Un Parc National de Fontainebleau ?

Malgré les divergences d’opinion, il faut bien aborder l’éventualité de la création d’un Parc National à Fontainebleau. Pour les usagers, la forêt est incomparable, irremplaçable et ils considèrent qu’elle est parmi les plus belles, riche en flore, faune, patrimoine, nécessitant une surveillance adaptée. Depuis des années, des associations se démènent pour sa sauvegarde, se battent contre les privatisations, pour des classements… à faire respecter.

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par Annick Mouraret

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Les mesures de protection

Dès 1861, des mesures de protection étaient prises pour une partie de la forêt : les séries artistiques (1097 ha). En 1948, c’est à Fontainebleau que fut créée l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). En 2010, c’est l’une des forêts de France qui cumule le plus de statuts adoptés pour sa protection qui, appliqués à 100 % et avec les moyens nécessaires, devraient garantir un très haut niveau de sauvegarde : forêt de protection avec réserves biologiques, classement loi 1960, zone natura 2000, ZNIEFF, Parc Naturel Régional du Gâtinais, réserve M&B (Man and Biosphère) de l’UNESCO. S’y ajoutent le projet de label « patrimoine » et maintenant de Parc National.

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Alors, bientôt un Parc National ?

Rien n’est certain : en 2009, le maire de Fontainebleau relance une réflexion collective sur le sujet. Les détracteurs sont nombreux : le COSIROC (Comité de Défense des Sites et Rochers d’Escalade), la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade) et les Amis de la Forêt de Fontainebleau (AAFF) ont clairement donné leur avis défavorable, compte tenu des protections actuelles en pratique supérieures à celles qu’apporterait un statut de Parc National.

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Le comité de pilotage animé par François Letourneux a remis son rapport en 2010, un GIP (Groupement d’Intérêt Public) est projeté pour trouver des réponses aux difficultés rencontrées, sans préjuger du statut final : parc national, « grand site » de France, patrimoine mondial de l’Unesco… Un ensemble de questions est à traiter : la gouvernance du massif avec deux tutelles (agents de l’ONF et agents du Parc), la forte fréquentation et sa régulation, la chasse, l’exploitation forestière, la restauration des continuités écologiques…

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Le ministère de l’Ecologie ne semble pas en faire une priorité ; rappelons aussi que les finances de l’Etat sont ce que vous savez. Néanmoins, l’idée est dans l’air, la voici énoncée et le COSIROC nous informe qu’en date du 23 novembre 2011, le Maire de Fontainebleau a repris contact avec le Préfet de Seine-et-Marne pour la création du GIP d’étude. A ce jour, le Conseil régional y serait favorable, le Conseil général n’ayant pas apporté sa réponse. L’AAFF, fédérateur du mouvement d’opposition, interviendra auprès du Préfet pour rappeler les conclusions du groupe des usagers opposés à ce projet dans une très large majorité, ce qui est passé sous silence par le Maire.

 

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Voici des sites pour vous tenir informés de l’évolution du dossier, des humeurs et considérations :
aaff.fr
, bleau.info, kairn.com, latribunelibredebleau.blogspot.com

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Fontainebleau et les Trois Pignons

La forêt domaniale de Fontainebleau couvre 17.000 ha, prolongés par les 3.000 ha du massif des Trois Pignons, soit 20.000 ha, et 25.000 ha en comptant aussi les parcelles privées. Sous Louis XIV, Colbert organise les plantations de chênes, hêtres, charmes et bouleaux. En 1786, apparaît le pin sylvestre.

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Les peintres aimaient les chênes et quand on commença à abattre ceux bicentenaires plantés par Colbert, ils se révoltèrent, non sans dégâts, accusant les forestiers de « dénaturer » leur chère forêt. C’est ainsi qu’en 1853 il fut décidé de laisser 624 ha hors aménagement et qu’en 1861 naquirent les « séries artistiques » (1097 ha), devenues R.B.I. (Réserve Biologique Intégrale), puis R.B.D., D comme Dirigée.

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Que sont devenus ces chênes d’antan ?

En fait, trop de protection les a raréfiés : trop de densité ne permettait pas l’aboutissement des jeunes chênes, au profit des hêtres moins exigeants en lumière. C’est là un rapide survol ; l’expérience des « séries artistiques » a permis d’analyser une protection intégrale sur une longue période, sorte de laboratoire pour la dynamique forestière. L’arrêt brutal de la gestion engendre de nombreuses transformations : en protégeant des chênes, on aboutit à des hêtres… Les fougères, ronces et autres phytolaques trouvent aussi leur place.

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