En Europe, l’Espagne est l’un des pays méditerranéens comptant le plus de loups.
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par Christine Virbel
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Le loup ibérique (canis lupus signatus) est une sous-espèce endémique à la péninsule, de taille légèrement plus petite que le loup européen. Il ressemble à un berger allemand massif à la tête un peu plus large, avec des taches noires sur les pattes avant. De tout temps, le loup a été présent en Espagne et au Portugal, mais la quasi-extinction des grands ongulés (proies principales du loup) dans la péninsule ibérique aux XVIIIe et XIXe siècles a entraîné des attaques de troupeaux de moutons et un accroissement de la chasse au loup par les hommes.
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Associée à une expansion des villes, cette chasse et la diminution des ressources habituelle du loup ont fait que l’espèce avait presque disparu dans les années 1970, à l’exception des Pyrénées et de quelques exemplaires en Sierra Morena à l’extrême sud du pays.
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Selon le ministère de l’environnement espagnol, il y avait entre 1500 et 2000 loups en Espagne en 1988 (les associations environnementales parlent plutôt de 1500 en ce début de XXIe siècle), essentiellement dans le Nord-Ouest du pays : Cantabrie, Asturies, Galice, Castille, Leon et dans les Pyrénées. On en trouve quelques exemplaires plus au sud, en Extremadure et en Sierra Morena, mais l’espèce a presque disparu en raison de la destruction de son habitat naturel, de la chasse officiellement autorisée et des atteintes directes ou indirectes par empoisonnement notamment (l’empoisonnement servant régulièrement à lutter contre les petits rongeurs dans les cultures, mais tuant aussi renards et oiseaux de proie qui ingèrent les rongeurs contaminés).
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Une présence nouvelle a toutefois été observée dans la Rioja, en Aragon, en Catalogne (une dizaine de loups venus de France) et au Pays Basque et même dans les montagnes de la province de Madrid. Même s’il est reconnu comme espèce en danger ou vulnérable depuis 1995, le loup peut être chassé dans le Nord du pays, sauf en Catalogne. En effet, au nord, le loup cause parfois des dommages aux troupeaux de moutons. Il peut également attaquer des poulains ou des veaux lorsque ceux-ci ne sont pas protégés par des chiens de troupeau ou qu’aucun pâtre n’est présent.
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Chasseur, le loup ibérique sait aussi se faire charognard d’animaux morts ou de restes alimentaires dans les décharges publiques. Les moyens mis en œuvre pour les éleveurs sont multiples : clôtures, dons de chiens gardiens de troupeaux, indemnisations et coopération entre éleveurs et naturalistes. Plusieurs rapports publiés par le ministère soulignent le fait que l’absence de présence humaine auprès d’un troupeau augmente la fréquence des attaques sur les troupeaux et que les éleveurs attaqués étaient les moins préparés à ces attaques.
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La directive Habitats de l’UE, approuvée en mai 1992 et intégrée dans la législation espagnole en 1995, établit que les populations de loups au sud du fleuve Duero sont une espèce d’intérêt communautaire prioritaire. Certaines communautés autonomes interdisent sa chasse de façon stricte, d’autres autorisent des chasses (au nord notamment, où les loups sont plus nombreux).
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