Les petits pas du gaz de schiste en Algérie

Energies renouvelables et gaz de schiste continuent leur compétition dans la transition énergétique qui se déroule un peu partout dans le monde et, naturellement en Algérie, pays qui a la particularité, à la fois, d’être producteur et exportateur d’hydrocarbures et d’avoir une grande partie de son territoire sous le soleil quasiment toute l’année.

 .

par M’hamed Rebah

.

Les interventions du ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, permettent de savoir où on en est et vers quelle source d’énergie penchent les faveurs du gouvernement. La récente interview qu’il a accordée à un confrère arabophone laisse entendre que les deux options sont maintenues, avec, sensiblement, un avantage pour les énergies renouvelables, dont le développement repose sur un programme qui connaît un début de concrétisation : la première centrale hybride (solaire-gaz naturel)  implantée à Hassi R’Mel est déjà opérationnelle, et la ferme éolienne construite à Adrar, d’une capacité de 10 mégawatts, commencera à produire de l’électricité à partir de la fin de cette année.

.

Beaucoup d’autres projets sont en cours de réalisation et contribueront à accroître progressivement la part de l’énergie renouvelable dans la production d’électricité. Le ministre a rappelé le projet d’une centrale photovoltaïque de 1,1 MW à Ghardaïa, qui  est en  fin des travaux, destinée à expérimenter les différentes technologies de panneaux solaires.  Mais surtout, a-t-il ajouté, il y a un ensemble de projets dans le photovoltaïque répartis sur 20 wilayas, dont la capacité globale atteindra les 450 mégawatts et qui commenceront à produire dès l’été 2014. Les besoins grandissants en électricité, surtout en été, du fait de l’utilisation massive des climatiseurs, n’attendront pas plus longtemps. Le programme d’augmentation de la production ne peut pas être retardé plus loin que l’été.

.

Le ministre a dit deux mots sur le projet Desertec que tout le monde a tendance à oublier, en Algérie. Tout indique que le projet commun de 1 000 MW d’origine renouvelable, lancé dans le cadre d’un partenariat conclu entre Sonelgaz et DII en décembre 2011, est tombé à l’eau. L’éventualité de se tourner vers les Italiens avait été évoquée par les dirigeants de Sonelgaz, mais rien n’est venu la confirmer. C’est visiblement l’écueil financier qui semble infranchissable, un investissement d’un montant de 2 milliards d’euros étant exigé pour transporter l’électricité vers ce pays à travers des interconnexions électriques. Le contexte difficile que traverse le secteur de l’énergie renouvelable, en crise en Europe, n’est pas favorable à la continuation de ce projet dans sa mouture initiale. Il pourrait être intégré au programme national de développement des énergies renouvelables, avec financement algérien, mais destiné à la consommation interne et non à l’exportation. En conclusion : Desertec redevient un projet comme les autres et l’Algérie est ouverte à tout ce qui entre dans son programme de développement des énergies renouvelables.

.

Par rapport à la médiatisation qui entoure les énergies renouvelables, les petits pas que faits le gaz de schiste en Algérie paraissent plutôt discrets. En fait, on en sait très peu sur ce volet de la politique énergétique de notre pays. Tout juste, que le ministre de l’Energie trouve «irresponsable» de ne pas l’exploiter au vu des «potentialités considérables» dont dispose l’Algérie dans le domaine des hydrocarbures non-conventionnels. A condition, reconnaît le ministre, que toutes les précautions en matière de protection de l’environnement soient prises. Et ce n’est pas le seul problème, contrairement aux énergies renouvelables qui ne présentent pas de grand inconvénient.

.

Cet article est paru dans Reporters (quotidien algérien).

.