Pourquoi l’affaire du viticulteur bio Emmanuel Giboulot a mobilisé les citoyens

 


par Sophie Chapelle

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Son nom a fait le tour de la toile et la Une des médias. Sans l’avoir recherché, Emmanuel Giboulot, viticulteur en biodynamie à Beaune (Côte-d’Or), s’est retrouvé propulsé lanceur d’alerte. Un millier de personnes est venu le soutenir devant le tribunal correctionnel de Dijon le 27 février 2014. Plus de 500 000 personnes ont signé une pétition de soutien.

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Son fait d’arme ? Avoir enfreint un arrêté préfectoral de juin 2013 qui somme les vignerons de traiter leurs ceps avec un insecticide contre la flavescence dorée, une maladie de la vigne. Il s’y refuse car le foyer de flavescence n’est pas avéré dans son département et que le traitement à utiliser, même certifié par le label bio, revient à détruire une partie de la faune auxiliaire de ses vignobles. Pas de chance, Emmanuel Giboulot se fait inspecter puis poursuivre en justice, encourant jusqu’à 30 000 euros d’amende et 6 mois de prison. Le parquet requiert finalement 1 000 euros d’amende dont la moitié avec sursis. « Avec mon avocat, nous continuons cependant à espérer la relaxe, ne serait-ce que pour le côté symbolique », déclare t-il à la sortie de l’audience. La décision est mise en délibéré au 7 avril prochain.

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Dans les médias, l’affaire commence à faire parler d’elle le 25 novembre 2013. Informé par la CAPEN 71 (Confédération des associations de protection de l’environnement et de la nature), le site internet Basta ! raconte la mésaventure d’Emmanuel Giboulot sous le titre – un peu provocateur – « 30 000 euros d’amende pour avoir refusé… de polluer ». L’Agence France Presse appelle le viticulteur. S’ensuit dans les jours suivants une couverture média impressionnante. « Les médias (sont) emballés par l’histoire de cette rébellion, à la fois remake de David contre Goliath ou de Zorro défenseur du bio sur un terroir très réputé, la Bourgogne », analyse le site Arrêts sur Images. Sandrine Bélier, eurodéputée d’Europe Ecologie – Les Verts, publie un communiqué sur son site. Le 2 janvier 2014, un éditorial du New York Times déplore la quantité de pesticides dans le vin français. Et s’étonne que des viticulteurs soient menacés de poursuites judiciaires en France pour refuser de traiter leurs vignobles avec des produits chimiques… L’étincelle repart.

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La relative clémence du parquet doit sûrement aux nombreux soutiens du viticulteur. Un collectif composé d’une vingtaine d’organisations associatives, syndicales et politiques appelle notamment à un rassemblement de soutien devant le tribunal. Dans leur déclaration commune, elles demandent à ce que les viticulteurs, refusant le traitement insecticide systématique, aient la possibilité de suivre des procédures alternatives. Dans la foule, nombreux sont aussi les citoyens revendiquant le droit à une alimentation de qualité, avec le moins d’impacts possibles sur la santé et l’environnement. Des victimes de pesticides, ouvriers viticoles notamment, ont aussi fait le déplacement. « Venir ici, c’est aussi une façon de se sentir soutenus, c’est important pour l’avenir », confie ainsi Pascal, empêtré dans des procédures judiciaires pour obtenir la reconnaissance de la maladie professionnelle.

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L’affaire a bien évidemment mobilisé la profession viticole elle-même. Et divise les consciences. Pour certains viticulteurs, en biodynamie notamment, « le traitement chimique n’est pas la solution, il faut vivre avec cette maladie ». Certains estiment au contraire l’attitude d’Emmanuel Giboulot comme « irresponsable », quand d’autres voient en lui le « héraut des bio-bio ». Beaucoup s’accordent néanmoins sur le manque de pertinence du traitement exigé par l’arrêté. Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne semble vouloir prendre les devants. Il vient d’annoncer qu’en 2014, « les traitements [contre la flavescence] seront plus ciblés grâce à la prospection de 2013 par plus de 3000 personnes mobilisées ». Reste à savoir si ces intentions seront suivies d’effets. A la sortie du tribunal, les premiers mots d’Emmanuel Giboulot sont allés vers ses collègues : « J’espère voir la profession dialoguer et ne pas se déchirer. »

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Dernières nouvelles en date du 8 avril 2014 : Le verdict du tribunal correctionnel de Dijon est tombé le 7 avril. Emmanuel Giboulot, viticulteur biologique ayant refusé de se plier à un arrêté préfectoral l’obligeant à épandre un insecticide pour lutter contre une maladie de la vigne, la flavescence dorée, est condamné à 1000 euros d’amende, dont moitié avec sursis. Le juge a donc décidé de suivre les réquisitions du procureur. Le viticulteur compte faire appel de ce jugement qu’il qualifie d’« injustifié » Lisez la suite de l’article de Sophie Chapelle sur Basta en cliquant ici.

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Sophie Chapelle collabore au site Basta ! Vous pouvez la suivre sur Twitter en cliquant ici. Cet édito n’engage que son auteur.

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