Le rendez-vous trimestriel de la SEPENES (Société d’Etude et de Protection de l’Environnement du Nord et Est Sarthe) à Coulaines (Sarthe) était consacré le 4 octobre 2013 à ces petites bêtes du sol que l’on appelle collemboles, à découvrir grâce aux photos de Philippe Caillon et au film d’André Marseul.
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par Roger Cans
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Philippe Caillon a commencé comme ornithologue à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) puis, poussé par Denis Foussard, est passé de la photo d’oiseaux à la macrophoto d’insectes, et tout dernièrement aux photos de collemboles. Il nous explique qu’il existe environ 8.000 espèces de collemboles dans le monde, que l’on retrouve aussi bien au Pôle Nord que dans l’Himalaya et le désert australien. Ce sont des animaux minuscules, de 0,5 mm à 7 mm, qui vivent chez nous cachés dans les sols humides où ils mangent les feuilles mortes et la litière végétale, qu’ils transforment en humus. Leur reproduction ne se fait pas par contact direct, mais par des spermatophores que le mâle dépose dans la litière, et que la femelle recueille ensuite pour se féconder elle-même.
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Classer ces animaux n’est pas évident, car ils ont six pattes comme les insectes, mais tiennent aussi des crustacés, dont ils seraient les descendants d’une lignée primitive… La meilleure période pour les observer est l’automne et surtout l’hiver, lorsque la température oscille entre 9 ° et 12 ° C. Certains collemboles parasitent les limaces, mais ils ont beaucoup de prédateurs : acariens, fourmis, araignées, scolopendres et divers coléoptères. Sans compter les pieds des hommes et des grands mammifères lorsqu’ils marchent dans le sous-bois et dans les zones humides…
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Pour comprendre comment fonctionne un collembole, rien de tel que le film. André Marseul, cinéaste amateur de nature, a réussi à en suivre une espèce parmi les plus visibles, dont l’abdomen arrondi est décoré d’une sorte de croix de Lorraine ou plutôt d’un cèdre du Liban stylisé, comme sur le drapeau. C’est alors qu’on découvre deux particularités qui en font des animaux tout à fait exceptionnels : ils ont d’abord sous l’abdomen une sorte de pièce à ressort qui leur permet de se déplacer d’un bond pour échapper à un prédateur ou simplement de changer d’endroit.
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C’est pourquoi la bête s’appelle springtail en anglais, ce qui signifie queue à ressort. La deuxième particularité est un double tube ventral qui permet à l’animal de sortir instantanément ce que les spécialistes appellent des collophores, à l’aspect d’antennes molles, translucides et collantes. Moyen de défense ? Bras de secours pour amortir la chute après un saut ? On se perd en conjectures devant ces espèces de cornes d’escargot qui surgissent d’un seul coup en brassant l’air…
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Afin de mieux décrire encore la bestiole, André Marseul a fabriqué une maquette baptisée Oscar, qui reproduit à grande échelle (une quinzaine de centimètres) le collembole qu’il a pu filmer (2 millimètres). Un animal haut en couleurs, dont on ne soupçonne pas au premier abord les ressources cachées.
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