La parution d’un ouvrage de Georges Balandier est toujours un évènement. L’anthropologue a inscrit ses premières réflexions en observant les sociétés africaines, et son itinéraire a désormais construit un lien pour une compréhension des sociétés modernes et post-industrielles.
On comprend avec ce pont jeté par-dessus la Méditerranée, que la pensée de Georges Balandier est riche, émaillée de questionnements : « La science perd l’harmonie (…) Elle a repoussé le mythe et ses raisons vers un passé aboli ». Et pourtant, « Le mythe est la première des tentatives de mise en ordre du monde, de pensée de cet ordre ; il reparaît comme un recours lorsque les moyens de la rationalité, ses instruments, perdent leur prise sur un ordre défait. »
Dans ses réflexions, on retrouve la recherche d’identification des différentes figures des sociétés, des lieux où s’exercent des puissances qu’elles soient de nature scientifique ou du sacré ; l’un ayant peut-être accaparé la place de l’autre, restée vacante. Ses préoccupations vont à l’interrogation humaine qui permet de mettre à jour les problèmes ; interrogation portant en elle la croyance qu’il peut exister des réponses pertinentes. Or on constate que les instruments scientifiques, techniques, et technologiques, que les technocraties bureaucratiques, médicales, et psychologiques, sont incapables de résoudre la dimension symbolique du désir et du lien social.
C’est le sentier d’une vie que jalonne « Du social par temps incertain », un livre qui invite à un cheminement, comme une conversation. Le lecteur retrouvera dans la partie cinq sous le titre « La nature dans tous ses états », un extrait d’article : « (…) Une certitude cependant : la nécessité d' »une véritable prise en charge politique de la nature ». L’écologie politique le tente : son avancée reste lente, insuffisamment éclairée parce que le savoir est incomplet, et entravée par les pièges politiciens. » Un ouvrage à lire sans tarder.
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Editions Presses Universitaires de France, 320 pages, 22 € – www.puf.com
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(Marie-Hélène Léon)