Les archives du climat

Ce projet a été présenté à la presse le 6 janvier 2012 aux Archives nationales à Paris.

.

 par Roger Cans

La directrice des Archives nationales, Mme Magnien, explique que les archives de la Météorologie Nationale ont été déposées au centre de Fontainebleau en 1976. Il s’agit de documents couvrant la période 1850/1960. Les 6.300 cartons, qui s’étendent sur deux kilomètres linéaires, ont été stockés dans le bâtiment Peigne construit en 1950 pour l’OTAN, ce qui suppose aujourd’hui une opération de désamiantage et de dépoussiérage avant la mise à disposition du public.

.

La Fondation BNP Paribas, de son côté, a décidé de financer l’opération Subglacior, qui consiste à prélever des carottes de glaces en Antarctique pour retrouver les variations climatiques depuis 800.000 ans, voire plus. Lancé en 2011, ce programme prévoit un investissement d’un million d’euros par an durant trois ans. La Fondation va aussi aider à la numérisation des archives de la Météorologie Nationale.

.

Le directeur de la Météorologie Nationale, François Jacq, présente alors des cartes retrouvées dans les cartons. Parmi elles, une carte de 1924 présentant les lignes des fronts chauds et froids en Europe, tels qu’ils ont été définis par les savants norvégiens. Il présente aussi des documents de phénologie, consignant la date des moissons de l’orge de printemps et de l’arrivée du coucou. D’autres documents conservent le relevé des températures de l’océan Atlantique, recueillis par les officiers de marine depuis 1860.

.

Un climatologue explique que la Météorologie Nationale a été instaurée en 1854 par Napoléon III, après le désastre de Crimée (des dizaines de navires de la flotte franco-britannique font naufrage dans la tempête), suivi en 1855 par le naufrage de la Sémillante dans les bouches de Bonifacio (des centaines de militaires noyés). A terre, les données météo sont transmises par télégraphe, ce qui permet à Le Verrier de dresser les premières cartes en 1857.

.

Après les données recueillies en mer et à la surface terrestre, on s’intéresse à la météorologie en altitude. Le centre de Trappes (Yvelines) lance en 1920 les premiers ballons chargés de recueillir les données en altitude. En 1933, on étend la recherche jusqu’à Tamarasset, dans le sud algérien, et en 1950 en Terre Adélie, sur le continent Antarctique.

.

Chargée des archives scientifiques au centre de Fontainebleau, Sylvie Le Clech détaille la convention qui lie les Archives nationales à Météo France depuis 2010, puis à la Fondation BNP Paribas depuis 2011. Il s’agit, dans un premier temps, d’inventorier le kilomètre de cartons qui n’ont pas été stockés dans un local amianté (la moitié du stock). Le travail a été confié à une entreprise d’insertion, sous le contrôle de trois ingénieurs de Météo France. Il existe deux fonds, dit METC et METP. Le premier conserve les archives de climatologie, et le deuxième les prévisions météorologiques.

.

Pour commencer, 50 cartons ont été ouverts et dépouillés, et sont désormais accessibles au public après numérisation. La numérisation des archives restera partielle, c’est-à-dire sélective, car beaucoup de documents n’ont pas d’intérêt pour le public. Parmi ces 50 cartons, on a découvert une collection de 18 cahiers remplis par un certain Jean-Adrien Clos, médecin à Sorèze (Tarn), qui a noté chaque jour la météo locale (température, précipitations, vent, aspect du ciel, etc.), en continu, de 1795 à 1842. Une mine d’informations, recueillies sans matériel scientifique, conformément aux instructions de l’académie royale de médecine qui, en 1778, demandait aux médecins de recueillir les données météorologiques à des fins thérapeutiques. Le docteur Clos a donc croisé les données météorologiques avec les maladies de ses patients, mais aussi avec la date des récoltes et même la qualité des figues. Sous la Troisième République, on a demandé la même chose aux élèves des écoles normales. C’est seulement en 1868 qu’on a imprimé les premières cartes avec les lignes isobares (indiquant la pression atmosphérique), qui sont aujourd’hui le B.A BA de la météo.

.