Rio+20 : un vent de scepticisme

 


par Olivier Nouaillas
vice-président des JNE

Pourquoi le cacher ? A moins d’une semaine de son ouverture officielle, le Sommet de la Terre Rio+20 suscite beaucoup de scepticisme. Tout le contraire de l’enthousiasme – un peu naïf avec le recul du temps – qui avait précédé le sommet de Copenhague en 2009. Souvenez-vous, il s’agissait alors pour tous les chefs d’Etat (Obama, Hu Jintao, Lula, Sarkozy, etc.) réunis dans la capitale danoise de « sauver la planète » en limitant la hausse des températures à 2° C. Mais si le danger du réchauffement climatique fut reconnu par tous, aucune mesure contraignante de réduction des gaz à effet de serre ne fut décidée. Ceci alors que le protocole de Kyoto vient à expiration fin 2012. Même chose pour le Fonds mondial vert, un transfert de technologies du Nord vers le Sud, dont le principe fut certes acté à Copenhague, mais dont pas grand chose des 100 millions d’euros promis d’aides annuelles, n’a été, pour le moment versé.

 

Aujourd’hui, Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU, ne cache pas son inquiétude. « Nous devons décider si nous voulons aller vers la prospérité commune ou vers des conséquences très négatives, tragiques pour l’humanité » a-t-il averti. En effet, la planète a des limites et nous devons faire quelque chose pour les générations futures ». Même son de cloche à Paris, où François Hollande, notre nouveau président de la République, avant son départ pour Rio, a pointé « le risque de l’échec (…) qui peut être une tentation commode d’ignorer les périls ». Jusqu’à Nicolas Hulot qui, en confiant qu’il n’irait pas cette fois à Rio, a, lui, déclaré : « Cela ne sert à rien d’aller à Rio pour constater l’incapacité de nos états à coordonner leurs volontés. Mieux vaut mieux un crash diplomatique que des engagements mous ».

 

Dans ces circonstances, le fait que notre association, les Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE), ait décidé d’organiser un voyage, permettant à une quinzaine de journalistes appartenant à des rédactions très diverses (Le Monde, Libération, les Echos, France-Culture, mais aussi la Vie, Politis, Basta !, Gaïa Network ou encore la Gazette du Nord-Pas-de-Calais) de couvrir ce Sommet de la Terre à Rio tient un peu de la gageure. Pourtant, plus que jamais, notre rôle de journalistes est d’informer les opinions publiques sur les enjeux environnementaux planétaires. Car sous les coups de butoir de la crise économique et financière, la troisième crise, écologique celle-là, a disparu des écrans radars de la plupart des hommes politiques. On a pu le constater en France lors de la dernière campagne présidentielle. Un paradoxe d’autant plus préoccupant que tous les clignotants (réchauffement climatique, perte de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles) sont au rouge.

 

De plus, les plus anciens des JNE peuvent en témoigner, un Sommet de la Terre ce n’est pas que les tractations diplomatiques des chefs d’Etat et de gouvernements. C’est avant tout un extraordinaire foisonnement de rencontres, d’idées et d’initiatives. Avec notamment les collectivités locales, mais aussi les ONG qui seront à la fois présentes au Sommet de la Terre officiel (20/22 juin) mais surtout au Contre-sommet des Peuples (15/23 juin), qui se dérouleront en même temps à Rio. Et n’oublions pas ce slogan, si juste, entendu dans les rues de Copenhague : « il n’y a pas de planète B ». Rendez-vous donc sur le site des JNE pour vous faire vivre ce cinquième sommet de la Terre pendant quinze jours.

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.Cet éditorial, comme tous ceux de ce site, n’engage que son auteur.

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Retrouvez Olivier Nouaillas sur son blog de la Vie.

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