Doucement, année après année, le focus ornithologique du festival du film ornithologique s’élargit. Porté par l’association Mainate, le festival du Film de Ménigoute poursuit sa mission de sensibilisation du grand public à l’environnement et à la sauvegarde de la biodiversité.
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par Dominique Martin Ferrari, Présidente du jury
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Mais Ménigoute, c’est d’abord une institution qui fêtera ses 30 ans l’an prochain, un rendez-vous de copains, qui n’hésitent pas, sous les frimas de novembre, à se regrouper en tentes et campings-cars, à faire la queue sous la pluie pour assister à des heures de projection et parfois à se rassembler devant des écrans quand la salle déborde de participants. Jamais en tout cas, qu’il soit 9 h 30 ou 1 h du matin, la salle ne désemplit.
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Les passionnés guettent sur l’écran tous les oiseaux qu’ils peuvent nommer ou reconnaître, sont un peu déçus quand le paysage n’est plus que fleurs et feuilles, et sont prêts à bondir si l’approche devient chasse et tradition !
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Le public arrive en famille et perpétue la tradition de l’amour de la nature. Il sait s’étonner du fait que les films d’aujourd’hui n’aient plus la pêche militante de ceux de leur jeunesse et que l’urgence des problèmes soit un peu glissée sous le tapis des belles images….
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Mais Ménigoute, c’est aussi cette fabuleuse marmite d’où s’échappent les plus belles émanations du cinéma animalier d’aujourd’hui et de demain, grâce à sa proximité avec l’IFFCAM (l’Institut francophone de formation au cinéma animalier de Ménigoute). Pour les non initiés, la magie de Ménigoute, c’est aussi cette pépite intergénérationnelle qui discute entre « sachant faire » et « savants » de la nature.
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Trente et un films étaient au programme pour 2013. Pour le jury, une épreuve, pour les spectateurs, un délice.
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Parlons donc jury et palmarès puisque qu’il s’agit d’un festival.
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Le jury constitué de onze personnes devait analyser les films en tenant compte à la fois du scénario, du message et de leur valeur didactique; mais aussi de la qualité de l’image, de la performance technique, de l’authenticité, du commentaire et de la musique. Autant de critères qui parfois peuvent conduire au débat sans fin quand il s’agit de juger un bon sujet mais mal filmé, ou une suite d’images féeriques sans message. Bref, il y a eu des heures de discussion au sein d’un jury très équilibré, hétéroclite dans ses compétences, et très soudé par un même amour de la nature (avec comme il se devait, une définition un peu nuancée pour chacun !)
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Ce ne sont pas toujours les films les plus émouvants ou les coups de cœur qui résistent au palmarès, car trop de subjectivité peut entrer en conflit avec le côté normatif d’une notation.
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De la cuvée 2014 est sorti un palmarès international : deux films allemands, deux films français, un film russe, autrichien, espagnol et suisse. Chaque membre du jury a bien sûr regretté qu’un ou deux titres ne soient pas nominés, mais c’est la dure loi du palmarès….
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Ma critique portera, non pas sur une sélection qui répond aux critères des productions d’aujourd’hui, mais sur ce que le documentaire nous prépare pour les années à venir : des images somptueuses qui laissent la place à une technologie de plus en plus performante qui pourrait conduire à réaliser plus beau que ne fait la nature, devenant ordonnatrice de la nature; et un message qui s’uniformise en s’internationalisant parce qu’il faut vendre partout dans le monde (on a vu avec le film coréen La barge comment le fait culturel des chasses traditionnelles pouvait être source d’exclusion). Ainsi l’image devient lisse, le commentaire simpliste et l’engagement ou le message bannis. On aura pu compter seulement deux films engagés sur trente et un diffusés.
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Les zones humides ont été à l’honneur : The Moor, de Jan Haft (Allemagne), Danube Europe’s Amazon, de Rita et Michael Schlamberger (Autriche) et Behind the Scenes of the Volga Delta, de Alexander Byryuk (Russie), avec dans l’ordre le prix du Lirou d’or- grand prix de Ménigoute, le prix Paul Géroudet – prix du meilleur film ornithologique, et le prix du parc interrégional du Marais Poitevin.
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The Moor nous a conduit au cœur d’une tourbière du sud-est de l’Allemagne, dans une débauche d’images macro, d’accélérés, de time laps (accélérés), de couleurs éclatantes; le film nous a aussi offert des scènes rares de combats de serpents, de nourrissage d’oisillons grues, ou de bécasseaux, porté par un message : ce milieu vit en complexité extrême, d’où sa fragilité. Milieu aujourd’hui bien menacé, et pourtant son rôle dans l’absorption de CO2 est essentiel.
