Hommages à Christiane Ruffier-Reynié

Nous avons la tristesse d’apprendre le décès de Christiane Ruffier-Reynié, survenu la semaine dernière. Christiane était l’un des piliers de notre association, souvent présente aux petits-déjeuners et au dernier congrès de Cassis. Voici quelques témoignages de ceux qui l’ont connue et appréciée.



Christiane Ruffier-Reynié - photo Bernard Boisson

 

Geneviève Renson

Christiane aurait crié de joie en apprenant que la SNCF s’était engagée à retirer le fil de fer barbelé qui jonche le sol, en haut du talus ferroviaire à Paris 18e. Les lames acérées mutilent gravement les petits mammifères qui passent de cette friche à ronciers aux espaces voisins.

Enfin après un énième SOS lancé tous azimuts, le 27 février 2012, le Figaro m’a interviewée avant d’aborder le sujet le 12 mars dernier.

 Très sensibilisée à cette cause, Christiane avait écrit deux articles publiés dans le Courrier de la Nature, édité par la Société Nationale de Protection de la Nature (nos 246 et 261) et suite à cet appel à l’aide, avait promis de rédiger quelques lignes supplémentaires.

 Sans nouvelles de sa part, je m’étonnais. L’inquiétude grandissant, j’ai cherché à entrer en contact avec des habitants de son immeuble.

 Depuis quelques années, j’avais plaisir à lui transmettre par téléphone les infos des J.N.E. réceptionnées dans ma boîte électronique. Ainsi, maintes fois, nous avons pu échanger informations, impressions, conseils, soucis, joies, peines, etc. et nous retrouver en certaines circonstances. Son état de santé la préoccupait, comme moi-même.

 La conservation de la nature et de la biodiversité, ainsi que l’écologie, étaient son combat, sa raison d’être. Néanmoins, elle aimait aussi passionnément les chats, contrairement à certains protecteurs de l’environnement, particulièrement dénués de sentiments à leur égard. Elle militait et oeuvrait pour leur stérilisation.

 Un jour, très attristée par une plante, chère à son cœur, asphyxiée lors des travaux de ravalement de la copropriété où elle demeurait, elle m’avait confié une bouture de la même plante, maisprovenant de son jardin à la campagne. « Prenez-en soin, veillez sur elle, j’aimerais tant qu’elle survive », m’avait-elle recommandé.

 Elle-même n’a pas survécu à l’âge, au stress, peut-être à la solitude pourtant compensée par une puissante reconnaissance de son milieu professionnel dont l’exercice fut un des moteurs de sa vie.

Au revoir, Christiane.

Lorsque votre plante se sera épanouie, elle retournera auprès de vous.   


Georges Chapouthier
Directeur de Recherche au CNRS

Navré de cette triste nouvelle. J’ai bien connu, depuis longtemps, Christiane Ruffier-Reynié, qui, lorsque j’étais jeune chercheur et que je commençais ma thèse de philosophie sur l’éthique de l’homme à l’égard de l’animal, m’a donné beaucoup de conseils très utiles, notamment des références bibliographiques et les noms de personnes à rencontrer. Pour moi qui, à cette époque, connaissais mal le milieu français de la protection animale, ces conseils ont été essentiels. A cela, j’ajouterai l’extrême gentillesse de Christiane Ruffier-Reynié, qui nous manquera à tous.

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Marie-Claude Terrasson

Oui ! Je tiendrai au nom de François (Terrasson) et en mon nom bien sûr, à évoquer le souvenir émouvant de Christiane Ruffier-Reynié… Je sais à quel point François l’appréciait… Leur combat était le même, sans relâche, leur caractère très semblable d’ailleurs ! Jusqu’à ces derniers jours où, dans son repaire elle nous a quittés, Mme Ruffier-Reynié a oeuvré pour la nature avec coeur et authenticité, avec fermeté et sans complaisance, loin des discours hypocrites des exploiteurs de la nature, ceux qui la piétinent en même temps qu’ils la revendiquent… pour mieux la vendre ! Sa disparition s’inscrit dans cette loi de la nature qui nous fait traverser la vie juste le temps de nous rencontrer avant de nous quitter !

