie.

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L’association Démographie responsable, fondée en 2009, considère que la plupart des efforts réalisés en matière de protection de la nature risquent d’être réduits à néant du fait même de l’expansion continue du nombre des humains, expansion qui conduit inéluctablement à l’occupation de la quasi-totalité les territoires et à la consommation de toutes les ressources naturelles.

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Son objectif principal est d’essayer de convaincre de la nécessité d’orienter nos sociétés vers une démographie plus modeste aussi bien dans les pays les plus riches que dans les nations en voie de développement. Dans les pays développés parce que le niveau de consommation individuelle comme la densité de peuplement y sont souvent déjà très élevés et dans les pays en voie de développement parce que ce sont eux qui concentrent l’essentiel du potentiel de croissance démographique de demain. Elle tente d’alerter aussi bien sur les contraintes alimentaires qui pèseront demain sur un monde surpeuplé que sur la nécessité de préserver des espaces pour les autres espèces peuplant la Terre.
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L’INED (Institut national d’études démographiques) a été créé à la Libération. A l’époque, l’expansion démographique était ouvertement prônée ; de nombreuses mesures à caractère nataliste ont été prises (quotient familial, primes pour le troisième enfant…). L’avortement et les méthodes de contraception étaient interdites. L’institut de recherche était même chargé d’examiner « les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ». Les principaux directeurs de l’Ined, Alfred Sauvy et Gérard Calot, ont d’ailleurs affirmé publiquement leur natalisme.

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Cette option idéologique n’a pas complètement disparu, mais elle s’exprime sous des formes plus subtiles parmi les membres de l’Ined. Ainsi Jacques Vallin refusait récemment dans le journal La Croix toute idée d’une « surpopulation » de la planète, qui va « contre son humanisme ». Il croit en la capacité de l’homme à s’adapter à l’évolution des ressources, à condition que les progrès soient accessibles au plus grand nombre et que le risque environnemental soit pris au sérieux.

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Le MOC, le mouvement politique des objecteurs de croissance, défend l’idée de décroissance au sens de réduction du PIB et de l’empreinte écologique pour les pays du Nord. Il s’agit de ne plus collaborer à la fabrication du capitalisme et d’explorer les alternatives concrètes qui couvrent tous les besoins humains : alimentation, logement, santé, transport, éducation, culture… La composante démographique est quasiment absente de leurs revendications. On se contente de formules vagues du type « pour nous la liberté ne consiste pas à franchir sans cesse les limites mais à vivre en commun dans les limites de l’équilibre des écosystèmes ».

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Pour d’autres décroissants, la critique des malthusiens est même virulente. Ainsi Vincent Cheynet, rédacteur en chef du mensuel La Décroissance, a pu écrire : « En fréquentant les milieux écologistes, nous croisons inévitablement des militants pour la réduction de la population humaine […] il est particulièrement aisé de percevoir le caractère pathologique de leur démarche. » Pour le PPLD (Parti pour la décroissance), « un tel débat ouvre la porte à des politiques eugénistes inquiétantes ».

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Un livre collectif a été récemment publié avec la participation de trois membres de JNE : Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) aux éditions Sang de la Terre. Les treize auteurs de ce livre ont fait le constat qu’une population moins nombreuse facilite l’organisation sociale, le partage de l’espace, et donc l’émergence possible de relations apaisées entre humains et avec la nature. Ils ont aussi considéré que nous n’avons pas le choix : l’urgence écologique nous impose de maîtriser notre fécondité. On montre que le droit au nombre s’oppose à une société plus agréable et plus juste ; on y discute de la politique nataliste française, du phénomène migratoire, de l’effondrement probable de la population, des conceptions religieuses de la fécondité, et même du droit à vivre de la faune et de la flore, menacé par notre expansion. Nous devons, de fait, apprendre à partager l’espace avec autrui et les autres espèces. Chaque lecteur pourra butiner à son gré dans ces pages, en ne perdant pas de vue que la dénatalité est un exercice tellement complexe que toutes les portes d’entrée sont possibles.
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Notre association, les Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie, a été créée en 1969. Elle a contribué à l’émergence des nouvelles rubriques des médias consacrés aux questions d’environnement à une époque où tout le monde se méfiait de ce type d’informations. Il paraît normal aujourd’hui qu’elle s’intéresse à la question démographique alors que la tendance politique et médiatique, quasi unanime, prône le maintien des mesures natalistes en France et veut ignorer ce que veut dire capacité de charge d’un écosystème.
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Nous espérons que cette conférence-débat sur les liens étroits ente démographie et écologie permettra une meilleure compréhension de la problématique malthusienne.

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« Démographie et écologie, le sujet tabou »
jeudi 15 mai de 19 h à 21 h au 8 rue de la Banque – 75002 Paris
Salle des expositions (1er étage de la Mairie du 2e arrondissement) – métro Bourse
Intervenants :
Denis Garnier, représentant de l’association Démographie responsable
Gilles Pison, Directeur de recherche à l’INED (Institut national d’études démographiques)
Michel Sourrouille (JNE), coordinateur du livre L’urgence écologique de repenser la démographie (Editions Sang de la Terre)
Christian Sunt, représentant du Mouvement des objecteurs de croissance

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Entrée libre dans la limite des places disponibles;

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Membre du Conseil d’administration des JNE, Michel Sourrouille anime le blog Biosphère et le Réseau de documentation des écologistes. Cet édito n’engage que son auteur.

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