La pluie et le beau temps, sujet inépuisable… Tout particulièrement cette année !
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par Roger Cans
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Tout l’hiver, dans mon jardin sarthois, les primevères et les pâquerettes ont fleuri, faute de froid vraiment rigoureux. Et les perce-neiges ne se sont pas montrés. Nous avons eu un mois de janvier frais et humide. Un mois de février frais et humide. Et tout à l’avenant jusqu’à l’été, qui a commencé frais et humide ! Le réchauffement climatique de la planète ? Allez savoir !
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Une certitude : en cette année 2013, rien ne se passe normalement chez nous dans la nature. Nous avons eu les giboulées de mars en mai. Et le calendrier habituel a été chamboulé. Certes les hirondelles sont bien arrivées en avril et les chauves-souris sont sorties de leur léthargie, mais quelle galère pour trouver pitance ! Le muguet, pour une fois, n’avait pas trop d’avance et même plutôt un léger retard. Ce qui ne m’a pas empêché de retrouver un brin fleuri le 15 juin, parce qu’il était enfoui sous la végétation.
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Les orchidées fleurissent en juin au lieu de mai. Les hortensias sont toujours en boutons. Les cerises, privées de chaleur et gorgées d’eau, éclatent ou pourrissent. Les noix restent minuscules, pas plus grosses que des olives. Et je trouve des champignons insolites dans ma pelouse, des helvelles mitre d’évêque (Helvella lacunosa), qui sortent d’habitude en octobre ! Privés de chaleur et de sécheresse estivales, qui les obligent d’ordinaire à attendre les premiers orages pour sortir, les champignons poussent dès juin aux rares jours de chaleur, complètement à contretemps. Et l’on a vu les vaches refuser d’aller au pré, trop boueux, obligeant les éleveurs à puiser dans leurs réserves de foin d’hiver pour les nourrir à l’étable !
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On s’est réjoui en montagne de l’abondance de la neige, qui a permis aux stations de ski de faire le plein toute la saison d’hiver et de printemps, voire en début d’été dans les Pyrénées. Mais quelques jours de chaleur ont suffi pour faire payer aux habitants la rançon de cet enneigement inespéré et de ces pluies de printemps trop abondantes. Inondations, coulées de boues et glissements de terrain ont ponctué l’actualité de nos montagnes. Même Lourdes s’est vu refuser le moindre miracle…
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Les mauvais esprits attribuent ce phénomène à l’élection de François Hollande, bénie dès le 6 mai 2012 par la pluie, et depuis trop souvent accompagnée par des averses intempestives, y compris dans les pays arides ! Mais soyons sérieux : cette année pluvieuse aura au moins eu le mérite de recharger les nappes phréatiques, puisque les pluies ont eu la bonne idée de tomber en hiver, lorsque l’évaporation est quasi nulle et que la végétation est en dormance. C’est un rattrapage attendu depuis plusieurs saisons. Que les planteurs de maïs aient eu des champs inondés, tant pis pour eux : les céréales plantées dès l’hiver ont mieux tenu, car elles couvrent la terre et absorbent l’eau pour pousser dès le printemps venu. Vive le blé, l’orge et les prairies naturelles, seules capables d’absorber les pluies de printemps !
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Conclusion : malgré les progrès de la science météorologique, malgré les alertes dûment diffusées, nous sommes encore trop insouciants à l’égard des caprices de la nature. Nous construisons toujours en zone inondable, nous imperméabilisons toujours à tour de bras, nous préférons le maïs aux prairies naturelles ou aux céréales. Bref, nous offrons à la nature des verges pour nous faire battre.
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