Voici un bilan comparatif des propositions en matière d’écologie des candidats aux primaires citoyennes des 9 et 16 octobre 2011 (à l’exception de Jean-Michel Baylet).
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par Michel Sourrouille
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Manuel Valls, plus proche de la droite que des écologistes
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Il n’y a pas grand chose à dire d’un candidat pour lequel l’enjeu écologique n’existe pas. Il voudrait rassembler la gauche et les écologistes, mais c’est « à condition d’avoir clarifié de nombreux débats ». Rien n’est plus clair ! Quant à la sortie du nucléaire, « il faudra des décennies pour cela » ! Manuel fixe à la France un objectif pour 2022 : « réduire la part du nucléaire dans la production électrique, à 50 % ». Il n’en dira pas beaucoup plus sur l’écologie. La préparation de la convention « nouveau modèle de développement » ne pouvait changer notre point de vue : l’homme du consensus mou (François Hollande) ou l’homme du bougisme immobile (Manuel Valls) se rejoignaient pour célébrer la croissance économique dont tous les spécialistes, depuis 1972, témoignent de l’absurdité.
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Manuel Valls veut concilier efficacité économique et justice sociale. Il a oublié le troisième pilier du développement durable, la contrainte écologique. Par contre, il « reste convaincu que des hommes et des femmes comme Dominique de Villepin, Français Bayrou ou Corinne Lepage » rouveront leur place auprès de lui bien mieux que les membres éminents d’EELV. La démondialisation de Montebourg lui semble « un terme ringard, voire réactionnaire, car il apparaît comme un retour en arrière qui est impossible ». Manuel veut au contraire doper la compétitivité par une « TVA-protection » sortie de nulle part.
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Manuel Valls croit que « le travail n’est pas un gâteau que l’on partage » et même l’idée de travailler davantage ne le gêne pas. Manuel a donc été convaincu par le slogan de Sarkozy : « Travailler plus pour gagner plus ». Il voudrait un discours de vérité sur l’état des finances publiques. Par principe, il est pour une règle d’or d’équilibre budgétaire… mais ne votera pas la réforme constitutionnelle si le Congrès est convoqué « parce que Nicolas Sarkozy a doublé la dette de la France de 900 à 1 800 milliards ». Le double discours ne le gêne pas. En résumé, Manuel Valls est plus proche des thèses de la droite que des idées social-écologistes sur pratiquement tous les points.
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Ségolène Royal, une transfuge de l’écologie
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Il y avait en Ségolène Royal une réelle fibre écolo, elle a disparu. Dans sa contribution thématique personnelle début 2003, elle écrivait pourtant de sa propre main à l’occasion d’un Congrès du PS :
« Urgence à agir contre l’insécurité écologique : Chacun sait que la situation actuelle relève de l’état d’urgence, qu’il y a péril pour l’humanité, que chaque heure de perdue c’est une heure de plus pendant laquelle se déroule sous nos yeux un crime collectif contre la Terre, donc contre l’humanité. Personne ne pourra prétendre que l’on ne savait pas.
Ecologie et double langage : ça suffit ! : Que dire des belles âmes qui appellent à un programme de lutte contre l’effet de serre, et qui dans le même temps défendent le maintien d’une fiscalité subventionnant massivement le transport routier ? Au mieux il s’agit de lâcheté, au pire d’un cynisme électoraliste révoltant. Les pleurnicheries médiatisées, cela suffit. L’action contre l’insécurité écologique ne peut plus s’accommoder d’un double langage : l’écologie n’est pas négociable.
