L’Algérie se prépare à une nouvelle menace des criquets

C’est, à nouveau, l’alerte en Algérie sur le front de la lutte anti-acridienne. Un responsable de l’Institut national de protection des végétaux (INPV) a fait savoir que l’Algérie compte mettre en place un plan d’action pour faire face à une éventuelle invasion d’essaims de criquets en provenance de Mauritanie, où une activité acridienne est signalée.

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par M’hamed Rebah

Criquet pélerin (Schistocerca gregaria) – photo Wikipédia

Au début du mois de novembre 2013, la présence d’essaims de criquets ailés importants et de larves dans les quatre régions du Nord de la Mauritanie avait été signalée. Des équipes motorisées de traitement et d’observation des infestations y avaient été dépêchées pour traiter plus de 5.000 hectares dans les zones difficiles d’accès.

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Mais la situation s’est compliquée avec l’arrivée de l’hiver. Selon l’INPV, cette activité acridienne, qualifiée de moyenne, peut engendrer des essaims de criquets au début du printemps 2014. Sans attendre, l’Algérie, par l’intermédiaire de l’INPV, a décidé de prendre en charge ce problème par la mise en place d’un plan d’action. Pour l’heure, il n’y a aucun danger dans le sud du pays, mais pour faire face à d’éventuelles infiltrations de criquet pèlerin, un dispositif de prévention est envisagé dans les wilayas de Béchar, Tindouf, Naâma, Adrar, avec des moyens conséquents : 3 millions de litres d’insecticides ; équipes terrestres de prospection et de lutte ; hélicoptères du ministère de la Défense nationale.
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Annie Monard, chargée de la protection des plantes et de la lutte contre les ravageurs transfrontaliers à la FAO (Organisation des Nations-unies pour l’agriculture et l’alimentation), estime que l’alerte précoce et l’intervention rapide sont les principaux moyens sur lesquels compte cet organisme pour la réussite des campagnes de lutte antiacridienne.

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Ces annonces ont été faites en marge de la 12e réunion des chargés de liaison du programme EMPRES (Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et maladies transfrontières des animaux et des plantes) qui s’est tenue jusqu’au 4 décembre à Alger.

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La réunion des chargés de liaison des membres de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (CLCPRO) a regroupé les représentants de 10 pays (Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Tunisie). Pour toute cette région, selon le secrétaire exécutif de la Commission de lutte contre le criquet pèlerin, Mohamed Lemine Hamouny, 28,8 millions de dollars sont nécessaires pour mener à bien le plan de lutte préventive et il reste encore 7,8 millions de dollars à récolter pour boucler le budget 2013/2017. L’accent a été mis sur coopération régionale.

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Pour sa part, l’INPV est mobilisée depuis plusieurs années dans la lutte anti-acridienne. De mars à juin 2013, il y a eu une petite résurgence acridienne à Bechar, Naâma et Adrar, générée par des infiltrations en provenance du Sahara occidental. En mars, deux équipes de prospecteurs de l’Institut national de protection des végétaux (INPV) avaient été déployées dans la wilaya de Ghardaïa chargées de prospecter et de traiter sur le terrain toute activité acridienne, l’une sur la partie sud de la wilaya à El-Menea et l’autre dans la zone nord-ouest en allant vers Hassi-R’mel.

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Des individus ailés matures de « très faibles densités » et éparpillés, avaient été observés et traités par les équipes de prospecteurs dans la zone de N’tissa près de Ghardaia, dans la zone nord de la wilaya vers Hassi-R’mel et dans la localité d’El-Menea. Le même mois, des essaims étaient interceptés à Kerzaz (Bechar), en provenance des frontières sud-ouest (Mauritanie et Sahara Occidental), alors que des regroupements de criquets ont été localisés au niveau de Taghit et Zousfana. La campagne de lutte avait permis de traiter 20.000 hectares.

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Au printemps dernier, Madagascar avait vécu une période très difficile avec une invasion de criquets qui a dévoré toutes les cultures du sud-ouest du pays. Cela prouve qu’aucune mesure de prévention n’est de trop pour endiguer ce fléau et épargner les cultures.

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Cet article est paru dans Reporters (quotidien algérien).

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