Il s’agit de l’ouvrage d’une écologiste effrayée par l’ampleur des problèmes environnementaux : « La machine climatique nous promet des catastrophes en chaîne », « Le plus alarmant est l’acidification des océans », « L’un des plus dramatiques impacts de ce changement climatique sera la migration massive de population » , etc. Alors pourquoi ce titre « Ras-le-bol des écologistes » ? Pourquoi affirmer en introduction que « le discours alarmiste est d’une autre époque » ? En fait Maud Fontenoy a intériorisé quelques éléments de langage d’une certaine droite : « Il n’est pas question pour moi de quitter nos villes pour aller vivre dans des cavernes (p. 33). » C’est pourquoi Maud se veut pro-nucléaire et assène souvent des contre-vérités. Son chapitre « Non à l’écologie politique ! » ne dit que quelques mots sur l’alliance actuelle des Verts avec la gauche pour en revenir aussitôt à la problématique environnementale. Son chapitre « Non à la décroissance ! » critique la vie frugale puisque « l’innovation technologique nous permettra d’anticiper face aux nombreux défis ». Son penchant technophile lui fait même confondre bioéconomie et biotechnologies alors que c’est l’économie qui doit rimer avec écologie pas l’inverse.
Il est vraiment étonnant qu’une personne qui a traversé les océans à la rame et vécu de peu sur des voiliers bénisse la ville et maudisse les objecteurs de croissance. Maud Fontenoy assume la lenteur dans sa vie et fait dans son livre l’éloge de la vitesse, de la mobilité et de la croissance. Il n’est pas certain qu’elle se soit rendu compte de sa contradiction interne. Cette dissonance cognitive est significative d’une société développée où tout le monde ou presque accède à une pensée écologique mais se refuse en général à en assumer les conséquences.
…
Editions Plon 2013, 236 pages, 16,50 euros – www.plon.fr
(Michel Sourrouille)