Voici un article publié dans La Nouvelle République (Algérie) du lundi 25 juin 2012.
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par M’hamed Rebah
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L’Algérie rejette la taxe carbone. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, présent à la Conférence Rio+20, l’a implicitement annoncé en déclarant que « l’Afrique refuse d’être taxée pour les émissions de gaz a effet de serre, produites par les pays développés ». Il estime que l’impact financier du changement climatique doit être pris en charge selon le principe du «pollueur-payeur».
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Le ministre algérien a rappelé que les pays développés sont à l’origine du changement climatique actuel, dont les effets négatifs grèvent les budgets des pays les moins avancés et constituent des goulets d’étranglement pour leur développement. Il affirme à ce propos que « l’Algérie reste solidaire avec ». Le ministre a évoqué la « responsabilité historique » des plus grands émetteurs de carbone. Les pays industrialisés doivent, en quelque sorte, « se racheter » en apportant un soutien financier aux pays en développement par un traitement courageux et volontaire de la dette des Etats et par le transfert gratuit de compétence et de savoir-faire.
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L’Algérie est concernée par la taxe carbone que l’Union européenne veut imposer aux compagnies aériennes opérant sur son territoire pour réduire les gaz à effet de serre émis par le transport aérien. Cette disposition, entrée en vigueur théoriquement le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l’Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l’équivalent de 15 % de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique. Dans le cadre du Système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre de l’UE (Seqe), environ 4 000 compagnies aériennes devraient, selon les estimations, acheter à l’UE des permis de polluer. Il y a quelques mois, le ministre algérien des Transports avait fait savoir que la compagnie Air Algérie ne payait pas encore cette taxe.
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On sait que de nombreux pays et compagnies, en tête la Chine, refusent de s’en acquitter. Un législateur chinois a déclaré que les compagnies aériennes chinoises s’opposaient fermement à la décision de l’UE d’inclure l’industrie de l’aviation chinoise dans son système de commerce des droits d’émission, estimant cela non conforme aux conventions internationales. La Chine considère que la démarche unilatérale de l’UE va à l’encontre du principe d’équité respecté par les organisations internationales de l’aviation civile.
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Au début de cette année, près de 30 pays avaient signé une déclaration à Moscou exprimant leur opposition à ce projet de taxe carbone.
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