Le plus beau pays du monde

Avant d’évoquer ce film sur la nature en France, il est important de préciser à quel genre il appartient. Si c’est un spectacle familial, il est réussi, et l’association avec Disney a tout son sens.

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par Marc Giraud

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Le plus beau pays du monde est composé d’une suite d’historiettes parfois drôles, fortes ou émouvantes, avec des vues aériennes de paysages grandioses pour passer de l’une à l’autre. Son originalité est d’alterner des personnages humains proches de la nature avec des scènes animalières : aigle, mérou, loutre, chauve-souris ou brame du cerf, mais aussi apiculteur, ornithologue, kayakiste, alpinistes (grande scène vertigineuse…), ou encore cette attendrissante mamy soigneuse d’animaux divers, donnant le biberon à de petits faons, qui emportera l’adhésion du public.

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Heureusement, les commentaires ne sont ni trop ampoulés ni soporifiques, et racontent simplement de belles histoires. La musique est plus banale. Une grande vertu de ce film est de montrer la beauté sauvage de l’ours, du loup ou des vautours, et de véhiculer l’image positive qui leur manque tant en France aujourd’hui.

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Enfin, la participation des élèves (et ex-élèves) de l’IFFCAM (Institut francophone de formation du cinéma animalier de Ménigoute), notamment pour la belle scène de la métamorphose de la libellule, est à souligner : grâce à ce genre de commandes télévisuelles, les animaliers ont encore des perspectives dans notre pays. Arte l’avait fait avec la série La France sauvage, France 2 a ici mis le paquet avec un budget de 3,5 millions d’euros et l’appui financier de plusieurs régions.

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Maintenant, ce film ne doit pas être pris pour un vrai documentaire. On n’y voit quasiment aucun animal sauvage en liberté (coucou les bêtes imprégnées de Jean-Philippe Varin), les nombreux plans extrêmement rapprochés en témoignent. De plus, tout naturaliste un peu averti sera très étonné de voir une blairelle sauter à l’eau en plein jour (les blaireaux sont nocturnes et pas spécialement aquatiques), de constater que le sanglier mâle soi-disant fou d’amour est… castré, etc. Du coup, des histoires vraisemblables, comme l’oie allant chercher une congénère perdue pour reprendre ensemble la migration, sont mêlées à des scènes improbables.

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Il s’agit donc d’un docu-fiction, qu’il faut visionner avec des enfants, et avec des yeux d’enfant : tout ce qui incite à l’émerveillement et à la réappropriation de notre patrimoine naturel participe à une sensibilisation plus que jamais nécessaire. Curieusement, Jacques Malaterre, que j’avais interviewé à Ménigoute en tant que réalisateur du film, n’avait plus ce rôle sur le générique au moment de la présentation à France 2 le 3 décembre. Dur milieu…

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Réalisation Frédéric Fougea, avec Jacques Malaterre

Production Boréales contact@boreales.com 90 et 100 minutes, 2D et 3D, diffusion sur France 2 le 17 décembre 2013 à 20 h 45.

DVD 14,99 € Blu-Ray 19,99 €, sortie 18 décembre 2013.

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