Comme chaque année ou presque, les JNE étaient présents au festival du film ornithologique de Ménigoute (Deux-Sèvres). Pour cette 29e édition, du 29 octobre au 3 novembre 2013, cinq d’entre nous y ont participé : Dominique Martin-Ferrari comme présidente du jury, Catherine Levesque, chargée du blog « Mon truc en plume » et de la Web TV, Marc Giraud et Jean-François Noblet comme conférenciers et votre serviteur Roger Cans comme simple participant, et donc rapporteur.
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par Roger Cans
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La conférence de Marc Giraud avait pour prétexte son livre La nature en bord de chemin. En fait, il s’est présenté comme un naturaliste de terrain, généraliste, et illustrateur d’abord. « J’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion de la nature », avoue celui qui a été écoguide en Amazonie, a collaboré à Science et Vie, et a participé pendant deux ans à l’émission pour enfants Coucou c’est nous de Christophe Dechavanne sur TF1. C’est là qu’il a appris à parler aux enfants et au grand public. Marc Giraud est aussi chroniqueur bénévole à Europe 1 et France Inter et vice-président de l’ASPAS, qui ferraille contre la chasse.
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En fait de nature au bord du chemin, il nous entraîne sur des sentiers de traverse où l’on rencontre la tortue qui grimpe aux arbres et celle qui mort le museau des chèvres qui viennent boire. Il décrit l’insolite comme ce chat margay qui peut rester suspendu par une patte, ou bien le perroquet des neiges et le poisson qui chante. Il détaille les doigts du koala, totalement inhabituels, et le nid du canard carolin dans les troncs d’arbre.
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L’illustrateur a apporté ses dessins originaux et, du coup, s’embarque sur la description des tortues du monde. Il présente la tortue à capot amovible que l’on trouve en Afrique, la tortue à rayures qui attaque les chèvres sur les bords du Gange, en Inde, la mata mata de Guyane, entièrement camouflée, la tortue australienne qui respire par le cul et urine par les narines, la tortue alligator avec sa petite langue rouge, qui peut peser jusqu’à 300 kilos, la tortue qui réussit à vivre dans les mares du désert…
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Marc Giraud décrit aussi les veaux marins, ces phoques d’eau douce qui remontent la Loire jusqu’à Tours, et même au bec d’Allier. Il n’en oublie pas pour autant les animaux domestiques, comme ses deux chevaux qu’il passe des heures à regarder chez lui, en éthologue amateur. Il revendique ses racines dans les Deux-Sèvres, à Echiré, bien qu’il soit de la région parisienne.
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Aux cinq W de la presse écrite (what, where, when, who, why), c’est-à-dire « quoi, où, quand, qui, pourquoi », il ajoute les 3 P de la télévision : « pouvoir, pognon, people ». Il raconte son amitié avec Laurent Baffie, qui ramasse les crapauds, et Philippe Val, qui permet de défendre la cause animale le dimanche sur France Inter avec Allain Bougrain-Dubourg (JNE) et Elisabeth de Fontenay.
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Lui succède Jean-François Noblet, déguisé en camionneur pour sa conférence sur La nature au café du commerce, son dernier bouquin. Reprenant les propos de bistrot d’Anne Roumanoff et les sketches du regretté François Terrasson, le militant de la FRAPNA Isère dénonce les ragots qui traînent sur les « escrologistes ». D’abord sur l’accusation absurde de lâchers de vipères par caisses entières. Cela permet aux propriétaires de mettre en garde par des panneaux « Attention, serpents », afin d’éloigner les visiteurs.
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Il s’en prend ensuite à la légende du lierre qui tue les arbres. Non seulement le lierre ne tue pas les arbres car, à la différence du gui, qui est parasite, le lierre ne se nourrit pas des arbres sur lesquels il grimpe. Sa floraison en octobre-novembre est une aubaine pour les abeilles et ses fruits d’hiver une pitance inespérée pour les oiseaux.
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Il en arrive enfin aux vautours qui tuent. Il explique que, lorsqu’un mammifère meurt en montagne, les premiers visiteurs sont les corbeaux. Viennent ensuite les vautours fauves, qui fouaillent dans les chaires molles, car leur bec ne peut couper et leurs griffes ne peuvent emporter. Puis accourent le vautour moine et le percnoptère, capables de tailler les tendons et cartilages, et enfin le gypaète barbu qui finit le travail en brisant les os. Les vautours ne tuent pas leurs proies, comme l’aigle, mais il peut arriver que, lors d’un accouchement laborieux d’un veau, mort-né, les rapaces viennent dévorer le placenta et le veau, à côté de la vache.
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Jean-François Noblet termine sa conférence sur une séquence drolatique, tournée en Suisse par la télévision lors d’un match de football. On y voit une fouine qui traverse le terrain parmi les joueurs, déclenchant une réaction des plus rapides pour tenter de la capturer. Les joueurs se font mordre, mais ne réussissent pas à la neutraliser, et c’est finalement un goal, muni de solides gants, qui parvient à l’attraper. La fouine est appelée « martre » durant tout le commentaire, à tort.
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La présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, est alors interviewée sur le plateau de Web TV par nos camarades Catherine Levesque et Marc Giraud. Elle précise que c’est la quatrième fois qu’elle assiste à cette « manifestation, très importante sur le plan régional ». Elle apprécie les trophées distribués aux artistes animaliers et souligne que le combat pour la biodiversité est fondé à la fois sur l’espace et le temps. En temps de crise, le combat écologique est-il oublié ? « Pas du tout, il faut le mener à fond ». La présidente est très fière de la campagne menée par sa région en faveur des mares et soutient « l’ambition pour les choses modestes ». Lors de la remise des prix, le samedi soir, elle rappelle que la région Poitou-Charentes est « une terre d’excellence environnementale ». On y a planté 2,3 millions d’arbres pour une population de 1,7 million d’habitants. Elle est très applaudie par une salle archi-comble.
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Dominique Martin-Ferrari annonce ensuite le palmarès, qui attribue le grand prix à un film allemand, The Moor (la tourbière), un documentaire de 50 minutes tourné en 2012.
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