Un écosystème unique au monde est menacé par un projet de route nationale et de voie ferrée qui couperaient la plaine du Sérengéti dans sa partie nord, près de la frontière du Kenya.
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par Jean-François Noblet
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Il faut avoir vu cela dans sa vie : vous êtes dans le Parc national du Sérengéti, au nord de la Tanzanie. C’est une immense plaine herbeuse parcourue par quelques rivières bordées d’arbres. Il n’y a rien qui gâche l’horizon à perte de vue. Pas de constructions, de pylônes, de routes, de déchets et de panneaux publicitaires. Pas de lumière la nuit, excepté celle des étoiles et de la lune.
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Là vit une incroyable diversité de faune sauvage et quelques tribus Masaï en bordure. On se croit revenus au premier temps du monde, au paradis terrestre. Des millions de gazelles, antilopes, gnous, éléphants, zèbres se baladent librement, uniquement perturbés par les prédateurs naturels (lion, guépard, léopard…). Le tourisme écologique est l’une des principales richesses économiques du pays et il faut avoir eu la chance d’assister à la grande migration des gnous pour comprendre l’importance mondiale de la menace qui pèse sur ce site magique.
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Près de 2 millions de gnous accompagnés de gazelles et de zèbres changent régulièrement de pâturages en fonction de la saison des pluies et viennent de la réserve de Masaï Mara au Kenya voisin pour descendre au sud du Sérengéti. Aussi, au début de cette migration, vous pouvez voir apparaître à l’horizon des centaines de milliers de gnous qui défilent en immenses files indiennes et qui, petit à petit, remplissent la plaine en beuglant. C’est le plus grand et émouvant spectacle animalier du monde. Etre là à ce moment est inoubliable et vous marque pour toute votre vie car personne n’imagine que cela puisse encore exister.
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Eh bien, ce spectacle, cette richesse écologique et touristique, cet écosystème unique au monde, est menacé par un projet de route nationale et de voie ferrée qui couperaient la plaine du Sérengéti dans sa partie nord, près de la frontière du Kenya. Une entreprise chinoise a proposé de créer cette nouvelle voie ferrée. Le président de Tanzanie soutient le projet. Ce serait la fin du Parc national et un obstacle à la migration des gnous. Ce seraient des implantations de villages en bordure, la pollution et les déchets. Ce serait surtout la violation d’un sanctuaire de l’humanité et la fin des illusions des protecteurs de la nature.
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Personne ne remet en cause la nécessité de permettre une liaison correcte entre la côte tanzanienne, Dar Es Salaam, avec les rives du lac Victoria et l’Ouganda et il n’est pas question ici d’interdire le développement légitime de ce pays.
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Mais de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour proposer des solutions épargnant le parc national du Sérengéti et la migration des gnous. Le gouvernement allemand propose plusieurs millions d’euros pour développer les villages en bordure du parc et a écrit récemment au gouvernement tanzanien pour financer une route alternative située au sud du parc.
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Une organisation africaine de protection de la faune a obtenu un jugement hostile de la haute cour de justice africaine condamnant le projet de route du Nord. Birdlife international, la société zoologique de Francfort interviennent et une association spécialisée a été créée (savetheserengeti.org).
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Aussi, je vous supplie de prendre le temps d’écrire à Mme Begum Karim Taj, ambassadrice de Tanzanie en France, 13 Av Raymond Poincaré, 75116 Paris, mail : ambtanzanie@wanadoo.fr, pour lui demander de transmettre au gouvernement tanzanien notre crainte de voir se réaliser les projets de route et de voie ferrée à travers le Parc National du Sérengeti.
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J’ai toujours gardé l’espoir d’un sursaut de l’humanité pour pouvoir survivre sur une planète préservée malgré les mauvaises nouvelles qui se multiplient, mais la destruction inutile de l’écosystème du Sérengéti, qui a nourri et hébergé les premiers hommes sur Terre, me plonge dans le plus profond désespoir et une immense colère. Puisse ce message vous mobiliser !
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Retrouvez ici Jean-François Noblet sur son site.
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merci à Géo Monde d’ajouter le nom de l’auteur de l’article : Jean-François Noblet !