Morale de l’action, exiger l’efficacité : L’écart entre une posture déclamatoire radicale et une action inexistante n’est plus tolérable. La réalité de l’action, c’est que les comportements ne changent que s’ils y sont contraints. L’efficacité de l’action, c’est d’avoir le courage politique de l’imposer par la loi, par la fiscalité. Une politique effective de protection de l’environnement ne peut être que contraignante ou dissuasive. »
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Sa fibre écolo devait beaucoup à son expérience ministérielle. En octobre 2006, une étude comparative des professions de foi des candidats à la primaire pour la présidentielle de 2007 mettait Ségolène Royal aux avant-postes de l’écologie, bien loin devant Fabius et encore plus Strauss-Kahn : « Ministre de l’environnement en 1992-1993, j’ai agi avec fermeté contre les lobbies (loi sur l’eau et sur les déchets), mené des négociations âpres, notamment au Sommet de la Terre de Rio, et déjà soutenu les énergies renouvelables. Je retiendrai des perspectives exigeantes : Pour l’emploi, en choisissant résolument l’excellence environnementale, riche d’activité et de métiers nouveaux ; Pour l’excellence environnementale : je veux faire de la France un pays exemplaire en Europe et dans le monde dans la lutte contre le réchauffement de la planète, la gestion de l’eau, la priorité aux énergies renouvelables, le développement des transports propres, le traitement des déchets et la mise en place d’une véritable fiscalité écologique. »
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Au Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008), Ségolène Royal estimait encore que pour « bien vivre dans l’après-pétrole », il nous fallait de toute urgence produire et consommer autrement pour garantir le développement soutenable de notre pays. Ségolène Royal proposait de calculer autrement la croissance pour mieux évaluer les dommages ou les bénéfices de certaines activités et agir juste. Mais, lors de sa confrontation avec Nicolas Sarkozy pour le second tour, elle proposait aux électeurs le même objectif que la droite : intensifier la croissance des productions, des consommations et des déplacements sans s’interroger sur leur contenu. L’électoralisme de Ségolène Royal, qui n’avait en fait qu’une envie, « succéder à François Mitterrand », devient depuis lors évident. Barack Obama faisait répéter en boucle « Yes, we can », Ségolène se contente de « Fra-ter-ni-té ». Exit dorénavant l’écologie.
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La suite est même de plus en plus anti-écolo. En 2009, Ségolène Royal a jeté médiatiquement le trouble sur la position du PS favorable à une contribution climat-énergie universelle, en d’autres termes une taxe carbone. Elle devient une militante pro-carbone. Son programme de lutte contre l’effet de serre se résume à un soutien à la voiture électrique ; Ségolène Royal succombe au slogan publicitaire de la « voiture propre ». La sortie du nucléaire ne se fera pas tout de suite : « On peut sortir du nucléaire en 40 ans, c’est-à-dire fixer un objectif ferme pour que l’ensemble de la mutation énergétique et industrielle puisse se faire dans de bonnes conditions. » Après l’accident survenu à Fukushima, suite au séisme et au tsunami du 11 mars 2011, irritée par la résurgence de la polémique autour d’une technologie de toute évidence guère maîtrisable en cas d’emballement et potentiellement à très haut risque, elle avait même reproché aux écologistes de ne pas respecter un « délai de décence ».
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Depuis, l’écologie est aux abonnés absents chez Ségolène Royal. Il ne faut pas parler des choses qui fâchent. Mais quand on est en perte de vitesse, autant ne pas renier ses fondamentaux… J’aurais bien aimé lui expliquer cela, mais Ségolène est devenue inaccessible, royale vraiment.
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François Hollande se veut normal, l’écologie n’existe pas
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Oublions que François Hollande a suivi un régime amaigrissant pour paraître présidentiable, c’est anodin. En panne d’argument probant, il se disait donc un candidat « normal », c’est-à-dire qu’il déclarait « avoir des qualités exceptionnelles » ! Mais son attitude, son incapacité à faire travailler le PS pendant 10 ans dévoilent beaucoup de sa personnalité. En tant que premier secrétaire du PS, il a toujours recherché le compromis mou et les synthèses bancales. Il a même refusé de sanctionner Fabius et Mélenchon après leur non au traité européen, alors que le référendum interne au PS avait dit oui. Gouverner « normalement », ce serait selon François Hollande rechercher l’équilibre, faire preuve de modération et rompre avec l’image présidentielle donnée par Sarkozy. Mais, dans un contexte écologique aux multiples menaces, il ne s’agit pas de préparer une gouvernance « normale », mais une candidature de rupture avec la société thermo-industrielle. François Hollande ne paraît pas capable d’une action de cette envergure.
