Terre Sauvage n° 270


Le nouveau Terre Sauvage est arrivé hélas, il faut le dire, le magazine est de moins en moins sauvage et de plus en plus, en séduction… non pas du lectorat mais des annonceurs. Les nouvelles rubriques, « jardin », « cuisine » et « bien être » sont totalement conso et pourraient tout aussi bien être dans un « féminin ». Autre tendance hérissante : la pipolisation. A-t-on vraiment besoin de découvrir le marais poitevin avec Jean-Louis Foulquier ? J’ai beaucoup d’estime pour ce monsieur et sa passion de la chanson mais côté nature, ses commentaires sont plutôt désopilants. D’ailleurs, dans ce sujet, on ne nous épargne aucun cliché, « la Venise Verte », les « bayous du Poitou », etc. On nous promet pour le prochain numéro la découverte des gorges de la Loire avec deux footballeurs, Patrick Revelli et Loïc Perrin. Aïe ! Par contre, les randos en formule  guide détachable est une excellente initiative.

Le « Voyage » a perdu son qualificatif « nature ». Consacré à Mayotte, ce sujet intitulé «L’île-lagon aux senteurs d’ylang-ylang », un programme sable blanc et doigts de pied en éventail en quelque sorte, pourrait lui aussi être dans n’importe quel magazine. Parmi les nouvelles rubriques, notons encore, une double « questions/réponses » empruntée à Ça m’intéresse sensée répondre aux questions des lecteurs et une double « Action » qui pourrait bien être empruntée à La Salamandre. L’entretien (avec le philosophe Alain Leygonie dans ce numéro) est heureusement maintenu dans une rubrique nommée « Idée » qui remplace « le grand témoin ».

Bon, le premier numéro d’une nouvelle formule, souvent trop peaufiné, n’est pas forcément le meilleur. Mais les indices ne sont pas prometteurs. Même la base line est à la baisse : « Un autre regard sur la nature » est devenu « Vive la nature ! ». Jean-Jacques Fresko, le rédacteur en chef qui n’écrit plus un édito mais un post-scriptum nous dit « nous avons voulu vous rendre la nature encore plus proche, plus humaine » . Et voilà le mot est jeté ! La nature se doit d’être humaine, bien domptée. « Pas réservée aux naturalistes (…) pas confisquée par quelques initiés sentencieux », poursuit Fresko. No more comment.
(Danièle Boone)

Terre Sauvage, 5,50 € – www.terre-sauvage.com