En ce mois de décembre 2013, sous un prétexte scientifique appelé Cap requins, on commence à tuer des squales autour de la Réunion, à grand frais pour le contribuable (plusieurs millions d’euros).
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par Marc Giraud
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Il n’est pas inutile de rappeler qu’à moins d’éradiquer tous les requins de tous les océans, cette pêche ne peut pas garantir la fin des accidents. A contrario, on peut s’interroger sur les risques que présente le fait d’appâter des squales si près des côtes. Et ce n’est pas la seule question que soulève le programme Cap requins, pensé et géré par le Comité Régional des Pêches de la Réunion, financé par l’État, la Région et la commune de Saint-Paul. Une affaire de gros sous, et sans scientifiques indépendants…
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Début décembre 2013 commence le programme Cap requins dans la baie de Saint-Paul, présenté comme un projet expérimental. Cette 1ère étape prévue pour 3 à 6 mois coûte 160 000 €, et vient alimenter le puits sans fonds de « la crise requins » qui a déjà coûté plusieurs millions d’euros aux Français depuis 2011. Elle prévoit le déploiement de 4 à 6 drumlines (gros hameçons fixes à 25 m de profondeur, appâtés 2 fois par jour, en continu 24h/24 et 7j/7) à 350 m du littoral, sur ce premier site. Un GPS est fixé à la bouée de la drumline : quand un animal sera pris à l’hameçon, une alarme est censée se déclencher et la position GPS sera transmise par satellite pour une opération soi-disant « Zéro prise accessoire ». En 2 heures, le bateau de pêche, rémunéré pour chaque sortie environ 500 €, devrait être sur zone et libérer l’animal théoriquement encore vivant, si, bien sûr, il ne s’agit pas d’un requin bouledogue ou d’un requin tigre, cibles du programme.
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La zone plus au large n’est pas oubliée puisqu’une palangre de fond, à savoir une ligne de 2,5 à 3 km, avec une centaine d’hameçons appâtés, est posée près du fond entre 30 et 50 m.
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Là encore, il y aura des prises accessoires parmi lesquelles des espèces menacées d’extinction comme les raies guitares, les requins fauves nourrices, les requins cuivre… et d’autres. Mais là, pas de GPS sur les hameçons et pas de comptage des dommages collatéraux.
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La moitié des requins tigres et bouledogues capturés seront tués pour alimenter un autre programme scientifique de vérification de la présence de métaux lourds et de toxine dans la chair des animaux (Ciguatera-2), les rendant impropres à la consommation (mais a priori, payés plusieurs euros le kilo aux pêcheurs, en plus du forfait de la sortie). On sait déjà que les métaux lourds sont dangereux pour la santé et sont présents dans la chair des prédateurs marins comme le thon, l’espadon, le marlin, le requin. Nos impôts permettront de le confirmer grâce aux 260000 € distribués par l’État et ses représentants.
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Les autres 50 % de requins capturés seront marquées avec des balises, afin d’assurer « l’acquisition de connaissances ». Cap requins n’est pas limité en nombre de captures ; c’est le budget de la phase 1 qui l’est ! Quelques caméras sous-marines sur les hameçons des palangres de fond et six balises acoustiques seront également installées par le programme (en plus des 46 balises du « vrai » programme scientifique CHARC). Les résultats seront analysés par un scientifique sud-africain rémunéré par le programme, car les scientifiques français n’ont pas apporté leur soutien à Cap requins ! Bref, rien de garanti sur l’objectivité des résultats, sans vérification des données ni observateurs indépendants à bord, mais avec de l’argent public. Les bouledogues ne sont pas les seuls requins à aimer les eaux troubles…
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