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Nous avons échangé avec François Hollande sur la perspective d’une descente énergétique. Il disait partager nos inquiétudes face au déclin de la production pétrolière et savoir la nécessité d’un nouveau mode de développement face à la crise écologique, énergétique et climatique. Il pensait qu’un « plan de transition énergétique » était indispensable pour financer le développement des sources d’énergie renouvelable. Ce plan sur 10 ans viserait à modifier le mix énergétique de notre pays. Il serait réalisé par un investissement à la fois de l’Etat et des collectivités locales complété par des fonds structurels européens. Cet élan, ajoutait-il, contribuerait à positionner la France sur les marchés des technologies propres, porteuses de croissance à long terme (énergies renouvelables, stockage de l’énergie, éolien, photovoltaïque, véhicules propres, voitures électriques). Il s’agirait donc autant, avait-il conclu, d’écologie que d’économie.
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François Hollande se polarise sur l’idée de « croissance à long terme », alors que l’idée de croissance infinie dans un monde finie devrait être politiquement invalidée depuis 1972 et le rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance. Il succombe au mirage facile de la croissance économique qui éliminerait tous les problèmes, la déplétion pétrolière, l’endettement public, et même le chômage… Au Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008), il proposait déjà : « Comment être plus fort dans la mondialisation ? Notre objectif doit être de faire un point de croissance de plus que la moyenne européenne comme cela a été le cas entre 1997 et 2002. »
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François Hollande n’a pas encore réalisé que « nouveau modèle de développement » ne veut pas dire, dans une perspective d’après-pétrole, croissance quantitative, mais au contraire décroissance conviviale et sélective. François Hollande se situe dans une perspective de production d’énergie (« mix énergétique ») ; il n’a pas encore compris que la première des priorités doit aller aux économies d’énergie, c’est-à-dire agir sur la demande et non sur l’offre d’énergie.
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Enfin, François Hollande croit aux « technologies propres », aux « véhicules propres »… Or, personne n’a réussi à démontrer la « propreté » des technologies actuelles (voiture électrique) ou imaginées (géo-ingénierie, ITER, Astrid…). Même le photovoltaïque, théoriquement renouvelable, pose problème.
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Dans son mini-programme, « la France en avant », François Hollande parle bien de « progrès écologique ». Mais sa position sur le nucléaire reste en retrait, non seulement sur les objectifs chiffrés (passer de 75 % d’électricité d’origine nucléaire à 50 % à l’horizon 2025), mais aussi par sa propension à se cacher derrière les autres : « Nous mènerons un grand débat sur la production d’électricité issue de l’énergie nucléaire… Il faudra en discuter ». En réalité, il reste pro-nucléaire. Il estime qu’abandonner une industrie nucléaire « où on est sans doute les meilleurs » ne serait « ni économiquement sérieux, ni écologiquement protecteur, ni socialement rassurant »… « Autant je suis favorable à l’exigence de sécurité et de transparence, autant sur la sortie du nucléaire, ce n’est pas aujourd’hui la réponse. »
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Quant au pétrole, sa raréfaction ne semble pas lui poser problème puisque l’Etat agira : « Pour absorber les chocs d’offres des énergies actuelles, je veux que l’Etat ne gagne pas le moindre centime sur la hausse du prix du pétrole. Chaque recette supplémentaire perçue devra être recyclée pour baisser le prix à la pompe. Et que nous bloquions les prix, dans les moments de hausse importante, pendant un certain temps. Pour que nos concitoyens mutent vers la société des énergies renouvelables, il faut que l’Etat les protège et leur donne confiance. L’économie doit continuer de fonctionner. »
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Pourquoi les pétrole-addicts que nous sommes devenus feraient-ils des efforts, François Hollande produira le pétrole à la place de la nature. D’ailleurs, la taxe carbone généralisée n’est plus une mesure envisagée, elle reposera uniquement « sur les industries émettant beaucoup de gaz à effet de serre ».
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Que fera François Hollande s’il était président face à un nouveau choc pétrolier, lui qui ignore le pic pétrolier et laisse la planification écologique à Mélenchon? Il nous faudrait un candidat qui fasse un peu rêver autrement, du type l’écologie ou la mort… comme René Dumont en 1974 ! Mais une présidentielle peut-elle mettre en œuvre l’utopie ?
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Martine Aubry à l’image de son parti, l’écologie est sous-traitée
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Le Parti socialiste n’a jamais été écolo. Pas un mot sur l’urgence écologique dans la Revue Socialiste n°42 (2e trimestre 2011), qui brosse héritages et espérances sur la période du 10 mai 1981 au 10 mai 2011. Trente ans à ne pas s’apercevoir que la température monte, que les eaux baissent, que le pétrole rejoint les espèces en voie de disparition. Il n’est donc pas étonnant que les débats pour la primaire citoyenne prévue le 9 octobre soient d’une banalité à pleurer.
