Rio+20 : en attendant les autres méga-évènements…

Malgré quelques critiques adressées au gouvernement brésilien pour son manque d’audace pendant la Conférence, la page de Rio+20 a rapidement été tournée. L’opinion publique est en effet déjà tournée vers les autres grands rendez-vous que la ville de Rio accueillera dans les prochaines années.

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par Jean-Claude Gerez

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La scène se passe le 3 juillet 2012 dans le théâtre Tom Jobim, situé au coeur du Jardin Botanique de Rio de Janeiro. Quelques jours à peine après la clôture du Rio+20, le tout puissant groupe de presse Globo y organise un séminaire baptisé « l’Héritage de Rio+20 » auquel participe un public trié sur le volet, composé de représentants de grandes entreprises, d’institutions et de personnalités politiques.

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Izabella Teixera, ministre de l'environnement du Brésil - DR

Invitée d’honneur, Izabella Teixeira, la ministre de l’Environnement brésilienne, commence son intervention en lisant à haute voix quelques titres d’articles, franchement critiques, publiés à l’issue de la Conférence de l’ONU. Puis elle s’interrompt et sourit. « Mesdames et messieurs, ces articles ont été publiés à la fin de la Conférence de… 1992 ! Si je me suis livrée à cette petite plaisanterie, c’est pour vous rappeler que la critique est ponctuelle et qu’une analyse correcte de l’héritage de Rio+20 demande un temps historique différent. »

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La sortie d’Izabella Teixeira n’a évidemment rien de fortuit. Sitôt la Conférence de l’ONU terminée, la ministre a été en effet, tout comme la présidente Dilma Rousseff, la cible de multiples critiques au Brésil sur le manque de « vrais » engagements. A commencer par celle émanant d’Eduardo Viola, professeur de Relations Internationales à l’Université de Brasilia et reconnu comme étant l’un des meilleurs spécialistes en négociations climatiques du pays. « Le Brésil aurait être beaucoup plus offensif, a-t-il déploré, en appuyant notamment la proposition de l’Union Européenne de créer une Organisation Mondiale de l’Environnement. Mais le conservatisme du gouvernement dans les négociations a été l’un des motifs de l’absence de résultats. » Une vision partagée par la société civile brésilienne dans son ensemble, qui a dénoncé « la volonté de boucler coûte que coûte un accord, fût-il vide ou presque, pour laisser croire que le Brésil avait aujourd’hui une position de leader incontournable. »

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En attendant, l’opinion publique brésilienne, elle, a rapidement tourné la page du Rio+20. Les actualités politiques (scandale de corruption politique) et sportives (football, bien sûr !) ont repris sans tarder leur place de choix sur les écrans de télévision et les unes des journaux. Les rares retours sur la Conférence de l’ONU ont plutôt été de nature à vanter le bien fondé de l’organisation d’un tel évènement à Rio de Janeiro. D’autant que la cité « merveilleuse » accueillera dans les trois prochaines années les Journées Mondiales de la Jeunesse (2013), quelques matches de la Coupe du Monde (2014) et les Jeux Olympiques (2016). De quoi drainer toujours plus de touristes et doper ainsi le commerce (+6 % durant Rio+20, d’après le syndicat des commerçants de Rio) et l’activité hôtelière.

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Certes, les critiques n’ont pas manqué sur les difficultés des transports urbains, les prix élevés et la difficulté à communiquer. Mais une grande majorité des participants à la Conférence a déclaré vouloir revenir afin de mieux connaître le pays. C’est en tout cas ce que révèle une enquête réalisée auprès de 228 personnes étrangères (101 journalistes et 127 représentants de délégations). 97 % des personnes interrogées par l’Institut Brésilien du Tourisme (Embratur), ont assuré qu’ils reviendront faire du tourisme au Brésil et 60 % d’entre eux ont même indiqué repartir avec une meilleure image du pays.

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