A propos du Millénium de l’eau

Voici le compte-rendu d’un atelier qui se tenait le 20 mars 2013 au Centre d’accueil de la presse étrangère (CAP) du Grand Palais, organisé par l’AJE (Association des journalistes de l’environnement).

.

par Roger Cans

.

Alain Boinet, représentant de l’association Solidarités international, présente l’action de son ONG, qui intervient en cas de crise, de conflit ou de catastrophe naturelle. L’association a aujourd’hui 18 missions à travers le monde, qu’il s’agisse d’eau, d’assainissement ou d’hygiène.

.

Dernières missions en date : Haïti, Soudan, Congo Brazza, Congo Kinshasa, Pakistan. « Notre problème, c’est d’assurer la pérennisation des installations d’urgence, et donc d’obtenir l’appropriation des installations par la population. » L’ONU se félicite d’avoir dépassé ses objectifs en affirmant que, en 2012, il n’y a plus que 783 millions d’habitants de la planète (11 %) qui n’ont pas accès à l’eau. Mais cela ne correspond pas à la réalité, car il ne faut pas confondre l’eau améliorée (distribuée au robinet de quartier) et l’eau potable (qu’on peut boire sans risque). En 2004, on a dénombré 3,2 millions de morts par l’eau. « Nous estimons, nous, que 3,3 milliards d’habitants ont accès à une eau dangereuse à boire ».

.

Cassilde Brénière, qui représente l’Agence française de développement (AFD), souligne que tout le monde doit avoir accès à l’eau, élément vital. Mais l’eau est souvent loin, et pas améliorée, donc dangereuse à boire. Le grand problème, c’est l’assainissement et l’épuration des eaux usées. Pivot de la coopération française, l’AFD finance l’accès à l’eau de 800.000 personnes et l’assainissement de 500.000 autres. Au Congo Kinshasa, à la frontière du Burundi, c’est un enjeu de lutte contre le choléra. Le problème, effectivement, c’est l’entretien des installations, et donc le financement local. La régie des eaux locale ne fournit l’eau que par intermittences. L’association OXFAM pratique là-bas la chloration au seau pour 150.000 personnes. Le chlore tue les germes, mais ne rend pas l’eau vraiment potable. Et cela revient plus cher que la fourniture d’eau en continu.

.

Mathieu Lecorre, représentant du GRET (ONG de développement française), rappelle que la Coalition Eau est née à Mexico et réunit aujourd’hui 35 ONG. « L’accès à l’eau ne veut rien dire. En Afrique, le continent le plus en retard, le marigot est souvent à plusieurs kilomètres. La pompe à main à 500 m représente un grand progrès. Mais l’eau n’est toujours pas à domicile ». La situation est pire en matière d’assainissement. Même en Europe, où 20 millions d’habitants ne sont pas raccordés !

.

Jean Hartz, élu de la Communauté d’agglomération d’Evry (Essonne), présente l’exemple de coopération décentralisée menée depuis 1990 entre sa collectivité et la ville de Kayes, au Mali. Il reconnaît que, dans les débuts, des erreurs ont été commises : dons d’argent ou de matériel sans suivi. « Aujourd’hui, on ne donne plus d’argent, mais on forme des personnels ». La coopération repose aujourd’hui sur un agent qui a travaillé quatre ans à Saint-Louis du Sénégal et deux ans à Kayes. Deux rues ont été aménagées en ville avec robinets, puisards, mini égouts et pavage. Les riverains paient le service. Un lagunage est prévu pour préserver le fleuve Sénégal. A Bamako, on dénombre chaque année 150.000 à 200.000 nouveaux habitants. Ils sont logés dans des concessions sans aucun aménagement pour l’eau.

.

Christophe La Jallé, chargé de l’objectif du Millénium de l’eau, estime que les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement) sont très utiles. En 2000, ce fut l’eau, en 2002, l’assainissement (au sommet de Johannesburg), et en 2008, la mise en route du programme. « L’important n’est pas de faire du chiffre, mais de sensibiliser les populations et d’accompagner les infrastructures ». L’ONU a eu tort d’annoncer l’an dernier des objectifs dépassés. L’Afrique et l’Asie centrale sont très en dessous des objectifs à atteindre.

.