La journée sans voiture qui était prévue initialement, pour cette année, à Blida, a finalement été organisée vendredi 13 septembre à Alger-centre pour la sixième fois, sans que l’on sache pourquoi la délocalisation vers la Ville des Roses a été abandonnée.
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par M’hamed Rebah
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L’opération a été annoncée 48 heures avant et a été confinée dans un petit périmètre d’Alger-centre et pour une durée limitée (8 h à 16 h, selon le communiqué des organisateurs) et encore, pas absolument « sans voitures », mais presque, comme d’habitude.
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Cette initiative est née, loin de chez nous, en Islande, en 1996, lorsque les autorités de ce pays ont voulu encourager les citoyens à se déplacer avec des moyens plus verts. Depuis, elle s’est étendue et touche actuellement plus de 2150 villes dans le monde. Pour comprendre le concept de cette manifestation par essence écologique et accessoirement ludique, il y a des références comme Villeray, par exemple, au Canada. Ce quartier de Montréal a organisé la « Journée en Ville sans ma voiture » le 21 septembre. Dans quel but ? Les organisateurs canadiens répondent : « sensibiliser les gens aux effets néfastes de l’utilisation abusive de l’automobile sur la qualité de vie urbaine telle que la pollution sonore ou la pollution de l’air ».
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Le principe de la journée sans voiture est celui de la journée sans pollution sonore et sans pollution de l’air. C’est ainsi partout, sauf à Alger où le bruit est, semble-t-il, fatal. Dans notre capitale, aucune activité environnementale ne peut se tenir sans bruit. Selon une conception singulière de l’écologie qu’ont les organisateurs algériens de la journée sans voiture, la pollution sonore ne fait pas partie des nuisances qu’il faut éliminer. Au contraire, ils en rajoutent plus qu’une louche en mettant la sono à fond la caisse sans tenir compte des riverains qui constatent que « journée sans voiture » égale « journée de la nuisance sonore » et qui attendent avec impatience la fin de cette activité pour que le bruit cesse, les nuisances du trafic automobile étant plus supportables, pensent-ils, que le volume d’une sono incontrôlée.
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Visiblement, les organisateurs d’« Alger sans voiture » confondent musique de fond avec cacophonie. De plus, il s’agit d’une violation flagrante de la loi sur l’environnement qui exige une étude d’impact pour toute activité bruyante sur la voie publique. Nul n’est censé ignorer la loi, seulement « certains » pensent que, du fait de leur position dans la hiérarchie de l’Etat, ils sont au-dessus de la loi. Pour eux, la justification de ce « dépassement » est d’ordre pratique : plus il y a de bruit et plus il y a de monde, c’est cette équation qui détermine la puissance du volume sonore des haut-parleurs posés sur le sol d’Alger.
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Regardons en France, dont on a essayé de copier le modèle de « journée sans voiture » sans comprendre ni assimiler suffisamment le concept : le 15 septembre, à Lanester (Morbihan), la municipalité a organisé une journée sur le thème de l’éco-mobilité. « La circulation sera fermée sur un boulevard le long d’une rivière. Les gens troqueront leur voiture contre un vélo, un bateau ou même un cheval. Des randonnées à pied ou à vélo permettront de découvrir le patrimoine de la commune (lavoirs, base des fusiliers marins…) », a annoncé un communiqué des organisateurs.
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En Chine, la « journée sans voiture » qui a eu lieu le 22 septembre vise à favoriser la promotion du « trafic vert » et lutter contre la pollution atmosphérique. La Chine a organisé à 6 reprises une « journée sans voiture » depuis 2007 et 153 villes y ont participé.
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Partout le ton de cette initiative est « vert », c’est-à-dire la couleur de l’écologie qui exclut le bruit.
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Enfin, tous les Algériens savent que leur gros problème d’environnement, à Alger plus qu’ailleurs, est celui de la saleté des villes et des ordures partout, plus perceptible que celui de la pollution de l’air. Alors, après la journée sans voiture, pourquoi ne pas organiser une journée « Alger sans ordures » ? Et à quand une journée sans bruit ?
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Cet article est paru dans Reporters (quotidien algérien).
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