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Plus classiques dans leur facture, les deux autres films, entre ruisseaux, criques, delta, hautes roselières, champs de lotus, mettaient en scène une explosion d’espèces ornithologiques et l’on comprend qu’ils aient séduits et convaincus les défenseurs du prix Paul Géroudet, pair parmi les pairs de ce festival. Le débat a cependant été vif face à ceux qui ont eu un coup de cœur pour la Panthère des Neiges, l’harfang, cette merveilleuse « chouette » (qui n’en est pas une) blanche, immortalisée par la saga d’Harry Potter, perdue avec son mâle et ses petits dans l’immensité de la steppe, possible proie des ours blancs affamés.
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Les jeunes de l’IFFCAM ont également récolté leur moisson de trophées.
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La Quête d’Inspiration, film de Mathieu Le Lay, a obtenu le prix jeunes regards pour son travail sur le photographe Alexandre Deschaumes. Avec ses photographies éthérées, il laisse présager un destin à ces deux créateurs en quête d’images sans qualificatif possible. Tandis que Marie Daniel et Fabien Mazzocco, autre promo IFFCAM, remportaient le prix Protection de la Nature avec Ô Papillons. Une légèreté de papillon pour délivrer un message lourd de conséquences : détruisez une parcelle de la chaîne de la vie et vous aurez à gérer de dramatiques contrecoups. Un film sur le lien entre homme et nature, à travers divers écosystèmes, soutenu par un message étrangement simple et compréhensible dans sa sobriété, un message fort délivré sans dogmatisme mais aussi sans faux fuyants.
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Le film espagnol de Fernando Gonzales Sitges, Los Espiritus del Congo, a reçu le prix des clubs Connaître et Protéger la nature. Un choix qui laissera peut-être perplexe, mais qui, au sein de quelques films scientifiques, faisait la part du comment connaître, quelle confiance accorder à la science ? Longtemps, le savoir des peuples de la grande forêt, dont celui des pygmées, a été mis en doute par les scientifiques venus du Nord. Ainsi en a-t-il été pour l’okapi, le gorille, l’orang-outan et l’éléphant doré, tous découverts en images au sein d’une galerie de grands explorateurs. Aujourd’hui encore, le doute scientifique a besoin de se confronter au réel pour l’éléphant pygmée ou le rhinocéros et peu d’endroits dans le monde conservent encore autant de mystères que les forêts impénétrables du Congo.
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Au cœur de nombreux films sur les Alpes, mettant en scène au fil des saisons, chocs de cornes de bouquetins, combats de tétras lyre et jeux de marmottes, c’est le film Alpes, Chroniques sauvages de Vincent Chabloz (Suisse) qui a reçu le prix Paysages. Il offre un regard tendre, simple, avec des moments drôles comme la séquence hilarante de l’hermine blanche, une dame qui ne sait vraiment pas où elle va !
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Le prix du jury, accompagné du trophée Leica, est allé à une grande saga Die Nordsee – Unser Meer, de Thoralf Grospitz et Jens Westphalen (Allemagne). Ce film de 90 minutes sur l’un des plus importants carrefours migratoires pour les oiseaux nous embarque vers les grands spots de la mer du Nord, propose des tournages d’oiseaux à couper le souffle, faisant naître la sempiternelle question « mais où peut donc être la caméra ? ». Nous y avons découvert des images sous-marines exceptionnelles sur les coraux froids et les espèces qui vivent à 1000 m de profondeur en creux des fjords. Entre nuit et fluorescence. De grands moyens techniques et financiers certes, mais des images jamais vues.
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Et puis il y a le Poulidor de l’étape ! Vous savez, celui qui est partout nominé et qui n’a pas de prix. Un petit film sur un étrange animal, le desman des Pyrénées – On l’appelle aussi rat trompette, de Nicolas Cailleret – a remporté tous les suffrages. Faisons confiance à l’avenir, son réalisateur a de beaux jours devant lui.
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Voilà ! Ménigoute prépare son trentième anniversaire, nous a fait la joie de nous dévoiler en clôture quelques extraits annonçant les futures grandes réjouissances cinématographiques de l’hiver avec Il était une forêt de Luc Jacquet avec Francis Hallé (en salle le 13 novembre) et le prochain Malaterre pour France 2 : Le plus beau pays du monde. Tous deux enfants de Ménigoute…..
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Le blog du Festival, animé par Catherine Levesque (JNE)
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