En Algérie, comme ailleurs, l’éducation à l’environnement est une grande oubliée dans les débats sur l’école.
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par M’hamed Rebah
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Dans le brouhaha provoqué par la rentrée scolaire, cette année, le contenu des programmes a été éclipsé par les considérations «matérielles», voire «pondérales». Le débat a été focalisé autour de deux «surcharges» : celle des classes à cause du surnombre d’élèves qui réduit l’efficacité du travail pédagogique et celle du cartable alourdi, au point de dépasser de loin ce que l’élève peut supporter.
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La seule référence faite au contenu a trait à l’introduction dans le palier moyen, de l’enseignement de la langue italienne qui répondrait, dit-on, à un réel besoin exprimé, on ne sait comment d’ailleurs : à travers une enquête, un sondage… ?
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La discussion et les décisions qui concernent les programmes sont laissées à un Conseil national dont la création a été annoncée par le ministre de l’Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed. C’est dans cette instance que sera sans doute évaluée l’éducation environnementale introduite en 2002 dans le système d’enseignement, d’abord dans des opérations pilotes, avant d’être généralisée dans tous les établissements y compris ceux qui relèvent de la Formation professionnelle.
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Si on se base sur le comportement de tous les jours – ce qui est, en fait, le seul critère de vérité sur les résultats du système éducatif pour ce qui est de l’environnement – force est de constater que l’écocitoyenneté reste encore un objectif difficile à atteindre. Le manque de civisme est flagrant chez beaucoup de jeunes et rien, chez les adultes dont l’attitude est souvent pire, ne les encourage à changer.
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Dans tous les pays du monde, un jardin public est le lieu vers lequel on se dirige pour y trouver le calme et la tranquillité. C’était d’ailleurs ainsi par le passé en Algérie, à un moment où personne ne parlait d’écologie et encore moins d’éducation environnementale à l’école. Depuis quelque temps, ces lieux de repos peuvent à tout moment être occupés par des jeunes qui assourdissent, à n’importe quelle heure de la journée, à coups de «derbouka» (instrument de percussion répandu dans toute l’Afrique du Nord), les gens paisibles qui croyaient y trouver le calme. Aucune autorité et encore moins un «simple» adulte n’osent les rappeler à l’ordre.
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Par quel établissement scolaire, ces jeunes sont-ils passés ? On nous dit que l’éducation environnementale a été introduite dans les plus de 25 000 établissements qui relèvent de l’Education nationale. Ce n’est pas la seule preuve de l’échec de cette opération. Comment peut-il en être autrement quand les écoles sont «encerclées» par les tas d’ordures que les voisins jettent sans que personne n’intervienne pour mettre fin à cette situation que les enfants finissent par trouver «normal»… dans notre pays, précise-t-il, ils savent très bien qu’ailleurs un tel spectacle n’existe pas.
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Le besoin de modifier ces comportements avait amené le ministère chargé de l’Environnement et le ministère de l’Education nationale à signer un « protocole d’accord pour la mise en œuvre d’un programme de renforcement de l’éducation à l’environnement dans le cursus scolaire et la création d’activités complémentaires dans les établissements scolaires ». C’était en avril 2002 et l’opération fut engagée dès la rentrée suivante 2002-2003 sous la supervision d’une commission interministérielle de coordination et de suivi du programme. Des dizaines de milliers de guides et de mallettes ont été distribués comme supports pédagogiques. On peut se demander s’ils ont été produits à la mode «écologique », c’est-à-dire avec du papier recyclé, dans des ateliers aux normes environnementale… Et, quand ils sont devenus déchets, est-ce que le papier et le carton ont été récupérés… Que de questions !
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Cet article est paru dans Reporters (quotidien algérien).
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