Les 17 et 18 octobre 2011 s’est tenu à Bamako un important forum autour de la solidarité pour l’eau dans les pays du bassin du Niger.
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par Bernard Desjeux
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Une grand-messe qui permet de nombreuses rencontres mais qui laisse sur sa faim dans la mesure où l’on répète indéfiniment les mêmes vœux pieux, parfois contradictoires, sans déboucher sur des solutions concrètes. En gros, il y a trois sortes de discours qui se superposent :
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Les chefs d’État : de grandes idées générales sur le besoin des populations en eau potable, plus quelques anecdotes dans le cas du président du Mali ; pour tous la conclusion est toujours une demande de financement. C’est particulièrement curieux de la part du président Idriss Déby, qui semble avoir pourtant quelques ressources venant de l’exploitation du pétrole. Quant au président Mahamadou Issoufou du Niger, il fait un catalogue de tous les projets de barrages qui sont restés et restent depuis des lustres à l’état de projet, faute de garanties techniques quant à leur efficacité de plus en plus contestée.
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Les institutionnels : très consensuels, s’ils insistent sur l’urgence de faire quelque chose, ils se gardent bien de dire où, quand, comment, par qui, pourquoi…, sans soulever les contradictions. Par exemple, tout le monde insiste sur la sécurité alimentaire par les cultures irriguées, seules voies de salut, et sur la santé des populations, en oubliant les menaces des maladies hydriques.
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Les experts : certains font des communications très précises, souvent embryons de solutions pour des problèmes particulièrement complexes. Où l’on apprend l’importance de la nature des sols, des techniques d’irrigation (pour 1 volume d’eau utile, 9 sont perdus), la richesse de l’écosystème du delta du fleuve, le catalogue des maladies hydriques par le professeur Gentilini…
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D’autres exposés sont totalement à côté de la plaque, comme celui sur l’OMVS (aménagement de la vallée du fleuve Sénégal) où, après 1000 milliards de francs CFA dépensés, tous les villages sont en ruine, aucune navigation, périmètres irrigués abandonnés, bilharziose généralisée, recrudescence du paludisme, faible production électrique…
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Il semble pour le moment que les solutions évoquées se réduisent à des demandes de financement dont on a du mal à déterminer la finalité. Si les barrages sont évoqués, aucun expert sérieux ne soutient plus aujourd’hui leur faisabilité.
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Reste l’urgence de la situation : plus de 100 millions d’individus sont concernés.
http://www.fondationchirac.eu/programmes/acces-a-l-eau/plan-de-renforcement-de-lacces-a-leau-au-mali/
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