L’uranium appauvri est un métal très dur et très dense. Utilisé comme pointe d’une balle ou comme tête d’un obus, il est capable de traverser un premier tank, puis un deuxième. Les militaires américains considèrent les munitions à l’uranium appauvri comme une arme magique. Les Français aussi. Mais les scientifiques affirment que les conséquences sanitaires et écologiques sont catastrophiques. Jacques Charmelot (auteur) et François Chayé (réalisateur) ont mené l’enquête. Leur documentaire est diffusé sur France 5.
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par Danièle Boone
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Jacques Charmelot et François Chayé se sont rendus à Bassorah en Irak, là où les armes à l’uranium appauvri ont été utilisées pour la première fois. Plus de vingt ans après, les médecins de l’hôpital central constatent la multiplication par quatre du nombre de cancers. Les épaves des chars n’ont pas bougé et continuent de distiller leur poison: les nanoparticules toxiques dégagées par l’uranium appauvri sont inhalées ou ingérées et contaminent l’organisme.
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L’enquête les a mené aussi en Yougoslavie où l’usine d’armement serbe d’Hadzici, près de Sarajavo, est la cible à répétition des avions de l’Otan. Elle a reçu 4000 obus à l’uranium appauvri. La plupart des ouvriers sont morts de cancers et, aujourd’hui, la population civile est, elle aussi, touchée. En Italie, le contingent de soldats italiens envoyés au Kosovo en 1999 a été également contaminé. D’ailleurs, c’est dans ce pays que, pour la première fois, des responsables politiques exigent des comptes à l’Otan, tandis qu’une loi reconnaît les effets nocifs de l’uranium appauvri sur la durée.
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Une résolution du 22 mai 2008 votée par le Parlement européen affirme que « l’emploi d’uranium appauvri dans les conflits viole les règles et principes fondamentaux consacrés par le droit international humanitaire, écrit et coutumier ». La France s’y est toujours opposé et pour cause, elle est l’un des quatre plus gros producteurs d’armes à l’uranium appauvri avec les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Selon Gérard Gachet, l’ex-porte-parole du ministère de la Défense, encore en poste au moment du tournage, « aucune étude n’a démontré une quelconque conséquence nocive à long terme pour la santé et l’environnement ».
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Pourtant, les scientifiques et certains anciens responsables du Pentagone sont formels. L’uranium appauvri cumule tous les dangers : c’est un émetteur alpha, or les rayonnements alpha sont ceux qui font le plus de dégâts en interne. De plus, c’est un métal lourd qu’on va garder en soi, métaboliser dans son organisme pendant des durées très longues. En effet, pour qu’il perde la moitié de son activité, il faudrait attendre 4,5 milliards d’années, l’âge de la Terre.
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Le coût de nettoyage d’une zone contaminée rend difficilement envisageable la réhabilitation des champs de bataille. De plus, on ne sait pas faire. Pour les utilisateurs politiques et militaires, il est donc admis que les zones où a été utilisé ou stocké l’uranium appauvri sont purement et simplement sacrifiées au nom de la dissuasion nucléaire.
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Bien qu’aujourd’hui, la nocivité à long terme de ces armes soit connue, la position française ne change pas. Pour les gouvernements successifs, de droite ou de gauche, elles représentent une bien trop grosse manne. Et d’ailleurs, même si beaucoup de gens l’ignorent, ces armes sont même essayées à l’air libre au Polygone de tir de Bourges avec pour conséquences, entre autres, la multiplication de cancers dans la zone en question. Mais c’est un autre sujet !
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Documentaire de Jacques Charmelot (auteur) et François Chayé (réalisateur). Production Daniel Renouf – Sylvie Steinebach, SystemTV – 52 minutes.
A voir sur France 5 le samedi 17 août à 19 h.
Rediffusions : 26 août à 14 h 35 et 4 septembre à 0 h 40.
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Contact presse : Sophie Montani. Tél. : 01 55 38 20 20 – sophie@systemtv.fr