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L’abandon du favori Strauss-Kahn avait obligé Martine Aubry à sortir du bois ; le mardi 28 juin 2011, elle annonce sa candidature, carrément croissanciste : « Une offensive de civilisation est fondée sur un autre modèle de croissance… Sans croissancek on ne peut rien… ». Aubry veut donc simplement prendre le relais d’un Sarkozy qui cherchait la croissance avec ses dents. Elle en rajoute un peu plus tard des louches dans un discours où la dette imposerait encore plus de croissance (Le Monde du 13 août 2011) : « La vérité est que la politique actuelle est une impasse. Sans croissance, dette et déficit ne se réduiront pas… Je propose trois décisions qui pourraient relancer la croissance tout en réduisant les déficits… C’est en agissant rapidement sur l’investissement et l’emploi que nous rétablirons la croissance…. C’est par une croissance durable que nous réduirons dette et déficits…. Oui, il faudra assumer que certaines politiques essentielles pour la croissance reçoivent des moyens nouveaux… (Avec moi) le pays renouera avec la croissance, l’emploi et le progrès… Il est temps de passer aux actes pour réduire les déficits et soutenir la croissance… »
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Martine Aubry n’a pas encore compris que la volonté de croissance nous mène droit dans le mur ! A croire que Martine Aubry n’a pas écouté les avertissements de Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet lors d’un colloque sur le pic pétrolier à l’Assemblée nationale, pourtant organisé par la branche écolo de son propre Parti ! Si Martine parle de construire des logements sociaux, pas un mot sur l’efficacité énergétique de cet habitat. En définitive, rien sur le blocage énergétique que va rencontrer prochainement la croissance économique. Ce n’est pas ainsi qu’un Parti dit de gouvernement nous prépare des lendemains qui chantent.
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Martine Aubry a bien lâché sa bombinette après Fukushima, « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire». (…). Il faut aller, ça va être 20 ou 30 ans (…) ». Mais, dans sa motion au Congrès de Reims (novembre 2008), elle écrivait le contraire : « S’agissant du nucléaire, le fonctionnement et le renouvellement de la filière, dans notre pays, doivent se faire. » Martine Aubry est à l’image de son parti, adepte d’une critique molle du capitalisme négligeant l’incompatibilité entre les forces de l’argent et celles de la nature. Dans l’affrontement capital/travail, le PS a oublié l’environnement et une donnée désormais vitale : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni éternelles. Menacé par l’activité humaine, l’état de la biosphère chamboule les axiomes. Mais le PS n’en a cure, il se tourne encore et toujours vers son passé.
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Martine Aubry continue de voir les événements par le petit bout de la lorgnette. Pour cette présidentiable strauss-kahnienne, il n’y a rien à dire sur les sujets qui vont bouleverser la planète, le pic pétrolier, la descente énergétique, la raréfaction des ressources… Martine Aubry préfère parler d’augmentation des crédits pour la culture, de mieux rémunérer les intermittents… ou de la victoire du LOSC (Lille Olympique Sporting Club) qui « donne une immense fierté à Lille, rejaillissant sur l’énergie de tous ». On cultive chaque électorat sans plan d’ensemble. Le PS s’acharne à produire des programmes affadis par une pseudo-concertation, gauchis par concession à son aile gauche, réécrits cent fois et jamais lus véritablement. Martine Aubry est à l’image de son parti : l’écologie continuera d’être sous-traitée puisqu’il existe un parti vert qui est là pour ça et avec lequel on négociera des accords de circonstance, qui ne seront pas suivis d’effet.
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Nous pouvons donc estimer que Martine Aubry ne va pas assez loin face à l’urgence écologique. Mais nous ne devons jamais oublier que Nicolas Sarkozy est le président des riches et qu’à ce titre, la détérioration de la planète ne peut que s’amplifier. N’oublions pas la soirée du Fouquet’s où, pour la première fois, une victoire à la présidentielle était fêtée par les figures du CAC 40. N’oublions pas que les niches fiscales représentent 75 milliards d’euros, les modalités particulière de calcul de l’impôt à l’avantage des riches 80 milliards, à comparer à un déficit public de 95 milliards. N’oublions pas que dans une société de plus en plus inégalitaire, les riches vivent entre eux et oublient le reste du monde. N’oublions pas, et votons aux élections pour le candidat le plus écolo et le plus égalitariste.
