par Laurent Samuel |
Il ne se passe guère de jour sans que de nouvelles études scientifiques confirment la réalité des atteintes à la biodiversité ou du changement climatique. Ces menaces globales sur l’environnement seront au cœur du sommet Rio+20, qui se tiendra au Brésil du 20 au 22 juin prochains.
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Pourtant, les candidats à l’élection présidentielle française ont largement ignoré le sujet tout au long du mois de janvier. Un comble : même les deux « impétrantes » portant les couleurs de l’écologie, Corinne Lepage et Eva Joly, ont zappé la question lors de leurs vœux aux Français (lire ici).
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Or, voilà qu’après ce grand silence, les candidats, invités le 28 janvier par France Nature Environnement à l’occasion de son congrès à Montreuil, ont joué au jeu du « plus écolo que moi, tu meurs ». Parmi les principaux concurrents, seuls Nicolas Sarkozy (pas encore candidat) et Marine Le Pen (récusée par FNE) étaient absents. De François Bayrou en défenseur des abeilles à François Hollande en héraut de la transition écologique en passant par Jean-Luc Mélenchon en apôtre de la planification écologique, tous ont rivalisé d’éloquence pour convaincre les quelque 2000 personnes présentes que leur programme en matière d’écologie était le plus pertinent.
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Les responsables de FNE avaient demandé aux candidats de se prononcer sur leur « appel des 3000 » (ainsi nommé en référence aux 3000 associations, pour la plupart locales, qui composent cette fédération) pour un contrat environnemental (texte intégral ici). Mais, à l’exception prévisible des deux écologistes, qui ont exprimé leur accord global avec cette plate-forme, les autres candidats se sont contentés de piocher dans ce vaste catalogue de mesures celles qui leur convenaient le mieux, ou, souvent, de tenir des discours vagues et généraux sur l’environnement. Dominique de Villepin et Hervé Morin se sont cependant prononcés, comme l’avait fait précédemment Jean-Luc Mélenchon au nom du Front de Gauche, pour un référendum sur le nucléaire. De son côté, François Hollande, s’il est élu, a annoncé qu’il convoquerait une « conférence environnementale », sorte de Grenelle bis, et chargerait son Premier ministre de piloter la transition écologique.
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Hélas, la forme retenue par FNE – un défilé des candidats sans dialogue entre eux ni interpellation par les responsables associatifs – n’a pas permis de savoir, par exemple, comment François Hollande compte s’y prendre pour fermer 24 réacteurs nucléaires d’ici à 2025 (afin de réduire, comme il l’a promis, la part de l’atome dans l’électricité de 75 à 50 %) en n’en arrêtant que 4 (ceux de Fessenheim) durant sa mandature 2012-2017. Plus généralement, l’occasion n’a pas été donnée aux candidats d’expliquer par quelle magie ils se trouvaient subitement si bavards sur l’écologie après que la plupart d’entre eux n’en aient pas dit un mot pendant un mois…
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Tout se passe comme si, pour la majorité de ces candidats, l’écologie restait un sujet « catégoriel » dont on ne parle que devant les écologistes, de la même manière que l’on n’aborde les problèmes de la filière bovine que face aux éleveurs. Mais ce « déficit » écologique dans la campagne est aussi dû en partie aux choix d’EELV (Europe Ecologie les Verts) : en la personne d’Eva Joly, ce parti a désigné une candidate éminemment respectable et courageuse, mais qui, faute de connaissances de base des dossiers d’environnement (à la différence notable de Corinne Lepage, qui, elle, maîtrise parfaitement ces sujets), se révèle incapable de convaincre les Français que la solution à la crise passe par l’écologie. Si l’écologie est si peu présente dans la campagne, c’est aussi parce que sa candidate « officielle » est largement inaudible. Ce dont témoigne ce titre à la une du Monde daté des 29-30 janvier 2012 : « Eva Joly disparaît des radars de la présidentielle, l’écologie aussi » (lire la version web ici).
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A ce sombre tableau, il faut ajouter le positionnement agressivement hostile à l’écologie du Président sortant (et candidat présumé) Nicolas Sarkozy, qui, lors d’un discours devant des agriculteurs et des chasseurs le 18 janvier dernier à Pamiers, a tenu ces fermes propos : « J’ai conscience que l’aspect tatillon de certains réglements administratifs, vous insupporte. La préservation de l’environnement, ce n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit. Il faut absolument lever le pied de ce point de vue » (lire ici l’article d’Olivier Nouaillas). On est loin de l’enthousiasme écolo et des promesses du même Sarkozy lors de Grenelle de l’environnement de 2007…
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Il est donc à craindre que le « reverdissement » de la campagne présidentielle observé le 28 janvier grâce à l’initiative de FNE ne soit qu’un feu de paille, et que l’on en revienne vite aux « choses sérieuses ». Pourtant, même si la majorité des responsables politiques nationaux persiste à s’en désinteresser, l’écologisation de la société se poursuit, lentement mais, sûrement dans les collectivités locales et de nombreuses entreprises. A l’occasion des vœux du Comité 21, le 26 janvier dernier, on a ainsi appris que le nombre d’Agendas 21 mis en œuvre en France dépassait désormais le millier. De même, le succès du congrès de FNE démontre la vitalité du tissu des associations d’environnement dans notre pays. D’ici à la présidentielle, celles-ci vont devoir s’exprimer haut et fort, et d’une seule voix, pour que l’écologie revienne pour de bon dans la campagne…
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Retrouvez ici le blog Planète de Laurent Samuel. Une version remaniée de cet édito a été publiée sur le site Le + du Nouvel Observateur.
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Cet éditorial, comme tous ceux de ce site, n’engage que son auteur.
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2 réflexions au sujet de “Election présidentielle : comment reverdir la campagne ?”
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