La crise nucléaire

Depuis très longtemps, les associations de protection de la nature, telles que la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la NAture), manifestent leur opposition à l’usage de l’énergie nucléaire qui présente un risque technologique majeur, qui renvoie la note du démantèlement des installations après leur fermeture et le traitement de déchets dangereux pendant des milliers d’années aux générations futures.

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par Jean-François Noblet

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L’association Le Pic vert a souhaité réfléchir aux questions extrêmement graves soulevées par la catastrophe japonaise et il nous paraît fondamental que chacun fasse de même dans un esprit responsable et dans la plus grande compassion pour les humains qui sont actuellement confrontés à des difficultés dont la gravité était jusque là inimaginable.

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Nous devons admettre les points suivants qui sont incontestables :

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– Le danger de l’usage de l’énergie nucléaire est confirmé. Il apparaît cependant clairement que nous avons surestimé nos capacités techniques à maîtriser ce danger et que le contrôle de cette technologie peut nous échapper.

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– Dans ces conditions, les anciens discours des technocrates et des élus favorables au nucléaire apparaissent, au minimum, comme une erreur manifeste d’appréciation et dans certains cas une volonté de tromper les citoyens. Les déclarations rassurantes de M. Besson, ministre de l’Energie, au début de la crise japonaise ou celle du président de la République sur le nucléaire « énergie propre » ne doivent pas échapper à une critique sévère.

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– Il est criminel pour un pouvoir politique de confier sa production d’énergie nucléaire à des intérêts privés dont la seule préoccupation sera d’optimiser les profits et de minimiser les coûts et donc la sécurité. La société japonaise TEPCO ayant déjà été coupable d’avoir caché des incidents graves.

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– Il est également démontré que les capacités humaines, intellectuelles, morales et techniques ne sont actuellement pas à la hauteur des enjeux. Chacun peut, en effet, s’étonner que des technocrates si sûrs d’eux n’aient jamais pensé qu’un tsunami puisse suivre un tremblement de terre ou qu’un avion de ligne puisse s’écraser sur un réacteur. Il faut également se rappeler que la grande majorité des 700 incidents relevés dans les centrales nucléaires françaises sont dus à des erreurs humaines.

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– Dans ces conditions, nous considérons qu’il est compréhensible, même si nous le jugeons inadmissible, que ces mêmes technocrates dépassés ou les entreprises responsables de la gestion des installations soient tentés, voire forcés, de cacher aux citoyens la réalité des faits, de minimiser les risques et de rejeter leur responsabilité à « c’est la faute à pas de chance ». De même, nous refusons l’argument généralement utilisé de la complexité technique pour écarter les citoyens dans les choix qui les engagent.

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– Il nous paraît inadmissible de restreindre les conséquences de la catastrophe japonaise à ce pays et uniquement à l’espèce humaine. Tout un écosystème terrestre et marin sera atteint bien au-delà des frontières du Japon. Cette biodiversité est un patrimoine commun de l’humanité.

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– Cette catastrophe doit absolument remettre en cause de manière fondamentale l’usage de technologies présentant un risque important, dont l’usage dépasse nos capacités intellectuelles et éthiques et qui se mettent en place sans une concertation démocratique poussée, uniquement motivé par l’appât du gain à court terme. Nous citerons les OGM, les nanotechnologies, les pesticides, les biotechnologies.

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– Nous mesurons pleinement les conséquences du programme nucléaire français que le gouvernement français a mis en place et qu’il tente de vendre en Libye ou en Chine. Nous savons qu’il ne sera pas possible d’arrêter les centrales dans un délai court, mais il nous paraît vital d’engager immédiatement une autre politique énergétique plus sûre, plus économe.

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Il nous paraît également que le temps de la sobriété et du dialogue démocratique est arrivé afin de nous réapprendre une certaine sagesse.

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