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Arnaud Montebourg, un Jaurès de l’écologie qui se limite à la démondialisation
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Arnaud Montebourg pourrait être le Jaurès de l’écologie ! Sa contribution au Congrès socialiste du Mans de 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel et son corollaire, la délocalisation systématique des facteurs de production. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé à moyen terme par l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier ». Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015 (la production journalière atteindre son maximum pour décroître ensuite). L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource. Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… »
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Fin août 2010, Arnaud Montebourg était, comme à son habitude, à Saint Ciers avec le pôle écologique du parti socialiste. Son discours était percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… Le Parti Socialiste fait une analyse de classe et exonère des responsabilités individuelles un certain nombre de personnes qui sont dominées dans la société. L’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles la question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance. La question politique porte sur le choix des secteurs… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. »
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Il est donc évident qu’Arnaud Montebourg est le seul des candidats aux primaires socialistes à avoir un discours incisif. Il a le courage que n’a pas eu Martine Aubry ,qui avait même refusé de demander des comptes à Jean-Noël Guérini dans l’espoir d’avoir le soutien des Bouches-du-Rhône ! Il a le mérite d’être le seul à proposer une nouvelle voie au socialisme, la démondialisation : « Le bilan de la dernière décennie de mondialisation est un désastre : délocalisation en série, destruction d’emplois et d’outils de travail, diminution des revenus du travail par la pression à la baisse. Si l’on voulait résumer les quinze années écoulées, il ne serait pas excessif de dire que la mondialisation a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud. Cette ouverture aux marchandises et aux capitaux est l’ennemi déclaré de l’économie locale, y compris au niveau alimentaire. »
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Avec la démondialisation, Arnaud Montebourg semble reprendre l’analyse de Walden Bello. Nuance, Walden Bello s’adressait d’abord aux pays du Sud ; il souhaitait une revitalisation de ce que l’on appelait dans les années 1960-1970 un développement autocentré et une politique de substitution aux importations. Nous sommes au plus près de ce qu’on appelle les communautés de résilience pour résister localement, grâce à une recherche de l’autonomie énergétique et alimentaire, aux jumeaux de l’hydrocarbure (le pic pétrolier et le réchauffement climatique). Il ne s’agit nullement d’un protectionnisme des riches. Mais Arnaud Montebourg s’intéresse plutôt à l’Europe et particulièrement au couple franco-allemand. Le but est de rester compétitif, pas de rechercher l’autonomie locale de chaque territoire particulier. Arnaud Montebourg s’était exprimé début mai 2011 devant des salariés de General Motors : « La démondialisation sera l’axe fort de son programme économique ». Mais, si on ne s’abuse, une démondialisation véritable ne peut que mettre au chômage les salariés de General Motors !
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Arnaud Montebourg adopte pour le moment une analyse passe-partout, présidentialisation exige. Il ne porte pas encore un grand projet pour une civilisation de l’après-pétrole, présidentialisation exige. Dans son discours liminaire à Frangy-en-Bresse le 21 août 2011, il n’y avait plus que deux occurrences sur l’écologie : « L’écologie n’est pas une expédition punitive, elle est un investissement productif qui rapproche les lieux de production et de consommation »… « Le visage de la Nouvelle France est celui d’un pays où l’on préfère l’investissement écologique plutôt que la destruction des ressources naturelles. » Pour un texte de dix pages, cela fait bien peu pour l’urgence écologique.
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Quant au nucléaire, le député de Saône-et-Loire n’a pas creusé la question puisque Areva est fortement implanté dans son département. Arnaud Montebourg avait d’ailleurs participé, en 2008, à une campagne de recrutement local du géant français du nucléaire ! Parmi les différents candidats à la primaire socialiste, il n’en reste pas moins qu’Arnaud Montebourg reste le plus proche des thèses écologistes puisque la démondialisation va nécessairement de pair avec la relocalisation.
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Cet article a été publié sur le blog Biosphère de Michel Sourrouille. Il n’engage que son auteur.