Jean Carlier n’avait pas peur d’avoir raison contre tout le monde.
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par Catherine et Bernard Desjeux
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En évoquant Jean Carlier, je ne sais pas si je dois pleurer ou sourire, il n’aurait pas aimé que l’on soit triste. Jean était vraiment un cas et c’est pour ça qu’avec Catherine une solide amitié nous liait à lui et sa famille. Un cas comme on les aime : fait comme tout le monde mais qui ne ressemble à personne. Une formation d’instituteur, à l’époque des hussards de la république dont il était très fier, je crois même qu’il était sorti premier, dessinateur au Populaire puis à Combat après la guerre. Un marginal, président de plein de trucs, un journaliste indépendant, directeur de l’information de RTL mais qui se fait pousser dehors pour ces idées saugrenues d’écologie, un solitaire qui participe à la fondation de l’association des JNE. « Journalistes et écrivains avec un trait d’union ».
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Il n’a pas peur d’avoir raison contre tout le monde et il aura de belles récompenses dans ces luttes : le tabac, l’essence sans plomb… Il était doué d’une force vitale à déplacer des montagnes : « je sais de quoi je parle, disait-il ! ». S’en suit tout un déroulé d’arguments puisés sur le terrain, auprès d’interviews et d’une riche documentation. Il a le verbe facile plus que l’écrit et ces interventions dans les débats sont homériques. Grand raconteur d’histoire dont nous ne nous lassions pas : la rencontre avec Brassens chez Patachou, ces interviews de Chirac jeune politique aux dents longues, sa signature de Léon Blum que le Populaire offrait à chaque abonné, un jour c’est Léon Blum lui même qui lui a demandé sa signature, les fins de soirée avec Boris Vian, ses visites en Chine avant qu’elle ne s’éveille, etc.
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Reste une belle amitié avec Jeanne Charlotte et les enfants.
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Salut Jean, merci pour tout.
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