A deux mois du Sommet de la Terre Rio+20, le concept d’ «économie verte», thème majeur de cette rencontre et nouvelle marotte du PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement), a toutes les difficultés à «accrocher» en Algérie.
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par M’hamed Rebah
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Ni les autorités, ni la nébuleuse que l’on désigne par «société civile» et encore moins le «monde de l’entreprise», ne semblent avoir adopté cette notion qui se présente en substitution du développement durable. Tout récemment, à la radio algérienne, un haut fonctionnaire du ministère de l’Environnement faisait savoir, justement, qu’il n’était pas question, pour l’Algérie, de remplacer le concept de développement durable par la notion d’économie verte. Il faisait remarquer que personne ne connaissait encore la définition de l’économie verte et qu’aux Nations unies les experts continuaient d’examiner un document pour savoir exactement ce qu’on entend par économie verte et ce qu’il faut mettre dans la déclaration de Rio en juin 2012. Il rappelait que, pour le moment, l’intitulé exact de l’économie verte la situait dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté. Ce concept, faisait-il observer, recouvre le triptyque : sécurité alimentaire, sécurité des ressources en eau et sécurité énergétique.
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Les éléments pris en considération par la notion d’économie verte, sont, entre autres et principalement,l’efficacité énergétique, la maîtrise de l’énergie et la réduction de l’émission des gaz à effet de serre. Pour les autorités algériennes, le droit au développement doit être reconnu pour tous. En matière d’économie verte, l’Algérie, a-t-il souligné, fait beaucoup à travers les plans nationaux, mais aussi dans les collectivités locales et les autres secteurs (énergie, transport, mines…). Pour l’Algérie, avait-il ajouté, la difficulté est de faire respecter les principes adoptés au sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992 : le principe du «pollueur payeur» ou celui de la «responsabilité partagée mais différenciée», le principe de la prise en compte des capacités respectives des pays ainsi que le principe de l’équité. Selon le PNUE, «l’économie verte est un moyen de réaliser le développement durable et d’éradiquer la pauvreté». C’est expliqué dans son document de référence publié en 2011 sous le titre « Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication de la pauvreté ». Il part du constat que le système économique actuel conduit à l’épuisement des ressources naturelles et à l’aggravation des inégalités sociales entre les pays et à l’intérieur de chaque pays. Mais le document de référence ne précise pas que ce système a pour nom, capitalisme, et pour moteur, la recherche du profit pour le profit et non pas la recherche de la satisfaction des besoins de la société.
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Force est de constater que ce n’est pas dans les «mécanismes de marché» que se trouve la solution. Ces mécanismes n’ont pas contribué à une distribution équitable de la richesse, au contraire. La solution n’est pas dans l’intégration de la nature dans le marché. La planète peut nourrir et satisfaire les besoins de son monde à condition qu’il y ait une distribution équitable de la richesse dans les limites de ce que peut offrir la Terre. Mais quand 1 % de la population mondiale contrôle 50 % de la richesse de la planète et cherche à s’enrichir encore plus en cultivant le superflu, il ne sera pas possible d’éradiquer la pauvreté et de restaurer l’harmonie avec la nature. Pas besoin d’être expert pour découvrir ce fait, il suffit de s’en remettre au simple bon sens.
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Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Algérie) du 25 avril 2012.
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