Avant c’était facile : il y avait les plantes alimentaires et les plantes insecticides, par exemple le pyrèthre.
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par Marie-Paule Nougaret
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On ne mangeait pas les plantes insecticides. On les cultivait – on cultive toujours le pyrèthre au Kenya – pour fabriquer des poisons plus violents quelquefois que ceux de l’industrie, mais sans résidu, qui disparaissent avec la dépouille de leur victime, par décomposition.
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Avec les OGM tout change : une toxine insecticide empruntée à une bactérie du sol se reproduit dans l’aliment et agit de l’intérieur.
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La culture ne résiste pas aux insectes, comme on l’allègue, elle les tue. La plante alimentaire devient insecticide. Reste à savoir ce qui peut y résister.
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Les abeilles sont des insectes, victimes des insecticides en général. Les obtenteurs de plantes comestibles insecticides prétendent vendre, assez cher, de merveilleuses exceptions.
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Des apiculteurs pensent au contraire que ces OGM fragilisent les ruches, déjà sous la menace d’autres dangers. A l’appui de cet argument ils ne peuvent fournir que leurs observations et leur métier : si le maïs insecticide Mon 810 tue les abeilles, on ne pourra pas le prouver.
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Le crime serait presque parfait
Les butineuses voyagent à 10 km et plus (travaux de Luc Belzunce à l’INRA), effort considérable et elles ont faim. Elles se nourrissent de pollen bourré de protéines qui s’attache à leurs brosses quand elles visitent les fleurs (et prélèvent avec leur trompe du nectar dont la ruche tire le miel).
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Le maïs émet son pollen en nuage visible et le confie au vent. Les abeilles cherchent plutôt celui, lourd et nourrissant, des plantes mellifères, mais le maïs OGM produit beaucoup de pollen.
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Le maïs OGM fabrique davantage de pollen que ses cousins si bien (certains disent « en sorte ») qu’il se croise avec les maïs alentour et dénature leurs grains. Une firme a ainsi pu poursuivre au Canada Percy Schmeitzer, cultivateur de vieux maïs américains, pour contrefaçon (ou copie illégale) d’OGM, et les juges l’ont condamné. D’évidence le pollueur n’est pas toujours le payeur.
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Les ailes de l’abeille vrombissent si vite qu’on ne les voit pas. Ce métabolisme ultra rapide, vorace en énergie, digère aussi à toute vitesse. Si la butineuse avale un toxique, mettons un pollen insecticide, tombé par extraordinaire dans une fleur à nectar, elle succombe en vol et ne revient jamais.
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Le miel est propre mais la preuve du crime : le cadavre de l’abeille, a disparu. Allez le découvrir dans un rayon de 10 km…
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Le doute profite à l’accusé.
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Du côté des coccinelles
Les larves de coccinelles dévorent les pucerons. Les jardiniers le savent et évitent de traiter à la première attaque, de crainte d’éliminer les bêtes à Bon Dieu et leurs précieux rejetons.
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Des chercheurs ont élevé des larves de coccinelles à deux points (Aralia bipunctata) sur des œufs de mites de farine (« pyrales»), enduits de toxines microbiennes utilisées dans les OGM insecticides. Les larves ont vite succombé. Cette étude (parmi d’autres), a entraîné l’interdiction du maïs Mon 810 en Allemagne. D’autres chercheurs ont contredit ces résultats : les larves de coccinelles auraient survécu. Il apparaît maintenant qu’ils les ont ôté, à la fin, de leur nourriture badigeonnée de toxines pour varier leur menu (merci à Sciences citoyennes pour l’info).
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Fragilité des OGM (et de l’information)
Trois laboratoires de biologie moléculaire, à Barcelone en Espagne, à Lucknow en Inde et à Florence en Italie, ont vérifié le génome du maïs Mon 810 (insecticide) et découvert que sa description ne correspondait plus au produit : de l’ADN a bougé et s’est re-mélangé; ils y ont par exemple trouvé le gène assez ennuyeux nptii, de résistance à deux antibiotiques (kanamycine et néomycine), qui ne figurait pas dans la carte génétique soumise aux autorités. Comment y est –il venu ? Mystère. La biologie moléculaire emploie des antibiotiques comme outils. Les résultats ont paru dans les revues de spécialistes, dont les références se trouvent à partir du site extraordinaire de la bio-physicienne Mae-Wan Ho I-sis, Institute of Science in Society.
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Ceci pose la question du transfert horizontal d’ADN, d‘espèce à espèce, par opposition au transfert vertical de génération en génération. Les constructions génétiques artificielles semblent en effet plus fragiles que les gènes d’origine et susceptibles de se promener et fabriquer par exemple, de nouveaux microbes infectieux.
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Un scientifique de l’université de Iéna, en Allemagne, aurait selon Ho, élevé des larves d’abeilles sur du pollen OGM et retrouvé le transgène (transféré dans la plante) parmi les gènes des bactéries de leur tube digestif … Un journaliste l’a raconté dans The Observer en Angleterre. Puis un reporter de la télévision ZDF lui a rendu visite et, au passage, annoncé que sa publication serait refusée par Nature : il le tenait de Monsanto qui l’a su avant le chercheur. Ainsi va notre métier.
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Marie-Paule Nougaret anime le blog l’Echappée.
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