Le P-DG de Sonelgaz (Algérie) confirme : adieu, Desertec

La confirmation de l’abandon de l’idée de Desertec par ses promoteurs, est venue du président-directeur général de Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, très bien placé pour connaître ce dossier.

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par M’hamed Rebah

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Il en a même donné l’explication, au cours d’un point de presse tenu à l’occasion de la présentation du bilan 2012 de son groupe. Cette explication est toute simple : une directive de l’Union européenne n’autorise l’importation de l’énergie renouvelable qu’en cas de déficit de production en Europe. Les agences de presse ont récemment rapporté que les patrons des huit grands groupes énergétiques (le français GDF-Suez, les allemands EON et RWE, le néerlandais GasTerra, les italiens Enel et Eni, et les espagnols Iberdrola et GasNatural Fenosa) estiment qu’il y a échec, qu’ils dénoncent, de la politique énergétique menée jusqu’à présent dans l’UE, et ont appelé à l’arrêt des aides publiques aux énergies renouvelables qui «ajoutent des surcapacités aux surcapacités».

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Dans les faits, les pays européens, comme l’Espagne, excédentaire en énergies renouvelables, n’est pas favorable au passage de l’électricité solaire venant d’Algérie, et même du Maroc, à travers les interconnexions électriques, parce qu’elle ne veut pas que ces pays la concurrence sur production électrique. L’Europe a actuellement un excédent de production dans les énergies renouvelables, a fait savoir Noureddine Bouterfa, qui cite l’exemple du Portugal qui dispose d’un excédent de 3.000 MW d’électricité renouvelable.

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D’où la directive de l’UE imposant des restrictions à l’importation de l’énergie renouvelable, ce qui amenuise les chances d’exportation de l’électricité solaire vers le marché européen. Cela signifie, souligne le P-DG de Sonelgaz, qu’il n’y a pas de débouchés à l’exportation pour l’initiative industrielle de Desertec (DII), qui devrait produire à l’orée de 2050 la moitié des besoins en électricité du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Europe. Il en conclut que l’UE n’a pas la volonté de voir le projet Desertec se concrétiser.

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Le P-DG de Sonelgaz a soulevé le problème de l’impact de l’abandon de Desertec sur le projet commun de 1 000 MW d’origine renouvelable, lancé dans le cadre de partenariat conclu entre son Groupe et DII en décembre 2011. Sonelgaz a terminé l’étude faisabilité de ce projet mais se pose des questions sur la suite à lui donner. Sera-t-il abandonné ?

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Noureddine Bouterfa parle d’une possibilité de réorienter vers les Italiens, le partenariat compromis avec Desertec. L’Italie, explique-t-il, est le seul pays qui affiche un déficit et qui peut constituer un débouché important pour les pays producteurs dans le cadre de Desertec. Seulement, l’écueil financier semble infranchissable. Il faut un investissement d’un montant de 2 milliards d’euros pour transporter l’électricité vers ce pays à travers des interconnexions électriques. Le contexte difficile que traverse le secteur de l’énergie renouvelable en crise en Europe, comme le montrent les cessations d’activités dans ce créneau. Il est fort probable que ce projet soit abandonné ou, dans le meilleur des cas, modifié, pour être intégré au programme national de développement des énergies renouvelables, donc avec financement algérien, mais destiné à la consommation interne et non à l’exportation.

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Il n’est pas surprenant d’apprendre que l’UE a décidé d’imposer des droits de douane sur les panneaux solaires importés de Chine. Cette information annoncée par le commissaire européen au Commerce Karel De Gucht, confirme la volonté de Bruxelles de mettre à exécution sa menace de sanctions contre les fabricants chinois qu’elle soupçonne de dumping. Les droits de douane seront fixés à 11,8 % dès jeudi mais ils pourront être portés à 47,6 % en moyenne le 6 août si aucun accord n’est conclu d’ici-là avec Pékin, a précisé Karel De Gucht.

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Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters.

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