Je dois ajouter là le souhait ému et insistant de Christian Delage de Hérisson (03), il avait reçu Christane chez lui lors de nombreuses manifestations, en même temps que François, pour la défense de la forêt de Tronçais, avec l’association des Amis de la Forêt de Tronçais. Ch. Delage et moi-même continuons ce combat, hélas, pour ceux qui nous ont quittés, plus que jamais crucial…C ‘est au nom également de la FAN (Fédération Allier Nature) que nous nous exprimons là

En vous remerciant de votre intérêt pour la nature et ceux qui s’y dévouent, recevez mes bien cordiales salutations

Bien amicalement

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Nicole Aussedat

Triste d’apprendre le décès de Christiane.

Tout d’abord, j’ai lu sa signature au bas de centaines d’articles très bien documentés et bien écrits de Combat Nature, disparu depuis, dont elle semblait être le pilier. Puis je l’ai rencontrée aux petits déjeuners souvent passionnants des JNE qui m’ont permis de me refaire une culture du monde écologiste dans les années 2000. Elle était discrète et présente, très sympathique et ouverte aux autres, équilibrée, curieuse et humble, mais ces derniers temps elle avait du mal à se rendre à nos rendez-vous d’association, ce qui la chagrinait beaucoup. Je l’aimais bien, elle était si humaine, je sais c’est un drôle de qualificatif car il devrait aller de soi, mais il lui allait bien mieux qu’à beaucoup d’autres. Repose en paix, Christiane
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Laurent Samuel
Christiane était une figure des JNE. Très souvent présente à nos réunions et petits déjeuners, elle y posait des questions toujours pertinentes et argumentées. Ses articles (jadis dans Combat Nature, et toujours dans le Courrier de la Nature) étaient solides et documentés. Malgré l’âge et la fatigue, Christiane avait tenu à participer au dernier congrès de notre association, à Cassis. Elle était l’une des « dernières des Mohicans » parmi nous à ne pas être sur internet, et s’était longtemps plainte d’être parfois oubliée lors des invitations aux petits déjeuners. Mais, ces dernières années, grâce à Geneviève Renson, elle était dûment tenue informée de nos activités, et avait récemment contribué à notre site avec une analyse toute en finesse du film La Clé des Champs.
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Marie-Pierre Cabello
Les JNE en Israël - avril 1992 - photo Marie-Pierre Cabello

Voici une photo où figure Christiane Ruffier, qui a été prise lors d’un voyage JNE organisé par Jean Carlier, en avril 1992 en Israël. Je garde un souvenir très précis de ce voyage, en raison de l’intérêt des sites visités avec ce groupe des JNE. Certains calmes, d’autres agités, tous nous étions curieux de nature.

Christiane suivait l’ensemble des visites, faisant preuve d’un sens critique acéré. Elle aimait son métier de journaliste. Elle se posait des questions, notamment, sur « l’organisation » de la nature dans ce pays, selon elle, avec la présence de parcs nationaux, la réintroduction des animaux de la Bible. Je garderai en mémoire son regard vif et bleu – toujours le même – autoritaire souvent mais juste toujours.

En Israël donc elle pesta car dans notre programme très lourd il n’y avait pas de visite du Mont des Oliviers et Jérusalem sans le Jardin des Oliviers n’était pas possible pour elle… Dernièrement lors du petit déjeuner avec Eva Joly, elle était là, active, avec toujours ce même regard vif, me rouspétant de ne plus envoyer les invitations par la poste… Elle a été l’un des piliers des Mardis de L’Environnement et des sorties que nous organisons.

 

 

 

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