En choisissant le titre de Rio+20 pour le futur sommet de la Terre de juin prochain, il avait été précisé : « cet anniversaire ne doit pas être un bilan ».
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par Loïc Chauveau
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Que craignait-on ? Qu’un bilan des 20 ans écoulés depuis la signature des Conventions Climat, biodiversité, désertification et agendas 21, Rio +20 puisse conduire à une rencontre bien conflictuelle ? Que Rio devienne une chambre d’enregistrement des plaintes et doléances concernant le respect des objectifs ? Une mise au banc des accusés des pays qui avaient trop tardé à s’engager sur le climat ? Que se développe une crispation des pays émergents non concernés par les textes de 1992 et encore considérés à cette époque comme PED ? Le PNUE, l’OCDE, la Commission européenne n’ont cependant pu éviter de passer par la case « bilan » pour travailler leurs « prospectives ».
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L’organisation des Nations Unies pour l’environnement a pris l’expression « Rio+20 » au pied de la lettre et s’est demandé ce qui avait bien pu changer en bien ou en mal ces vingt dernières années. Résultat : un document de courbes et de graphiques montrant un monde en évolution rapide. Les bonnes tendances et les mauvais penchants se mélangent pour donner l’image d’une Humanité qui fait face à des alertes de très mauvais augure, mais donne quelques signes d’espoir.
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En vingt ans, la population mondiale a augmenté de 26 % (soit 1,45 milliard d’hommes supplémentaires) pour atteindre les sept milliards d’individus. Il y avait dix villes de plus de dix millions d’habitants, elles sont 21 aujourd’hui, et la moitié de la population est urbaine. Malgré cela, le pourcentage de personnes vivant dans des bidonvilles est passé de 46 % à 30 %.
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Le changement climatique et ses effets se sont accentués. Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté de 36 %, provoquant une hausse des températures de 0,4° C et le pH des océans a diminué de 8.11 à 8.06, signant l’acidification des milieux marins.
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300 millions d’hectares de forêts ont été abattus depuis 1990. En revanche, les émissions de CFC responsables de la couche d’ozone stratosphériques ont diminué de 93 %.
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Les énergies fossiles représentent 84 % de la consommation totale d’énergie dans le monde, mais 16 % proviennent de renouvelables : la consommation de biomasse a bondi de 300 000 %, l’énergie solaire de 30 000 % et l’éolien de 6000 %. Ces deux décennies marquent le réel démarrage des énergies renou-velables. Ainsi, les investissements dans ce secteur ont été multipliés par 5,4 entre 2004 et 2010. Cependant, 1,4 milliard d’hommes n’ont toujours pas l’électricité.
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Les extractions de matièress premières ont bondi de 41 %, la production de ciment a grimpé de 170 %, celle d’acier de 100 % et celle de plastique de 130 %. Mais si de plus en plus d’énergie et de ressources naturelles sont consommées, l’efficacité énergétique fait que ces consommations sont moins importantes par produit fabriqué.
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Sans tenir compte des limites de la planète, les richesses se sont accumulées. Le PIB par habitant a augmenté de 80 % dans les pays en voie de développement et de 33 % dans les pays développés, mais un homme gagne en moyenne 5300 dollars US au sud et 33 800 dollars au nord.
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C’est la nature qui trinque. L’une des questions de Rio+20 sera bien de concilier biodiversité et développement. Si nous nous enrichissons, la nature s’appauvrit. L’indice «planète vivante » qui suit les populations de 8000 espèces animales et végétales indique un déclin de 12 % de la biodiversité au niveau mondial en vingt ans, de 30 % au niveau des tropiques. Les aires protégées terrestres ont bien augmenté de 38 % pour atteindre 13% de la surface de la Terre, 7 % des côtes et 1,4 % des aires marines, mais cela semble bien dérisoire.
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Cet article a été publié dans le N° 10 d’Options Futurs, à télécharger en cliquant ici.
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