Aubry ou Hollande : le 16 octobre, pour qui voter ?

Voici un texte publié par Michel Sourrouille sur son blog Biosphère. Comme l’ensemble des articles de ce site, il n’engage bien sûr que son auteur…

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par Michel Sourrouille

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Désormais, à chaque scrutin, les consignes de vote sont au centre des colonnes des journaux. Le Monde du 10 octobre n’échappe pas à la règle. Ségolène Royal donnera « prochainement » sa consigne de vote pour le second tour de la primaire. François Hollande a écarté l’idée d’un report mécanique des voix d’Arnaud Montebourg, au second tour de la primaire, en faveur de Martine Aubry, ça l’arrange : « Les additions de score ne fonctionnent pas, les électeurs sont libres ». Cela n’empêche pas Manuel Valls d’appeller à voter Hollande. Aubry et Hollande se lancent donc dans la course aux ralliements pour le 16 octobre. Exception, Arnaud Montebourg, arrivé en troisième position avec 17 % des voix, ne va pas appeler ses électeurs à voter pour un candidat, car « ses électeurs ne lui appartiennent pas ». Mais il a le malheur d’ajouter qu’il pourrait se prononcer à titre personnel pour l’un des deux candidats !!

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Cette ingérence des apparatchiks dans les consciences des électeurs s’est répandue au sein de tous les partis et dans les colonnes des médias sans que personne ne trouve à redire. Mais alors, à quoi servent les isoloirs ? A rien ? Dominique Strauss-Kahn, après avoir mis le 9 octobre son bulletin dans l’urne des primaires socialistes, confie à un journaliste :  «  Ce n’est un secret pour personne, j’ai voté pour Martine Aubry ». Le problème, c’est que les votes des apparatchiks ou leurs consignes de vote ont une certaine influence. La consigne de vote, inventée par le Parti communiste dans les années 20, est devenue une pathologie française. Au parti socialiste, on aime pratiquer cette forme de viol des consciences et la vie des fédérations est emplie de ces votes programmés par les personnalités du coin. A l’UMP, c’est pire : ils ont paraît-il un candidat « naturel » ; tous les pontes inféodés prétendent contre l’évidence qu’il n’y a pas d’alternative à Sarkozy. Donc il n’y a pas d’alternative !

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Ce n’est pas ainsi que la démocratie doit fonctionner. Rien à cirer des consignes de vote. Ce procédé infantilisant consiste à indiquer aux électeurs quel est le vrai et bon candidat. Foutaises, le nom d’un éligible n’a jamais été un programme. Soyons plus précis. Le secret du vote est constitutionnalisé en France depuis 1795. Louis Napoléon Bonaparte tenta d’abolir cette mesure lors du plébiscite de 1851 : un régime autoritaire veut savoir pour qui nous voulons voter. C’est pourquoi l’isoloir est instauré en Australie en 1857. En France, il faut attendre 1913 pour que la loi du 29 juillet introduise l’enveloppe, l’isoloir et le dépôt dans l’urne par l’électeur lui-même. La consigne de vote, ou expression publique de son choix et appel à suivre, va à l’encontre du secret du vote et de la démocratie. Car nous ne devrions jamais voter pour une personne, même soutenue par beaucoup de personnalités, mais pour des idées. Quelles idées véhiculent Martine Aubry ou François Hollande, c’est de cela seulement que nous devrions parler dans le débat public.

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Le seul projet politique qui compte pour notre avenir, c’est celui qui pourrait faire face à l’urgence écologique : déplétion pétrolière, déperdition des sols arables, réchauffement climatique, extinction des espèces, etc. C’est là un problème national, européen et même mondial qui devrait mobiliser autant les instances internationales que modifier le comportement de chacun. Ni François Hollande, ni Martine Aubry ne sont porteurs de  cette vision, seule digne d’un(e) président(e) de la République au XXIe siècle.

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