Si le guépard, qui se fait très rare dans l’extrême sud-algérien, savait lire, il serait heureux d’apprendre que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) prépare une stratégie de conservation pour la gazelle de Cuvier au Maghreb. Sa chair fait partie, pour ainsi dire, de ses plats préférés.
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par M’hamed Rebah
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La fiche consacrée à la gazelle de Cuvier dans les sites spécialisés nous apprend qu’elle est « extrêmement rapide à la course, pouvant atteindre une vitesse de 30 à 40 km/h en endurance et foncer à 70 km/h en moyenne, avec des pointes à 100 km/h sur de plus courtes distances ; elle peut aussi faire des bonds acrobatiques de 2 mètres de haut à la verticale pour échapper à ses prédateurs ». Mais le guépard est un redoutable sprinter, c’est l’animal le plus rapide, 120 km/h sur courte distance.
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Au Sahara, tant qu’il y avait des gazelles en abondance, le guépard ne risquait pas l’extinction de son espèce. A partir de la deuxième moitié du XXe siècle, la population des gazelles ayant fortement diminué sous la pression d’une chasse massive et d’une forte destruction de l’habitat, la population de guépard (lui-même chassé) a progressivement diminué jusqu’à être très petite et fragmentée et même proche de l’extinction. De ce fait, le guépard, qui est une des caractéristiques de la faune du Sahara, a été ajouté à la Liste Rouge des Espèces en Danger en 2001.
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L’UICN a pensé au guépard dans le cadre d’un programme de conservation initié dans le Hoggar et le Tassili pour conserver la faune et la flore de ces régions. Mais en sauvant la gazelle de Cuvier, l’UICN fera d’une pierre deux coups en permettant au guépard de survivre.
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Il a été question d’une réunion d’experts organisée à Almeria (Espagne) par le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN (UICN-Med) pour lancer la préparation d’une stratégie régionale pour la conservation de la gazelle de Cuvier (Gazelle cuvieri) au Maghreb. Il s’agissait de définir une feuille de route dans ce sens. La version finale de la stratégie régionale sera présentée avant la fin de 2014. Ce projet est financé par la Fondation Mava, la Junta de Andalucia et Fundacion Biiodivsersidad.
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En Algérie, la gazelle de Cuvier est considérée comme espèce hautement protégée par les dispositions de la loi du 14 août 2004 relative à la chasse et par l’Ordonnance du 15 juillet 2006 relative à la protection et à la préservation de certaines espèces animales menacées de disparition.
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La gazelle de Cuvier est inscrite en Classe A (tout comme le guépard d’ailleurs) de la Convention africaine pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (au passage, notons que c’est la première convention internationale dans le domaine de l’environnement et qu’elle a été adoptée à Alger en septembre 1968). Selon les dispositions de cette convention, les espèces comprises dans la classe A sont « protégées totalement sur tout le territoire des Etats signataires de la Convention ; donc la chasse, l’abattage, la capture ou la collecte de leurs spécimens ne seront permis que sur autorisation délivrée dans chaque cas par l’autorité supérieure compétente en la matière et seulement soit si l’intérêt national le nécessite soit dans un but scientifique ». La gazelle de Cuvier figure également dans la Convention de Bonn à l’Annexe I, et dans la Convention de Washington (CITES) à l’Annexe III.
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Selon les informations données par la DGF qui gère cette espèce, la gazelle de Cuvier peut être observée dans les aires protégées suivantes: Parc National de Belezma (26.500 ha), réserve naturelle d’Etat de Mergueb (32.000 ha), Forêt nationale d’Etat du Djebel Senalba (20.000 ha). Un petit nombre se trouve aussi dans trois réserves de chasse: la réserve de chasse du Djebel Ouahch (400 ha), la réserve de chasse du Djebel Nadour (200 ha) et la réserve de chasse du Djebel Aissa (500 ha).
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Il reste à souhaiter longue vie à la gazelle de Cuvier et… bon appétit au guépard du Sahara.
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Cet article est paru dans Reporters (quotidien algérien).
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