Theodore Roszak, la mort discrète du « père » du concept de contre-culture

A part un court papier dans Libération, la presse française (papier ou en ligne) ne s’est guère étendue sur le décès le 5 juillet dernier à Berkeley du philosophe Theodore Roszak.

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par Laurent Samuel

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Theodore Roszak est pourtant l’homme qui – rien que ça – a inventé le concept de contre-culture.

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Dans son livre fondateur The Making of A Counter Culture, paru en 1968 aux Etats-Unis (et traduit en français dès 1970 sous le titre Vers une Contre-culture), Theodore Roszak avait le premier à théoriser la convergence entre mouvement hippie, musique rock, écologie, féminisme, défense des minorités… Une convergence appuyée sur leur refus commun de la technocratie.

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The Making of A Counter Culture analysait les soubassements philosophiques de cette contre-culture alors en gestation, avec des chapitres consacrés à Herbert Marcuse, Allen Ginsberg, Norman Brown, Paul Goodman… Sans oublier Jacques Ellul, dont la critique radicale de la technique était alors plus connue outre-Atlantique que dans son propre pays, et dont j’entendis parler pour la première fois en lisant ce livre en 1970.

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A coup sûr, Theodore Roszak avait sous-estimé la capacité du système à récupérer cette contre-culture, vite devenu un argument publicitaire pour les multinationales du disque ou du vêtement.

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Quant à la « convergence » des mouvements sociaux, concept qui inspira les Amis de la Terre français des années 70, elle n’a jamais eu lieu…

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Mais The Making of A Counter Culture reste une référence, un « landmark » dans l’histoire de la pensée contemporaine et des racines intellectuelles du mouvement écologique.

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Alors, on regrette que la mort de son « père », auteur aussi de plusieurs romans remarqués comme La Conspiration des ténèbres, soit à ce point passée inaperçue en France !

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Cet article a été publié sur le Blog Planète de Laurent Samuel et sur le site le Plus du Nouvel Observateur.